Initialement, les grandes lignes du plan de relance des investissements et de lutte contre les fuites devaient être rendues publiques le 17 juillet dernier. Mais la restitution relative au premier volet des assises de l’eau consacrées au petit cycle de l’eau avait été reportée à la rentrée. Elle a finalement eu lieu à Saint-Michel-de-Chaillol, ce 29 août, en présence d’Edouard Philippe, Premier Ministre, et de Sébastien Lecornu, Secrétaire d’Etat. Les mesures annoncées doivent permettre de diviser par deux la durée du cycle de renouvellement des réseaux.
Comme prévu, le Premier ministre a annoncé un certain nombre
de mesures destinées à relancer l’investissement, notamment le renouvellement
des réseaux d’eau potable et d’assainissement.
De nouvelles obligations de publication des résultats des services
d’eau et d’assainissement seront instaurées, 50% des collectivités ne renseignant
pas, à l’heure actuelle, l’outil d’information sur leur service d’eau et
d’assainissement. Les agences de l’eau offriront une aide qui couvrira, dans
certains cas, jusqu’à 50% du coût du diagnostic.
Par ailleurs, les conditions d’accès à l’emprunt des
collectivités seront améliorées. La Caisse des Dépôts sera mobilisée pour proposer,
aux côtés des banques privées, des prêts dont la maturité longue est adaptée à
ce type de projets. C’est-à-dire jusqu’à 60 ans, à des taux attractifs, qui
pourront représenter 2 Md€ sur 5 ans. Pour
faciliter l’accès aux financements, la Caisse des Dépôts et les agences pourront
se coordonner pour proposer aux collectivités des offres financières combinant
prêts à maturité longue et subventions.
Pour favoriser la solidarité territoriale, les agences
seront invitées à réserver « en grande partie » leurs subventions aux
zones les moins favorisées, notamment les zones rurales. « Des zones dont on sait qu’elles n’auront pas
les moyens de faire face au « mur » - non d’eau mais d’investissement – qui se
profile » a précisé Edouard Philippe. Elles consacreront 2 mds d’euros
d’aides sur la période 2019-2024 au renouvellement des réseaux de ces zones les
moins favorisées. Avec des taux d’aides qui pourront s’élever jusqu’à 70%. « Pour
financer cet effort de solidarité, nous procéderons au redéploiement progressif
des aides au fonctionnement ainsi que des anciennes aides à la conformité
réglementaire » a précisé le Premier Ministre.
D’autres aides devraient cibler les innovations, « qui permettent par exemple d’améliorer le
goût de l’eau, d’en suivre la qualité, de procéder à des travaux sans creuser
des tranchées pour ne pas perturber l’activité d’une ville », ainsi
que la gestion des eaux pluviales, « un
défi important dans les zones urbaines : près d’1 milliard d’euros d’aides
pourront y être consacrés ».
Un tarif social de l’eau, fonctionnant sur un même modèle similaire
à celui de l’énergie, sera instauré. Une cinquantaine de collectivités l'avaient
expérimenté, le gouvernement va le généraliser. Le dispositif pourrait entrer
en vigueur dès 2019.
Pour renforcer l’ingénierie publique, le gouvernement
envisage enfin de mettre en place un accompagnement par l’intermédiaire des
agences. Il pourra prendre plusieurs formes : assistance à maîtrise d’ouvrage,
marchés cadres avec des bureaux d’études, constitution de groupements de
commandes. « L’idée, est de ne pas
laisser une équipe municipale seule face à des décisions aux conséquences
parfois très lourdes » a indiqué Edouard Philippe.
En revanche, le prélèvement de Bercy sur le budget des
agences demeure. « Les agences,
comme tous les autres organes ou opérateurs publics, doivent prendre leur part
dans l’objectif de maîtrise de la dépense publique et de baisse de la pression
fiscale » a souligné le Premier Ministre qui souhaite recentrer leurs
interventions autour de la solidarité territoriale, notamment vis-à-vis des
territoires ruraux et autour de l’adaptation au changement climatique et la
préservation de la biodiversité. « Les
agences vont donc évoluer de manière progressive, d’une logique de « mutuelle
de l’eau » à une logique d’opérateur, ce qui va impliquer de faire des choix
dans l’attribution de certaines aides qui ne seront plus automatiques »
a-t-il indiqué.