La jeune PMI francilienne Adequatec a obtenu le Prix Entreprises et Environnement 2010 dans la catégorie « innovations dans les écotechnologies ». Ce prix récompense une entreprise du secteur des écotechnologies qui a mis sur le marché une innovation en matière de produits, procédés ou de services ayant permis de faire progresser significativement une filière.
Adequatec, PMI innovante labélisé par Oséo Innovation et membre du Club Ademe International (Club français des écotechnologies), conçoit et commercialise des technologies à faible empreinte carbone. Son produit phare pour lequel elle a reçu ce prix, l'Adequapress, est une presse à vis à basse consommation énergétique conçue pour la déshydratation et/ou l'épaississement des boues biologiques d'épuration urbaines ou industrielles.
Cette technologie innovante se caractérise par des performances voisines de celles des centrifugeuses mais sa consommation énergétique (moins de 10 Wh/kg MS), sa simplicité d'exploitation et son coût de fonctionnement sont plus faibles que la centrifugation. Jérémy Denie est le directeur commercial d'Adequatec. Il explique : « selon les projets, les retours d'expériences estimés par les exploitants donnent un écart en coût d'exploitation annuel de l'ordre de 10 à 50 k?/an. L?enjeu devient crucial pour des projets de grande envergure. Par exemple en 2007, nous avons fait une offre pour épaissir des boues avant digestion d'une grande station d'épuration de 1 500 000 EH. Notre offre comprenait 8 Adequapress TH3400 consommant chacun 4,65 kW (total 37,2 kW). La concurrence a proposé, pour un objectif de performance strictement identique, 7 centrifugeuses consommant chacune 237 kW (total 1,65 GW). Au delà du gain électrique (30 à 50 fois moins), c'est avant tout par son bilan d'exploitation global que l'Adequapress se démarque avec notamment sa faible consommation en produit chimique (2 fois moins), sa faible consommation en eau (10 fois moins), l'absence d'usures (faible vitesse de rotation 1tr/min.) et de toutes nuisances sonores ou vibratoires. Son utilisation extrêmement simple libère véritablement l'exploitant. C?est pourquoi la commercialisation de l'Adequapress sur l'ensemble du marché de traitement des boues des stations d'épurations municipales et industrielles représente un enjeu écologique et économique significatif pour les collectivités locales, les industriels, les exploitants, et indirectement pour tous les contribuables qui contribuent à l'épuration de l'eau dans leur facture d'eau».
« Il y a cinq ans, les débuts de la commercialisation de l'Adequapress paraissaient « Don-Quichottesque», se souvient de son côté Abel Smati, fondateur d'Adequatec et inventeur du Swing Press, une version évoluée de la presse à vis Adequapress qui annule tout frottement et permet de diviser par cinq le nombre de tambours nécessaires aux stations d'épuration de très grandes tailles. « En effet, notre arrivée sur un marché de la déshydratation des boues, mature et presque figé depuis 25 ans, se heurtait à fort scepticisme. Heureusement, nous avons commencé par des essais pilotes en parallèle avec des équipements existants afin de convaincre les plus réticents. Cette méthode se perpétue aujourd'hui par l'organisation quasi systématique de visites sur nos références de tous nouveaux clients, prescripteurs ou décideurs ».
L?Adequapress est conçu pour fonctionner en continu 24H/24 et 7 jours/7. Or, contrairement à la filière eau qui fonctionne en permanence, la filière boues est dimensionnée pour ne fonctionner que quelques heures par semaines, au mieux 35 heures afin de limiter les heures d'astreintes du personnel. Ceci implique de sur-dimensionner les équipements et gonfler les coûts d'investissement. Adequatec s'est battu pour faire fonctionner ses machines 50 heures puis 80 heures par semaine?
Aujourd'hui grâce aux retours d'expériences, les clients de l'entreprise demandent d'emblée des dimensionnements sur la base de 100 heures par semaine, voire plus. « L?une de nos références les plus marquantes, la STEP de St Petersbourg (2 300 000 EH), fonctionne 24H/24 depuis avril 2007 » se félicite Abel Smati. « Par ailleurs, et contrairement à nos concurrents disposant de chaines de productions dans des pays à bas coûts, nos machines sont fabriquées à l'unité en France (et le resteront) ce qui induit un écart de prix non négligeable. Depuis, nous avons engagé une étude de la valeur qui nous a permis de diviser par deux le poids et l'encombrement de nos machines. Nous avons aussi pris à notre compte une bonne partie des achats (matières, découpe laser, motoréducteurs') ce qui enlève le cumul des marges. Aujourd'hui, les Adequapress sont de 10 à 15% plus chers à l'achat mais l'écart est compensé en 6 à 18 mois grâce aux économies réalisées sur les coûts d'exploitation ».
L?Adequapress est une presse à vis munie d'un tambour de filtration dynamique autonettoyant et incolmatable. Contrairement aux autres presses à vis munies de simple tamis statique, son tambour est formé d'une alternance d'anneaux fixes et d'anneaux mobiles dont le glissement permanent entre les premiers agit à la manière d'un racleur et nettoie en permanence l'espace de filtration. Aucun système de lavage n?est plus nécessaire ce qui permet un fonctionnement en continu.
Pour les faibles diamètres, le mouvement des anneaux mobiles est classiquement assuré par le frottement contre la vis compacteuse. Le frottement ne peut que s'accroitre avec l'augmentation de la taille des tambours ce qui, au-delà d'une certaine taille, provoque l'usure de la vis. Abel Smati a trouvé la solution à ce problème et en a obtenu le brevet en 2009. Désormais, aucun frottement n?est nécessaire pour le mouvement des anneaux mobiles, ceux-ci sont actionnés par un système d'arbre excentrique extérieur au tambour. Les avantages de ce brevet rendent possible une réduction du couple d'où une réduction des puissances installées, une augmentation de la capacité unitaire en utilisant des tambours de grandes tailles et la possibilité de construire des tambours en matières tendres (plastiques').
Après plusieurs années d'efforts, le marché semble séduit puisqu'en 2010, Adequatec à multiplié ses prises de commandes par quatre. La société, qui mise fortement sur l'international, a également pris une assurance Coface afin de conquérir le marché germanophone (Allemagne, Autriche et Suisse). Ce choix s'est avéré judicieux puisque le gouvernement Allemand a annoncé en septembre dernier le lancement d'un programme ambitieux de production d'électricité à partir des boues. En effet, avec une déshydratation des boues à moins de 10 Wh/kg MS, Adequapress offrirait le meilleur bilan de production d'électricité à partir de cette biomasse.
A moyen terme, et pour répondre à la demande croissante de ses clients, Adequatec envisage d'investir dans un atelier d'assemblage afin de maitriser ses coûts, de rationaliser sa production et d'établir une traçabilité de ces machines. Avec le Swing Press, l'Adequapress sans frottement, Adequatec travaille sur la conception d'ateliers de déshydratation énergétiquement autosuffisants n?utilisant que des sources renouvelables (solaire, éolien, biomasse?). De tels ateliers, véritables puits à carbone au sein des stations d'épuration, donneraient tout son sens à la valorisation énergétique des boues.