Porter le taux de renouvellement annuel de nos réseaux d'eau et d'assainissement de 0,6 à 1,2% implique d'investir de 1 à 1,2 milliards d'euros supplémentaires chaque année. Pour dégager ces capacités de financement, Canalisateurs de France plaide pour une augmentation modérée des prix de l'eau.
Après une baisse de 9 % en 2014, l'activité est toujours au ralenti au premier semestre 2015 pour les entreprises de canalisations, au même titre que pour toutes les spécialités des travaux publics. Tel est le constat livré par Canalisateurs de France lors de son assemblée générale du 18 juin dernier. L?offre des marchés de travaux devrait rester à un niveau bas pendant plusieurs mois.
En attendant la reprise, de nombreuses entreprises recourent au chômage partiel. Le syndicat professionnel confirme pourtant la présence d'un potentiel d'activités. Mais le spectre de la réforme territoriale génère des incertitudes et une frilosité des donneurs d'ordre qui se réfugient dans l'attentisme. Le manque de subventions des départements ou des agences de l'eau est aussi invoqué pour expliquer l'annulation ou le report de nombreux projets de travaux.
Les canalisateurs déplorent également le signal envoyé par le gouvernement à la fin de l'année dernière : après avoir prélevé 210 millions d'euros en 2014 sur le budget des agences de l'eau, l'Etat va ponctionner plus de 500 millions d'euros d'ici 2017 pour abonder son budget.
Un point positif cependant : la profession ne devrait pas être impactée par la baisse des dotations de l'État dans la mesure où le renouvellement des réseaux d'eau et d'assainissement dispose en France de budgets dédiés au sein des collectivités, alimentés par la facture d'eau payée par les usagers ; une particularité due au modèle de « l'eau paie l'eau ». Les budgets de l'eau et de l'assainissement, en effet dissociés depuis près de 15 ans du budget général des communes, sont des budgets annexes qui financent uniquement les services de l'eau et de l'assainissement.
Canalisateurs de France appelle cependant les collectivités à prendre conscience qu'elles doivent changer leur façon de financer les infrastructures d'eau et d'assainissement. Face à un taux de renouvellement annuel des réseaux d'eau aujourd'hui voisin de 0,6 %, les canalisateurs estiment qu'il faudrait quasiment doubler le rythme avec un taux de 1,2 % pour stabiliser l'état du réseau.
Ceci implique de dégager de 1 à 1,2 milliards d'euros supplémentaires. Constatant que le modèle français a été construit sur le principe d'une hausse de la consommation d'eau alors que c'est l'inverse qui se produit avec une diminution depuis une dizaine d'années de 4 %, Canalisateurs de France plaide pour une hausse du prix de l'eau. « Il suffirait d'augmenter les tarifs de seulement quelques centimes pour dégager des capacités de financement suffisantes, indique le syndicat professionnel dans un communiqué. Mais, les collectivités, à qui l'on reproche des augmentations du prix de l'eau pourtant justifiées et indispensables à long terme, peinent à convaincre les Français, d'accepter une augmentation, fusse-t-elle infime. Pourtant des plans de financement bien construits sont largement préférables à des travaux dans l'urgence forcément moins cohérents et efficaces, et qui in fine, coûteront plus chers à la collectivité ».