Une barrière anti-inondation à déploiement automatique développée par la société belge Aggéres va protéger le vieux quartier de Spakenburg contre les inondations. D?une longueur de 335 mètres, ce barrage d'un nouveau genre repose sur un bassin excavé dans le sol dans lequel est installée la paroi de barrage. Si l'eau monte, le bassin se remplit et la paroi monte jusqu'au point d'aboutement sans nécessiter aucune intervention de qui que ce soit. Explications.
Ce barrage, en matériaux composites légers recouverts de Kevlar avec une partie supérieure en acier, sera installé dans le port historique de Spakenburg.
L?appel d'offres, remporté par Aggères, s'est déroulé selon la procédure dite du « Best Value Procurement » qui veut que les soumissionnaires soient d'abord auditionnés par une commission d'intégration pour vérifier que le projet ne perturbe pas l'environnement immédiat du lieu d'implantation. Le bon fonctionnement du dispositif a ensuite fait l'objet d'un examen attentif de la Commission d'évaluation.
Après j?audition de 6 premiers soumissionnaires, trois d'entre-eux ont pu remettre un prix ainsi qu'un dossier récapitulant les avantages de la formule proposée. Le coût de chaque solution a été soigneusement étudié et son exploitation sur 50 ans évaluée. Puis, les dispositifs retenus ont été testés.
Dans le cas d'Aggéres, ils l'ont été sur une barrière anti-inondation à déclenchement automatique (Self Closing Flood Barrier, SCFB) installée en Belgique.
« Le fait que le barrage soit déjà exploité a joué favorablement, souligne Jan Welling chargé du projet pour la ville de Spakenburg. D?autant qu'installé depuis maintenant dix-sept ans, il n?a encore fait l'objet d'aucune réparation importante ». La caractéristique la plus importante de cette barrière anti-inondation, c'est sa simplicité. « Elle suit la loi de la nature selon laquelle l'eau choisit le chemin le plus court et utilise sa propre force. Même si l'exploitant oublie ou tarde à ouvrir les vannes du nouveau barrage, la nouvelle barrière anti-inondation ne fera pas faux bond et montera automatiquement quand l'eau arrivera au-dessus du quai. En outre, le système est simple et ne demande que peu d'entretien. Il ne comporte, par exemple, que très peu de pièces en caoutchouc ou de vannes. Un nettoyage une fois par an suffit ».
Patrick de Bourgraaf, impliqué dans ce projet par l'intermédiaire de la commune voisine de Bunschoten, a été très impressionné par la barrière anti-inondation SCFB. « J?ai fait des études de génie civil et j?ai grandi en Zélande, les barrages font donc totalement partie de ma vie, explique-t-il. En tant que technicien, avoir un barrage avec peu de mécanique me paraît intéressant. Cela signifie donc que la casse va être réduite, mais en tant que commune, nous sommes surtout heureux que le barrage se trouve dans le sol et soit presque invisible ».
« Cette technique est déjà implantée dans plusieurs endroits du monde, explique de son côté Oliver Femont, directeur chez Aggéres, mais à Spakenburg, elle le sera pour la première fois à grande échelle et dans une digue primaire. Et plus encore, c'est la plus longue barrière anti-inondation flexible au monde ». En cas de niveau d'eau bas, la barrière anti-inondation, coulée dans le sol, reste protégée de toute forme de vandalisme. Mais plus important encore, le risque d'inondation n?est pas uniquement présent quand les eaux sont hautes.
Un des grands problèmes actuels, ce sont les forts évènements pluvieux appelés à se multiplier du fait des changements climatiques. Les réseaux débordent et l'eau monte alors très rapidement. Un barrage fixe peut alors fonctionner comme une cuvette et provoquer des problèmes au lieu de les résoudre.
Aggéres développe bien d'autres solutions en matière de lutte contre les inondations, notamment le barrage mobile Velox qui se déroule facilement et se déploie en exploitant la force de l'eau. Il remplace 2.000 sacs de sable par portion de 17 mètres.
Le barrage peut être érigé en une fraction du temps nécessaire pour construire un mur en sacs de sable. Les unités d'intervention telles que les pompiers et l'armée ont ainsi plus de temps pour leurs tâches essentielles. En outre, le système est simple à ranger et réutilisable.
La construction du barrage de Spakenburg commencera à l'été 2016 et s'achèvera en avril 2017. Son coût s'élève à cinq millions d'euros.