Plastic-Rhône est le premier projet de recherche pluridisciplinaire portant sur la pollution plastique des fleuves. Conduit par Plastic@Sea, soutenu par le CNR et l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, il s’appuie sur les expertises du bureau d’études Tenum, du CNRS, des trois laboratoires universitaires IMRCP, CEFREM et LOMIC…et sur le grand public.
Les lacunes dans la gestion de déchets plastiques vont
marquer durablement notre planète ; le plastique étant désormais considéré
comme le grand marqueur de l’ère géologique de l’Anthropocène. Dans nos océans
et mers, les prévisions actuelles estiment que la masse de plastique deviendra équivalente
à la quantité de poissons d’ici 2050. En Méditerranée, on prévoit que la concentration
de plastique augmentera de 8% d’ici 2030, alors que les concentrations de
micro-plastiques y sont déjà très élevées. Cette situation met en danger les
écosystèmes marins et la santé des populations.
Outre la réduction de l’usage des plastiques et des rejets directs par les activités maritimes, une des solutions pour lutter contre la pollution par le plastique dans les océans viendra des fleuves puisque la collecte des déchets en mer est complexe, voire impossible. La fondation Tara Océan et de nombreux scientifiques promeuvent des actions à terre, notamment sur le continuum terre-mer avant le déversement des déchets en mer. L’expédition de la fondation Tara Océan « Micro-plastiques 2019 » réalisée sur neuf grands fleuves européens, dont le Rhône, a permis de montrer que 100% des fleuves sont pollués par les plastiques, que la majorité des plastiques retrouvés est déjà sous forme de micro- plastiques impossibles à collecter et que les micro-plastiques sont de véritables « éponges à polluants » avec un effet délétère sur la faune des grands fleuves et des océans.
De ce constat est né un partenariat en 2019 entre la Fondation
Tara Océan et le concessionnaire du Rhône CNR, animés par des objectifs communs
de sensibilisation et d’amélioration des connaissances scientifiques sur la pollution
plastique pour la préservation de l’environnement et de la biodiversité
aquatique et marine. Le projet Plastic-Rhône s’inscrit dans le prolongement de
ce partenariat pour amplifier et pérenniser les engagements de lutte contre la
pollution plastique.
1. Réaliser le premier suivi spatio-temporel de la
pollution plastique (macro-, micro- et nanoplastiques) sur cinq points
stratégiques le long du Rhône :
Pour les macro-plastiques, environ 100 copies identiques d’objets en
plastique récoltés lors d’une opération de nettoyage seront positionnés en cinq
points stratégiques du fleuve. L’évolution des positions GPS de ces objets sera
suivie en temps réel sur un serveur distant pour tous les objets connectés. Des
prélèvements de macro-déchets seront également effectués sur les berges du Rhône,
selon des protocoles établis au niveau européen. Pour les micro- et nano-plastiques,
ils seront analysés dans l’eau du fleuve à partir d’embarcations légères. Les dates
de prélèvements seront choisies en concertation avec les équipes de CNR et de l’Agence
de l’eau à partir de l’expérience et des mesures de terrain déjà capitalisées sur
le fleuve.
2. Comprendre la fragmentation des macro-plastiques en
micro- et nano-plastiques dans le continuum fleuve- mer :
Des débris de plastique de différentes tailles (grands et petits micro-plastiques)
et à différents degrés de vieillissement seront disposés dans des nasses le
long du gradient de salinité fleuve-mer. Leur degré de fragmentation sera suivi
à des temps réguliers pendant 2 ans pour comprendre l’évolution de leur état en
fonction des variations saisonnières et annuelles
3. Estimer des flux de macro-, micro- et nano plastiques du fleuve Rhône vers la mer :
La prise en compte des données de terrain et surtout de leur variabilité avec les différents débits du fleuve ambitionne de contribuer à la calibration de modèles théoriques, mais aussi de mieux prédire les flux de plastiques tout au long de l’année, et particulièrement durant des évènements de crues.
L’idée du projet derrière étant d’intégrer pleinement la communauté scientifique locale, et de transmettre
les enseignements scientifiques au grand public et aux institutionnels locaux.