Présentée en Conseil des ministres en juin 2013, la stratégie nationale de gestion des risques d'inondation a plusieurs objectifs : renforcer la sécurité des personnes exposées, stabiliser sur le court terme et réduire à moyen terme le coût des dommages liés aux inondations, et raccourcir le délai de retour à la normale des territoires sinistrés.
Après la tempête Xynthia et les inondations du Var en 2010, la France a du faire face début 2014 à une succession d'intempéries et d'inondations peu commune. Combinées aux forts coefficients de marées, ces tempêtes ont provoqué de nombreux dégâts y compris sur les structures de protection du littoral : digues, murets, cordons dunaires'
Ces aléas climatiques sont d'autant plus inquiétants que les prévisions montrent une augmentation globale de la fréquence et de l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes. Or, la France est très exposée aux risques inondations dont on sait qu'ils peuvent mettre en péril du jour au lendemain l'économie de tout un territoire. La Commission européenne s'est mobilisée assez tôt en adoptant en 2007 la directive dite «inondations».
Ce texte fixe un cadre qui permet aux territoires exposés à ce risque d'en réduire la portée pour la santé, l'environnement, le patrimoine et l'activité économique. La France a choisi d'encadrer la mise en ?uvre de cette directive par une stratégie nationale de gestion des risques d'inondation (SNGRI) destinée à assurer la cohérence des actions menées en la matière. Cette stratégie comporte trois volets.
Mieux évaluer les risques d'inondations
Première étape de la SNGRI, l'évaluation des risques qui a pour but de réaliser un état des lieux précis de l'exposition aux inondations. Cette évaluation permet de recenser l'impact des inondations historiques au travers de quelques évènements représentatifs et d'évaluer leur exposition actuelle : pour ceci, les enjeux présents (population, emplois, bâti...) sont approchés des évènements extrêmes pour être comptabilisés et cartographiés.
La première évaluation s'est achevée en décembre 2011 et sera révisée d'ici décembre 2018. Elle évalue à 17 millions le nombre d'habitants exposés à un risque d'inondation. Rappelons que les précédentes évaluations estimaient à 8 millions le nombre d'habitants exposés. Mais elles n?étaient basées que sur les cours d'eau principaux et ne prenaient en compte que les événements moyens (centennaux).
Par ailleurs, plus de 850 000 emplois seraient aujourd'hui exposés aux submersions marines. En les ajoutant aux 9 millions d'emplois exposés aux débordements de cours d'eau, c'est donc près d'un emploi sur trois qui pourrait être directement touché par une inondation?
Identifier les territoires à risque pour réduire les coûts
La deuxième étape de la stratégie consiste à identifier les territoires à risque d'inondation important sur lesquels la France s'engagera prioritairement à mener des actions de gestion des inondations. Ces territoires correspondent aux zones dans lesquelles les enjeux potentiellement exposés aux inondations (notamment les enjeux humains et économiques) sont les plus importants.
Sur la base de l'évaluation préliminaire, une cartographie des surfaces inondables et des risques d'inondation sera réalisée. Elle fera figurer trois scénarios : une inondation fréquente, une inondation moyenne (de période de retour supérieure à 100 ans) et une inondation extrême.
L?identification des territoires à risque important d'inondation (TRI) a été achevée 2012 : 122 territoires ont ainsi été identifiés (en métropole et dans les DOM), une cartographie fine des risques selon trois types d'aléas (fréquent, moyen, extrême) est en cours et doit s'achever dans les prochains mois. Cette cartographie a pour but de permettre d'améliorer et d'homogénéiser la connaissance du risque sur les secteurs les plus exposés.
Réaliser des plans de gestion pour réduire les risques
Troisième étape de la stratégie, les plans de gestion des risques d'inondations (PGRI). Ils visent à réduire le risque à l'échelle du district hydrographique sous l'autorité du préfet coordinateur de bassin. Basés sur la prévention, la protection et la préparation aux situations de crise, ils doivent être élaborés au plus tard fin 2015. Le PGRI arrête les priorités de gestion, spécifiques à chaque grand bassin, les plus à même d'atteindre les grands objectifs de la stratégie nationale.
Enfin, les territoires d'inondations importants identifiés en 2012 devront faire l'objet de stratégies locales de gestion des risques d'inondations (SLGRI) à l'automne 2014. Elles devront décliner localement les objectifs fixés par le PGRI. Les plans d'actions issus de ces stratégies seront déclinés de manière opérationnelle au sein de chaque Programmes d'Actions de Prévention des Inondations (PAPI). Ils pourront bénéficier d'un soutien financier, notamment via le fonds de prévention des risques naturels majeurs, par une contractualisation avec l'État.
Les plans de gestion du risque inondation et les stratégies locales devront être mis à jour tous les six ans, dans un cycle d'amélioration continue.
Une boite à outils complète donc, mais qui ne doit pas faire oublier que la meilleure des politiques de prévention passera toujours par un contrôle plus rigoureux de l'urbanisation dans les zones inondables'