Aquasim, le nouvel équipement du CSTB dédié à la recherche et à l'innovation en faveur d'une gestion durable de l'eau au sein du système bâtiment-parcelle-environnement a été inauguré à Nantes le 17 septembre dernier. Cet équipement, unique en Europe, réponds à des enjeux sanitaires, environnementaux et de soutien à l'innovation et à la Recherche & Développement. Il symbolise également l'implication croissante du CSTB dans le domaine de l'eau.
Établissement public au service de l'innovation dans le bâtiment, le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) exerce quatre activités clés : la recherche, l'expertise, l'évaluation, et la diffusion des connaissances, organisées pour répondre aux enjeux de développement durable dans le monde du bâtiment en cohérence avec les conclusions du Grenelle de l'Environnement. Son champ de compétences est très large puisqu'il couvre tout à la fois les produits de construction, les bâtiments et leur intégration dans les quartiers et les villes.
Symbole de l'implication croissante du CSTB dans le domaine de l'eau, la nouvelle plateforme Aquasim regroupe les équipements, les recherches et les évaluations des centres de Nantes, Grenoble et Marne-la-Vallée au sein d'un vaste hall de plus de 2.000 m² entouré de parcelles extérieures d'une surface de 5.000 m². Cet équipement (9,4 M? d'investissements), unique en Europe, travaille à l'échelle 1 et peut simuler de façon réaliste et accélérée, le cycle de l'eau au sein du système bâtiment-parcelle-environnement.
Car pour mettre en place une gestion durable de l'eau dans le bâtiment, il faut tenir compte du bâtiment en lui même, mais aussi de la parcelle sur laquelle il se situe et de son environnement avoisinant. D?où le système interactif bâtiment-parcelle-environnement. Dans ce cadre, et par le biais de différentes typologies d'ouvrages, Aquasim s'intéresse à trois types de flux : ceux entrant dans le bâtiment (eau potable) ceux sortant du bâtiment (eaux usées) et ceux traversant la parcelle (eaux pluviales). Un champ de recherches et d'expérimentations très vaste qui permet au CSTB de travailler sur l'ensemble de la filière eau.
« La gestion du cycle de l'eau dans le bâtiment et sa parcelle est pour nous un domaine scientifique et technique prioritaire qui renvoie a des enjeux environnementaux et sanitaires majeurs, a indiqué Bertrand Delcambre, président du CSTB. Les perspectives de progrès dans le domaine eau et bâtiment sont nombreuses pour la construction mais aussi autour du bâtiment aux échelles du quartier et de l'urbain. Le CSTB souhaite apporter aux collectivités locales et aux opérateurs urbains des méthodes et des outils pour un développement durable de leur patrimoine ».
Une dizaine de programmes et d'expérimentations sont déjà lancés. En matière de récupération d'énergie des eaux grises, un banc d'essai spécifique a par exemple été développé avec la société Solenove Energie
pour mener des expérimentations sur le potentiel de récupération des calories des eaux grises issues des douches en partenariat. Ce banc est instrumenté de manière à permettre la réalisation de bilans matières (consommations d'eau froide et d'eau chaude sanitaire) sur une douche témoin et une douche équipée d'un dispositif de récupération de calories.
Autre exemple, une étude est actuellement menée avec Anjou Recherche et l'Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Rennes (ENSCR) sur le goût de l'eau potable. Il s'agit, en menant les recherches à l'échelle du bâtiment et non plus à celle du laboratoire, d'identifier les facteurs du réseau qui vont dégrader la qualité organoleptique de l'eau au robinet du consommateur. Les travaux sont donc basés d'une part sur la caractérisation physicochimique des eaux ayant transité dans un réseau intérieur aux caractéristiques particulières (type de matériau, temps de séjour?), et d'autre part, par des analyses sensorielles permettant de décrire la qualité organoleptique de ces eaux.
L?approche statistique des résultats obtenus sur un banc d'essais à échelle 1 de réseaux d'eau de type individuel et collectif doit permettre de dégager l'impact des paramètres de conception et d'exploitation des réseaux d'eau froide sanitaire sur l'apparition de goûts et odeurs de l'eau.
En assainissement non collectif, une autre expérimentation est menée en partenariat avec le canadien Bionest sur une plateforme permettant une approche à échelle 1 en conditions réelles ou contrôlées. Destinée à la recherche et à l'évaluation (Avis Technique, marquage CE?), Aquasim permet en un même lieu de reproduire les conditions hydrodynamiques rencontrées en sortie d'habitation, d'évaluer les performances épuratoires en conditions normales ou sollicitantes des systèmes d'épuration et de déterminer les conditions d'infiltration des eaux usées traitées, en fonction de la nature des sols.
Un autre programme de recherche, mené pour le compte du département de l'Hérault, vise à explorer le potentiel d'utilisation de l'eau de pluie à l'échelle du département'
Toutes ces expérimentations doivent contribuer à faire émerger de nouvelles innovations, à promouvoir une gestion durable de l'eau dans le bâtiment en cohérence avec la ville et le bassin-versant, mais aussi à faire du CSTB un acteur incontournable du domaine de l'eau. Pour Bertrand Delcambre, « Avec un laboratoire tel qu'Aquasim, le CSTB souhaite désormais construire et partager avec l'ensemble des parties prenantes des filières de l'eau les réponses aux grands enjeux du cycle de l'eau dans le bâtiment et sur sa parcelle ».