La géothermie connaît en France un regain d'intérêt motivé par les orientations prises pour soutenir les énergies renouvelables et surtout par l'envolée des prix des énergies fossiles. Les techniques sont au point. Mais les filières, plusieurs fois échaudées par un regain d'intérêt indexé sur le prix du baril, doivent être redynamisées. Sur le long terme, cette fois.
Ce n?est pas la première fois que la géothermie suscite le regain d'intérêt dont elle est l'objet ces derniers temps. En France, l'utilisation de la ressource géothermique basse et très basse énergie a connu un essor rapide, essentiellement au moment du second choc pétrolier.
Ce développement a eu lieu pour l'essentiel entre 1980 et 1988, dopé par un contexte favorable, notamment un renchérissement notable du coût des énergies fossiles à cette période. Mais à partir de 1988, un certain nombre de difficultés techniques et économiques ont stoppé son développement.
Au plan technique, des difficultés sont apparues liées à l'apparition de phénomènes de corrosion?dépôt plus ou moins conséquents selon les teneurs en sels dissous, notamment sulfures de fer, perturbant sérieusement l'exploitation de certaines installations.
Parallèlement sont apparus des problèmes économiques liés au contre-choc pétrolier et donc à une baisse du coût des énergies fossiles sur lequel étaient généralement indexées les recettes. Financées par emprunts, nombre d'opérations ont du faire face à un différentiel important entre les taux d'intérêt en vigueur en 1980 et le taux d'inflation effectif des années 1985-1990?.
En 1989, à l'initiative du gouvernement, l'Ademe a travaillé sur l'étude des phénomènes perturbant le bon fonctionnement des installations et le développement d'actions curatives et préventives ont permis de lutter efficacement contre les phénomènes de corrosion-dépôt. Cette intervention permis de sauvegarder une quarantaine d'installations en fonctionnement dans le bassin parisien, 16 dans le bassin aquitain et 5 dans d'autres régions.
Au total, si la contribution globale de la géothermie en France reste modeste, l'action des pouvoirs publics n?en a pas moins permis d'acquérir et de maitriser des techniques encore considérées à l'étranger comme des références.
Aujourd'hui, à nouveau confronté à une envolée probablement durable des prix de l'énergie, le gouvernement redécouvre donc la géothermie?
Ainsi, à l'occasion de l'inauguration du pilote scientifique de production d'électricité géothermique de Soultz-sous-Forêts dans le Bas-Rhin, l'Ademe et le BRGM ont signé le 13 juin dernier un accord visant à relancer toutes les formes de géothermie en « redynamisant les filières professionnelles ». L?objectif étant que la ressource géothermique contribue à l'horizon 2020, pour plus d'un million de tep (tonnes équivalent pétrole) à l'objectif fixé par le Grenelle de l'environnement de faire 20 millions de tonnes équivalent pétrole d'énergie renouvelable supplémentaires.
Un objectif aisément réalisable pour peu que les professionnels ne se retrouvent pas à nouveau pris dans la tenaille d'une baisse des coûts des énergies fossiles et d'une hausse des taux d'intérêt. L?environnement économique ayant profondément changé, le risque est peu probable. Il n?en reste pas moins que le développement de cette filière devra, pour être réellement significatif, s'inscrire cette fois-ci dans le long terme.