Sous l’effet de la pandémie, l’accès à des services d’assainissement efficients s’impose bien souvent comme une urgence. Loin de faire sourire, la journée mondiale des toilettes, instaurée chaque 19 novembre depuis 2013, rappelle que 3,6 milliards de personnes ne disposent pas d’installations convenables d’hygiène et d’assainissement.
« Si quelques membres d’une communauté n’ont pas de toilettes sûres, la santé de tous est menacée, rappelle ONU-Eau – le mécanisme de coordination des Nations Unies pour l’eau et l’assainissement. Faute d’assainissement, les sources d’eau potable, les rivières, les plages et les cultures vivrières sont contaminées et des maladies mortelles se propagent dans la population. Au moins 2 milliards de personnes dans le monde boivent de l’eau provenant d’une source contaminée par des matières fécales. Chaque jour, au-delà de 700 enfants de moins de cinq ans meurent de diarrhées dues à de l’eau insalubre, des services sanitaires insuffisants et une mauvaise hygiène ».
La situation très critique, désormais connue de tous, rend nécessaire l’interpellation des gouvernements, experts, professionnels et citoyens sur les conséquences dévastatrices pour la santé, l’économie et l’environnement, au sein notamment des populations les plus marginalisées. A l'échelle du globe, 48% des eaux usées résultant des activités humaines retournent vers les écosystèmes sans avoir été traitées.
Ces chiffres démontrent aussi qu’il ne suffit pas de proclamer l’objectif de développement durable n°6 (Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau) à 2030 pour l’atteindre. Il est urgent de s’interroger sur le sous-financement chronique, la piètre gestion et le désintérêt qui prévalent dans de nombreuses régions avec leur cortège de menaces sur la santé humaine et sur la pollution de l’environnement !
A ce titre, ONU-Eau, qui insiste à juste titre sur l’importance des toilettes et des systèmes d’assainissement, rappelle que chaque dollar investi dans des équipements sanitaires élémentaires rapporte jusqu’à cinq dollars, grâce au recul des maladies et aux gains de productivité associés. Sans cette conversion, c’est la collectivité tout entière qui s'en trouvera gravement menacée.
Force est de constater que nous sommes loin d’être sur la bonne voie pour y parvenir, ce qui justifie amplement cette campagne de sensibilisation.
Et ce désintérêt n’est pas imputable à la COP26, qui accouche, une fois de plus, d'engagements sans ambition ni consistance, ce qui n’incite pas à l’optimisme.
A l’heure du grand rendez-vous autour de la lutte contre le réchauffement climatique, alors que les dirigeants de la coalition Eau et Climat, présents à Glasgow, ont lancé un appel urgent pour débloquer des moyens substantiels et pérennes, il est regrettable que l’eau, ce connecteur climatique, soit restée la grande absente du défi climatique et que l’Union européenne ait manqué d'ambitions et de solidarités.
La présidence française du Conseil des ministres de l’Union européenne pendant six mois par Emmanuel Macron permettra-t-elle de faire évoluer la relation étroite et réciproque qui existe entre l’eau et le climat en apportant les réponses et en mettant en œuvre les outils qui sont attendus depuis longtemps par les acteurs de l’eau ?
Souhaitons-le car seules l’innovation dans les domaines de la maîtrise du cycle de l’eau et de l’adaptation au changement climatique et la confrontation des idées et des stratégies permettront de faire face à l’aggravation de la crise climatique et environnementale tout en construisant un avenir durable, équitable, prospère et sûr.
Pascale Meeschaert