Le syndicat Sénéo, en charge de l’eau potable pour dix communes franciliennes, a officialisé un changement stratégique de son mode de gestion à l’horizon 2027. Ce virage technique s’inscrit dans une logique de maîtrise accrue du service et d’adaptation aux enjeux environnementaux, via une délégation de service public opérée par une société dédiée, sous pilotage renforcé.
À l’issue de son comité syndical du 1er avril 2025, Sénéo a validé un changement structurant dans la gestion de son service d’eau potable. Le syndicat, compétent sur dix communes des Hauts-de-Seine, a acté le principe d’une nouvelle délégation de service public (DSP), qui prendra effet à l’expiration du contrat actuel confié à Suez en 2027. Ce nouveau cadre reposera sur la création d’une société dédiée, par l’opérateur attributaire, pour une durée de 9 ans et demi. La forme retenue, plus engageante en termes de gouvernance, vise à accroître la capacité de pilotage de la collectivité, tout en garantissant l’opérabilité industrielle du délégataire.
Cette décision s’inscrit dans une trajectoire entamée en 2014, lorsque Sénéo a amorcé un renforcement progressif de ses compétences internes. Le syndicat dispose aujourd’hui d’une structure administrative composée de 17 agents, spécifiquement chargés du suivi contractuel, de la régulation technique et du contrôle opérationnel. Ce développement capacitaire a permis au syndicat de reprendre directement certains investissements stratégiques – notamment sur les feeders, les canalisations de transport à grand diamètre – témoignant d’une volonté affirmée de rester maître d’ouvrage sur les composants critiques du réseau.
Le nouveau montage en société dédiée permettra une plus grande lisibilité sur les flux financiers et techniques liés à l’exploitation, ainsi qu’une séparation stricte des périmètres contractuels. Cette structuration juridique est aujourd’hui privilégiée dans plusieurs métropoles françaises pour renforcer les outils de reporting et de transparence sur les engagements de performance. La gouvernance du contrat s’en trouve également clarifiée : Sénéo pourra maintenir un lien de proximité avec l’exploitant tout en gardant la main sur les orientations structurantes.
« Cette décision marque une nouvelle étape dans l'évolution du service public de l'eau sur notre territoire », a déclaré Josiane Fischer, Présidente de Sénéo. Le projet de DSP a été conçu autour de quatre axes techniques : excellence opérationnelle, efficacité hydrique, transparence de gestion, et amélioration continue du service. Le projet stratégique adopté en décembre 2024 fixe en outre des objectifs précis en matière de sécurisation des ressources, de gestion patrimoniale et de transition énergétique.
La démarche de sélection du mode de gestion a été encadrée par un comité décisionnel accompagné d’un groupement d’assistants à maîtrise d’ouvrage, mobilisés sur une analyse multicritères incluant la résilience du système, la capacité de régulation contractuelle, et la maîtrise des risques sur la continuité de service. Cette méthode a été saluée en interne comme un modèle de concertation technique. « Le débat peut se résumer ainsi : le choix du meilleur mode de gestion pour concrétiser les ambitions de Sénéo tout en maintenant la qualité de service actuelle », a précisé Florent Casy, Directeur général.
Ce repositionnement intervient dans un contexte sectoriel en mutation, marqué par des attentes croissantes en matière d’adaptabilité aux aléas climatiques, de sobriété hydrique, et d’optimisation des coûts d’exploitation. À ce titre, la stratégie de Sénéo rejoint celle d’autres syndicats qui, à l’instar de Montpellier Méditerranée Métropole ou du Syndicat Mixte de l’Eau du Dunkerquois, optent pour des modèles hybrides favorisant la régulation publique tout en s’appuyant sur l’efficience industrielle d’opérateurs spécialisés.