Les chercheurs de l’Inrae ont publié le 24 mai dernier les premiers résultats de mesures de la qualité des sols observés en France en collaboration avec l’université de Bordeaux. Inquiétants, ils rendent nécessaires une surveillance accrue pour prendre en compte la réalité de la persistance des molécules de pesticides sur le territoire.
98 % de la cinquantaine de sites étudiés entre 2019 et 2021 par les chercheurs de l’Inrae et de l’université de Bordeaux, présentent au moins un ingrédient actif de pesticides. Au total, 67 molécules différentes ont été retrouvées, majoritairement des fongicides et des herbicides, à une profondeur de 0-20 cm.
Les parcelles de grandes cultures sont les plus contaminées, avec jusqu’à 33 substances différentes retrouvées dans un seul site, et une moyenne de 15 molécules dans les sols. Autre information importante et plus inattendue : dans les sols sous forêts, prairies permanentes, en friche ou en agriculture biologique depuis plusieurs années, plus de 32 pesticides différents ont été détectés, à des concentrations majoritairement plus faibles que pour les sites en grandes cultures.
Glyphosate et l’AMPA, son métabolite principal, sont les molécules présentes dans 70 % et 83% des sols prélevés. Des fongicides de la famille des triazoles (époxiconazole) ou des fongicides inhibiteurs succinate deshydrogénase (SDHI) sont également retrouvés dans plus de 40 % des sites, tout comme des insecticides de la famille des pyréthrinoïdes comme la téfluthrine.
A la différence de ce qui est fait pour les milieux aquatiques et alors que la persistance des molécules de pesticides dans l’environnement, bien au-delà de leur temps de dégradation théorique et à des concentrations supérieures à celles escomptées est démontrée, la surveillance de la contamination des sols doit voir le jour sur le territoire, tiennent à souligner les auteurs de l’étude. En s’appuyant notamment sur le réseau national RMQS, en place depuis plus de 20 ans.
Retrouver les résultats parus dans la revue Environmental Science & Technology https://pubs.acs.org/doi/pdf/10.1021/acs.est.2c09591