Accès à l'eau : les pouvoirs locaux appelé à jouer un rôle clé Quels enseignements tirer du 4ème Forum mondial de l'eau qui s'est tenu à Mexico du 16 au 22 mars dernier ? Durant 7 jours, plus de 13.000 participants représentants 130 pays, des experts, des représentants de collectivités locales, de gouvernements, d'institutions internationales, d'ONG et des professionnels se sont rassemblés pour faire le point sur les grands défis liés à l'eau. La situation, très critique, est désormais connue de tous : 1,3 milliards d'être humains n?ont pas accès à l'eau potable, 2,6 milliards ne sont reliés à aucun système d'assainissement et 8 millions d'individus meurent chaque année de maladies d'origine hydrique. Encore n?est-ce là que la partie la plus visible d'une situation explosive : de 6 milliards en 2000, la population passera à 8 milliards en 2025 ce qui pourrait diminuer d'un tiers la quantité moyenne d'eau douce disponible par habitant et par an? Pour inverser la tendance, les objectifs du millénaire définis par les Nations Unies en 2002 prévoient de diviser par deux d'ici 2015 le nombre de personnes privées d'un accès à l'eau potable ou à l'assainissement. Mais globalement, les progrès enregistrés sont faibles dans le domaine de l'eau potable et quasi nuls dans le domaine de l'assainissement. En cause, une gouvernance inadaptée, une corruption omniprésente et des financements homéopathiques : de 15 à 16 milliards de dollars par an quand il en faudrait plus de 120. Le constat est donc sans appel. Pour y remédier, le Conseil mondial de l'eau a plaidé pour faire de l'eau un droit universel. La question, bien que discutée au cours du forum - une avancée indéniable, lorsque l'on sait les controverses que suscitait sa simple évocation il y a quelques années ? ne figure pas dans la déclaration ministérielle de clôture. Pourtant, les lignes ont bougé et le débat n?est plus de se positionner pour ou contre le droit à l'eau. Il s'agit d'un droit humain fondamental que plus personne ou presque ne conteste. Cela étant, il ne suffit pas de proclamer un droit pour qu'il existe ! D?autant que derrière ce concept, les interprétations divergent. Pour certains, l'eau est un droit, pas une marchandise, son prix n?existe pas et le service de l'eau ne peut pas être l'affaire de « marchands ». Pour d'autres, le service de l'eau à un cout, le droit à l'eau en a donc un aussi et pour qu'il soit autre chose qu'une notion virtuelle, il faut qu'il soit pris en charge par quelqu'un. Au-delà des débats convenus et des traditionnelles incantations, c'est autour de la définition de ce droit, de son cadre juridique, de son contenu et de ses conditions de mises en ?uvre que devraient s'articuler les débats dans les années à venir : qui assumera la responsabilité effective de sa mise en ?uvre ? Par qui le faire financer : l'usager, le contribuable, la solidarité internationale ? Quel sera le rôle de chacun du niveau local au niveau international dans son application ? etc' Des questions d'autant plus délicates qu'il ne peut à l'évidence pas être établi de modèle universel : chaque situation est différente et demande une réponse adaptée qui tient compte des réalités locales mais aussi économiques, sociales, culturelles et environnementales. Dans ce contexte, les pouvoirs locaux seront amenés à jouer un rôle croissant et la reconnaissance dans la déclaration finale du 4ème Forum mondial de l'eau, de leur rôle clé pour développer l'accès à l'eau et à l'assainissement est de bonne augure pour concrétiser ce droit sur le terrain sans attendre sa reconnaissance par la communauté internationale.