Dix ans après la reconnaissance explicite de l’eau potable et l’assainissement en tant que droits humains par l’Assemblée générale des Nations Unies, l'Union européenne a adopté une directive sur l’eau potable (N°2020/2184) qui a notamment pour objet de « garantir l’accès à l’eau destinée à la consommation humaine pour les groupes vulnérables et marginalisés ».
En France, le nombre de personnes concernées pourrait atteindre plus d’un million de personnes branchées à la distribution d’eau potable, auxquelles il convient de rajouter près de 250 000 personnes qui ne sont pas raccordées, écrit Henri Smet, membre de l’Académie de l’eau dans sa note Rendre l’eau abordable pour les personnes démunies, publiée en décembre sur le site de l’Académie.
La mise en œuvre effective du droit à l’eau constitue une avancée indéniable pour les plus démunis,même s’il s’agit d’un droit fondamental que plus personne ne conteste.
Derrière ce concept, les collectivités territoriales seront amenées à jouer un rôle croissant sur le terrain en assumant la responsabilité effective de sa mise en œuvre. D’ici 2023, elles devront, de fait, identifier les personnes vulnérables et marginalisées et s’assurer que dans leurs zones de compétences, toutes les personnes démunies bénéficient de tarifications sociales adaptées.
Ainsi, il s’agit d’une occasion privilégiée pour tous les acteurs de l’eau de donner l’exemple. De se concentrer moins sur les contrats de gestion mais davantage sur le renforcement de l’efficacité et l’efficience des services sur les territoires.
Intitulé « Défendre l’eau », le projet de transformation de l’activité Eau France de Saur, entend agir avec ampleur et avec efficacité pour apporter un service accru assorti de la transparence des opérations. L’atteinte d’un tel objectif passe par une action vigoureuse en matière de personnalisation. « L'efficacité de notre démarche passe tant par la détermination d’un binôme avec les collectivités que par la construction d’une architecture solide pour ré-instaurer une proximité qui s'est dissipée ces dernières années, relate Patrick Blethon, son président exécutif dans l’interview à lire dans les pages suivantes. L’essentiel de notre valeur ajoutée résidant dans le sur-mesure, ceci se traduit par un maillage territorial des métiers de l’exploitation autour d’une quinzaine de Homes CPO au sein desquels l’organisation en co-fonctionnement sera axée sur les besoins des exploitants et des usagers et s’appuiera sur la digitalisation ».
L’émergence d’une nouvelle génération de services publics de l’eau qui tient compte des réalités locales, au niveau de l’acceptabilité du prix de l’eau, de l’équité sociale et qui recueille le soutien des usagers, doit constituer une réponse adaptée aux collectivités.
En octobre dernier, Loic Darcel, président d’Aqualter prônait déjà le rôle essentiel de nouveaux modèles d’exploitation partagée dans l’amélioration des contrats de service public.
Sur le terrain, de nombreuses régies ont d’ores et déjà jeté les bases à la fois administratives, techniques et financières d’un nouveau genre de services locaux de l’environnement qui préfigurent ce que pourrait être une forme future de coopération.