Alors que les pressions exercées sur l’eau conjuguées aux effets du dérèglement climatique font craindre la contagion et l’amplification des crises dans le monde, même si la reconnaissance des droits humains à l’eau et l’assainissement est présente dans l’objectif de développement durable 6, les initiatives de la coopération internationale restent encore timides. Du fait de ses engagements, le sujet de la gouvernance mondiale de cette ressource doit être pris à bras-le-corps par la France lors de la conférence des Nations Unies sur l’eau, plaident Coalition Eau et ses partenaires. Et dans une version vidéo aussi inédite qu’amusante…
Par nature, Coalition Eau, Actions contre la Faim, le Secours Islamique France croient profondément à la force du collectif et à l’opportunité d’une gouvernance mondiale en matière de gestion de l’eau. « L’eau est sous état d’urgence. Malgré la reconnaissance des droits humains à l’eau et l’assainissement en 2010 et l’adoption en 2015 de l’Objectif de Développement Durable n°6, la gestion de l’eau ne fait aujourd’hui l’objet d’aucune politique internationale contraignante , il n’y a aucune agence dédiée au niveau des Nations et il n’existe aucun comité ou espace intergouvernemental sur l’eau permettant aux États de se réunir régulièrement et d’être redevable de leurs progrès vis-à-vis des engagements des Objectifs de Développement Durables » déplore Sandra Métayer, coordinatrice Coalition Eau. De fait, au sein des Nations Unies, le sujet de l’eau et l’assainissement peine à exister, malgré son importance vitale. « La Conférence des Nations Unies sur l’eau de mars 2023 est par conséquent une opportunité unique de mettre l’eau à l’agenda international. Ce n’est seulement que le deuxième sommet de tous les temps que l’ONU consacre à l’eau, 46 ans après la Conférence de Mar de Plata en 1977 ».
Des chiffres qui parlent
Sauf émergence d’une série de mesures fortes et adaptées, 1 personne sur 2 vivra dans des conditions de stress hydrique dans le monde dès 2050. « Premières victimes : les femmes et les filles, responsables de la collecte de l’eau dans les trois quarts des foyers des pays en développement. Plus l’accès est difficile, plus les conséquences sanitaires sont dramatiques. Chaque année, plus de 829 000 personnes meurent de diarrhées à cause de l’insalubrité de l’eau potable et du manque d’assainissement et d’hygiène. Il s’agit de la deuxième cause de mortalité des enfants de moins de 5 ans. En 2022, un enfant de moins de 5 ans présente ainsi 20 fois plus de risque de décéder de diarrhée que des violences liées à un conflit, selon le rapport de l’Unicef, 2019 », rappelle Jean Lapegue, responsable Eau, Assainissement, hygiène ACF-France.
Les mouvements de populations générés par la rareté de l’eau dans certains territoires, engendrent une migration climatique. La conflictualité induite parfois par de tels mouvements est aiguë : le Sud Soudan, la zone sahélienne, ou l’Afghanistan illustrent de tels conflits, en particulier entre populations pastorales et agriculteurs sédentaires.
Une vidéo qui interpelle
Parce que la France doit incarner un leadership dans le domaine, les trois organisations ont lancé une campagne vidéo intitulée S-EAU-S des engagements, pas des abonnés absents !
Outre la présence du chef de l’État à New-York, elles demandent à :
● Œuvrer pour l’obtention d’une résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2023 établissant des réunions intergouvernementales régulières dédiées à l’eau, sous l’égide des Nations Unies,
● Défendre le fait que l’envoyé spécial des Nations Unies sur l’eau, dont la nomination est soutenue par la France et 150 autres états, dispose d’un mandat politique pour piloter la réflexion des Nations Unies sur la gouvernance internationale de l’eau et soit chargé du suivi des engagements volontaires pris par les états dans le Water Action Agenda et des progrès de l'ODD 6 de l’Agenda 2030,
● Intégrer un segment « eau douce » à la Conférence des Nations Unies sur les Océans, du fait des liens étroits entre les enjeux d’eau douce et des océans (surtout vis-à-vis de la pollution),
● Organiser un One Planet Summit sur l’eau en France,
● Allouer des ressources humaines et financières suffisantes pour la mise en œuvre de la loi du 4 août 2021 de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales, qui fait de l’eau l’un des secteurs prioritaires d’intervention, et pour la mise en œuvre de la stratégie internationale de la France pour l’eau et l’assainissement,
● Nommer un ambassadeur thématique sur l’eau qui aura un rôle de coordination interministérielle et pourra porter à haut niveau les priorités françaises à l’international et être l’interlocuteur privilégié de l’envoyé spécial des Nations Unies sur l’eau,
● Atteindre l’ODD 6 sur le territoire national en prenant des mesures pour la mise en œuvre effective des droits humains à l’eau et à l’assainissement, notamment en faveur des territoires d’Outre-Mer et des populations vivant en habitat précaire, et pour la bonne gestion et la préservation des ressources en eau.
Vidéo https://www.youtube.com/watch?v=qwa3mDWzs7c&t=10s ou sur les réseaux sociaux #sEAUs
Pascale Meeschaert