Une fois n?est pas coutume, l'eau a occupé cette année une place de choix au forum de Davos. De nombreux experts se sont penchés sur la problématique des ressources en eau. Pour souligner la gravité de la situation.
Contrairement à ce que l'on pouvait craindre, la crise économique et financière n?a pas mobilisé tous les esprits et pour la première fois, le monde économique réuni à Davos s'est intéressé à l'état des ressources en eau de la planète. Le constat, matérialisé sous la forme d'un rapport de 68 pages, se veut plutôt alarmant : « Nous ne pouvons pas continuer à gérer l'eau comme nous l'avons fait par le passé, sans quoi c'est l'économie toute entière qui risque de s'effondrer », peut-on lire dans ce document. « La rareté de l'eau aura des conséquences sur la croissance économique, la sécurité, l'environnement et donc la stabilité géopolitique ».
L?état des ressources en eau dans les différentes parties du globe sont passées en revue notamment celles dans lesquelles la situation est la plus critique comme la Chine, l'Inde ou le Moyen-Orient tout comme les atteintes causés aux écosystèmes du fait d'une surexploitation incontrôlés : disparition des zones humides, assèchement de fleuves, pollution de nappes d'eau etc. « Si l'écosystème était une entreprise, notre politique reviendrait à liquider tous les stocks », a indiqué Jonathan Lash, président de l'Institut des ressources mondiales (USA).
Au total, un constat très alarmiste sur la situation actuelle et bien peu optimiste quant aux perspectives futures : Alors que 70 % de l'eau douce est déjà mobilisée par le secteur agricole, un doublement de la production alimentaire sera nécessaire dans les quarante prochaines années pour répondre à l'évolution démographique mondiale. Une évolution rapide vers des techniques d'irrigation moins gourmandes en eau parait indispensable pour faire face à l'évolution de la demande et produire plus avec moins d'eau.
D?autres pistes sont également passées en revue comme par exemple le dessalement, le développement de transferts d'eau au niveau régional et de coopérations transfrontalières ou encore les échanges d'eau virtuelle. Pour les auteurs de ce rapport cependant, la constitution d'un marché des droits d'usage de l'eau entraînerait une meilleure utilisation des ressources.
En tout état de cause selon ce rapport, les entreprises seront de plus en plus souvent amenées à prendre en compte la rareté de l'eau, les pays riches en eau devenant à terme plus attractifs pour les investissements. Et pour le World Economic Forum, le secteur de l'eau deviendra, d'ici 20 ans, très attractif en matière d'investissements, encore plus que le pétrole.
De passage à Davos, le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-Moon enfoncé le clou en soulignant les risques que les pénuries d'eau dans plusieurs régions du monde faisaient peser sur la santé, la paix et au total, la croissance économique. « A mesure que l'économie mondiale croît, sa soif croîtra aussi. Beaucoup de nouveaux conflits se profilent à l'horizon», a souligné le secrétaire général de l'ONU. Selon lui, la sécheresse qui sévit depuis une douzaine d'années au Soudan est en grande partie responsable du conflit du Darfour.
« Les ressources en eau sont en train de s'épuiser », a affirmé Ban Ki-moon. « Il faut s'adapter à cette nouvelle réalité, comme aux changements climatiques (?). Il y aura assez d'eau pour tous, mais seulement si nous pouvons préserver sa qualité, l'exploiter de façon plus raisonnable et la partager de façon plus équitable », a conclu le secrétaire général des Nations-Unies.
Pour télécharger le rapport du World Economic Forum (en anglais), cliquez ici