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Edito

Déconfinement des boues : un enjeu majeur

27 mai 2020 Paru dans le N°432 à la page 3 ( mots)

Ce ne sera pas le seul contrecoup de la crise sanitaire provoquée par le Covid-19 sur la filière française de l’eau, mais ce sera sans doute l’un des principaux. L’interdiction d’épandre en agriculture, sans hygiénisation préalable, des boues produites durant l’épisode épidémique par les stations d’épuration urbaines ou industrielles recevant des effluents domestiques, va sans nul doute impacter durablement la filière.

D’abord parce qu’elle touche de très nombreux services, notamment en milieu rural : sur le bassin Rhin-Meuse par exemple, 86% des 750 000 tonnes de boues brutes produites annuellement retournent au sol, via les filières agricoles. 60 % de ce volume, soit 430.000 tonnes, sont considérées comme non hygiénisées…

Ensuite parce que même si l’épisode épidémique connaissait une fin prochaine susceptible d’entrainer une réouverture, au moins partielle, de la filière épandage, la question de la sécurisation de cette pratique, alimentée par des peurs dont la rationalité peut être discutée, restera durablement posée.

Beaucoup de services vont donc devoir définir très rapidement un plan de transition pour garantir l’innocuité de leurs boues et sécuriser ainsi leurs débouchés.

Les agences de l’eau ne s’y sont pas trompées. De nombreuses aides ont été débloquées pour prendre en charge les surcoûts liés à la gestion des boues non-hygiénisées et inciter à la migration vers des filières alternatives. On en lira le détail dans les pages qui suivent.

Au plan technique, les solutions foisonnent : chaulage, compostage, séchage thermique, méthanisation thermophile… les options sont nombreuses. Le dossier initialement consacré au conditionnement des boues que nous publions dans ce numéro en témoigne : de nombreux développements concernent la problématique de l’hygiénisation des boues d’épuration et des coûts qui y sont associés.

Car le problème est aussi financier. L’association Amorce qui a publié un compte-rendu très fouillé sur la gestion des boues pendant la crise sanitaire du Covid-19, évoque, pour les boues liquides précédemment épandues, des surcoûts allant de 300% pour le compostage, jusqu’à 1000% pour l’incinération !

Une chose est certaine : la gestion des stocks de boues en cours de constitution va coûter cher, de même que les chantiers pour adapter les filières, sans oublier les coûts d’exploitation futurs.

Sauf si un protocole moins strict que l’hygiénisation mais tout aussi sécuritaire venait à être défini. Le Ministère de la transition écologique coordonnerait actuellement des travaux de recherche avec l’objectif d’y parvenir avant les épandages de l’été.

Nous verrons.

Nous aurons, en tout état de cause, l’occasion d’y revenir de façon bien plus détaillée dans notre numéro de décembre, traditionnellement consacré aux boues d’épuration.

Ce dossier sera réalisé par une nouvelle équipe de rédaction car ces quelques lignes, qui clôturent généralement la réalisation d’un numéro, seront pour moi les dernières !

A quelques jours de mon départ en retraite, laissez-moi, chers lecteurs, annonceurs, collègues, amies et amis, vous remercier et vous présenter mes meilleurs vœux de réussite personnelle, familiale et professionnelle. C’est grâce à votre disponibilité et à votre expertise que nous avons pu proposer, ces quarante dernières années, une information technique vérifiée et de qualité.

Pascale Meeschaert, qui fait partie de nos équipes depuis de longs mois maintenant, saura, j’en suis certain, poursuivre cette tâche tout en insufflant un nouveau dynamisme, de nouvelles énergies et de nouveaux projets.

Bonne continuation à tous et plein succès à chacun !

Vincent Johanet