Un chiffre attire l’attention dans le cadre de la synthèse des recommandations émise par le Comité national de l’eau à Bérangère Couillard, secrétaire d'Etat à l'Ecologie, en vue des grands chantiers de planification écologique territoriale : 500.
Ces 500 représentent le nombre de collectivités qui se sont retrouvées cet été en coupure d'eau potable ou risquaient de l'être. Cette situation s’expliquerait selon Jean Launay, président du Comité national de l’eau, par le fait qu’une forte proportion d’entre elles se trouvaient dans une situation hydrologique déficitaire, ou parce que les raccordements à de nouvelles prise d’eau étaient impossibles, ou encore que le réseau n’est pas correctement entretenu.
Partout en France, le déficit hydrique pèse sur les territoires. Pour 2023, « nous sommes assez pessimistes car le début de la recharge a été très tardif, avec plus d'un mois de retard, les pluies sont très insuffisantes et nous avons eu un étiage sévère sur de nombreux secteurs », souligne Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM lors d'un point presse. « Si la pluie continue à se faire aussi rare, on arrivera à une situation bien pire que celle qu'on a connue en fin d'été 2022, quand quasiment tous les départements métropolitains connaissaient des restrictions d'eau » a prévenu Pierre Pannet, directeur adjoint des actions territoriales du BRGM.
Malgré des précipitations importantes dans certaines parties du Grand sud-Ouest au cours du mois de janvier, les indicateurs de l’état de la ressource en eau sont inquiétants. En 2022, des lâchers d’eau importants ont pu être effectués tout au long de la période de basses eaux, grâce à des retenues pleines en début de saison sèche. « Le risque est réel de ne pas pouvoir assurer le même niveau de soutien aux usages et au milieu en 2023, si les précipitations de printemps ne sont pas au rendez-vous » prévient Alain Rousset, les représentants agricoles et agroalimentaires lors d’un comité de bassin réuni en janvier.
L’année à venir se résume donc en un mot : accélération. Et avec toutes les parties prenantes, insiste Jean Launay.
Dans ce sens, on le voit, le retard accumulé en matière de priorisation des travaux d'amélioration des réseaux n’est pas seulement financier. Il est également dû à la déprogrammation de la compétence eau au sein de l’intercommunalité et également par la présence d’un système de gestion de l’eau qui n’est pas conditionné au bassin hydrographique. « Dans cette volonté de concertation collective, je considère comme non judicieux de repousser au-delà de 2026 le transfert de compétence aux intercommunalités » regrette le président. Et de poursuivre : « nous défendons le système de gestion de l'eau par bassin-versant et par comité de bassin avec son bras armé que sont les agences de l'eau. Il faut donc supprimer le plafond mordant ».
Sur le terrain, la détermination des collectivités est réelle. La nature des prestations est en train de changer. La succession de sécheresses et d’épisodes de pluies intenses menant à des inondations rassemble les acteurs en se projetant sur les mois à venir pour prendre dès maintenant les mesures qui permettront de faire face au mieux à des scénarios défavorables.
C’est ce que nous constatons au fil de ce numéro de janvier. « Il n’y a plus de discussion possible. Les effets du changement climatique sont là, et l’année 2022 l’a mis en évidence avec des records de sécheresse et de précipitations. Nous sommes donc de plus en plus sollicités » explique Jean-Yves Viau, directeur opérationnel de Saint-Dizier Environnement dans le dossier du mois. « On est convaincu qu’au travers les outils que l’on a développés, HpO® notamment ou le projet Maltose, un mix entre l’ingénierie classique et solutions de modélisation à base d’IA, doit permettre de transformer la vision patrimoniale des réseaux d’eau et même des territoires vis-à-vis des objectifs ZAN » assure Jean-François Closet, directeur général d’Altereo.
Si le terrain est en
marche, la logique voudrait que les décisions politiques les appuient, non ?
Pascale Meeschaert