La majorité des plans climats nationaux dotés d’une composante « adaptation au changement climatique », soumis dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat, donnent la priorité à l’eau. Mais il faudrait que les financements soient multipliés par trois et atteignent 255 milliards d’euros par an pour atteindre les objectifs fixés.
C’est la teneur du message qu’a souhaité
faire passer la communauté internationale de l’eau le 10 novembre dernier à
l’occasion de la rencontre qu’elle a organisée lors de la COP23, la
Conférence de l’ONU sur le changement climatique. «
Au cœur du défi climatique, il y a deux
lacunes que nous devons combler d'urgence : l'ambition et le déficit
d'investissement, a expliqué Eric Usher, Directeur de l'Initiative
Financière du PNUE. Il appartient
maintenant aux gouvernements nationaux d'accroître l'ambition de leurs CDN
(Contributions déterminées au niveau national) afin de combler le déficit
d'émissions de 17 GtCO2 auquel nous serons toujours confrontés en 2030. Nous
avons besoin que tous les acteurs financiers - publics, privés, nationaux,
internationaux, marchés et régulateurs inclus - travaillent ensemble,
efficacement, pour mobiliser les financements nécessaires chaque année ».
Les
experts de la communauté de l'eau ont notamment expliqué que les pays devraient passer de la parole aux actes, en renforçant les efforts annoncés dans leurs plans climatiques
nationaux, connus sous le nom de Contributions déterminées au niveau national.
L'eau doit devenir la grande priorité des politiques nationales et être
intégrée dans d'autres grands secteurs tels que l'énergie, la sécurité
alimentaire, la santé, l'éducation, ont-ils indiqué.
La communauté internationale de l’eau, très
unie, a
également co-signé une «
Déclaration de solutions fondées sur la nature », solutions qui se traduisent par des actions de protection, de
restauration et de gestion durable des écosystèmes permettant d’agir tant sur
l’atténuation (stockage de carbone), que sur l’adaptation (limitation des
risques naturels, résilience des territoires). Des solutions qui contribuent également
à la préservation de la biodiversité, défi étroitement lié à celui du
changement climatique. Elles sont par ailleurs fondamentales pour
répondre aux Objectifs de Développement Durable, en particulier l’ODD6 (eau),
l’ODD13 (changement climatique), l’ODD14 (océans), l’ODD2 (faim zéro) et
l’ODD15 (écosystèmes).
L’ambition
fait aussi trop souvent défaut. L’eau reste ainsi fréquemment appréhendée
comme une question locale alors que les conséquences d’une gestion inadaptée ont,
dans un contexte de tensions exacerbées par les changements climatiques, un
impact mondial. Ainsi, 40% de la population mondiale sera confrontée à des
pénuries d’eau d’ici 2050, accélérant de fait les migrations et catalysant des
conflits. D’autres régions du monde pourraient perdre jusqu’à 6% de leur PIB du
fait de pénuries d’eau. « Impliquer
les femmes comme les hommes dans les prises de décision et dans la gestion
intégrée des ressources en eau conduit à une durabilité, une gouvernance et une
efficacité optimales », a expliqué Mariet Verhoef-Cohen, Présidente de
Women for Water Partnership, s’exprimant au nom des acteurs de l’eau.
Les journées
eau des COPs, désormais institutionnalisées de COP en COP ont quand même permis
de renforcer l’unité de la communauté de l’eau et de porter plusieurs messages
collectifs. La communauté internationale de l’eau repose notamment sur
plusieurs réseaux dont #ClimateIsWater, l'Alliance Internationale pour l'Eau et
l'Adaptation au changement climatique (AGWA), et les Alliances Mondiales pour
l’Eau et le Climat (GafWAC-AMEC).