L?agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse a présenté le 20 mai dernier à Lyon des techniques innovantes de gestion des eaux de pluie aux aménageurs, élus et techniciens des collectivités de Rhône-Alpes. Elle engage 15 M? pour soutenir leurs projets d'infiltration des eaux de pluie.
L?urbanisation des villes continue à imperméabiliser les sols en dépit des conséquences néfastes pour la santé et l'environnement. Un paysage urbain, trop bétonné et sans arbre, provoque des îlots de chaleur (« four urbain ») dangereux pour la santé des personnes âgées et fragiles.
De plus, l'eau de pluie ne peut plus s'infiltrer dans le sol et vient engorger les réseaux d'assainissement jusqu'à provoquer leur débordement et des inondations urbaines. sur les bassins Rhône-Méditerranée et Corse, l'agence de l'eau a identifié 200 villes de plus de 2000 habitants (20% du parc des stations d'épuration) dont les eaux usées débordent même sous de faibles pluies, jusqu'à parfois 2 jours sur 3. Et sept stations d'épuration déversent plus d'1 million de m3 par an ce qui correspond aux eaux usées d'une agglomération de 100 000 habitants.
Sur des sols de plus en plus imperméabilisés, la pluie lessive les polluants vers les rivières, et les baignades en aval deviennent interdites pendant plusieurs jours après un orage.
Pour l'agence, la solution, c'est de se lancer enfin dans la désimperméabilisation pour infiltrer l'eau le plus tôt possible à l'endroit où elle tombe, afin de redonner aux sols leur rôle naturel d'éponge.
Ces nouvelles techniques ont l'avantage d'être beaucoup plus économiques que les bassins d'orage. L?eau infiltrée n?est plus à traiter dans les stations d'épuration. Elles sont aussi écologiques : elles rechargent les nappes souterraines. Enfin, elles diminuent la température de l'air des centres urbains en été.
Pour accompagner les villes pionnières qui désimperméabilisent et infiltrent l'eau, l'agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse a ouvert jusqu'à septembre 2014 un appel à projets de 15M? pour réaliser des noues (fossés végétalisés), des jardins de pluie, des chaussées drainantes, des équipements collectifs de récupération et réutilisation d'eaux de pluie, des toitures végétalisées'etc
De façon expérimentale, l'agence de l'eau finance aujourd'hui à Charbonnières-les-Bains (Rhône) la toiture végétalisée de l'extension de son école élémentaire ainsi qu'une cuve de stockage de 6 000 litres pour récupérer les eaux pluviales des toitures existantes. L?eau de pluie sera utilisée pour l'arrosage avec, à la clé, une économie de 450 m3 d'eau potable par an. Enfin, la réalisation d'une noue permet l'infiltration de l'eau de pluie des voiries au niveau du futur centre technique. Une cuve de 10 000 litres récupérera les eaux de pluie des toitures afin de la réutiliser pour le lavage du matériel et des véhicules des services techniques. Coût des aménagements : 160 000 euros de travaux pris en charge à 50% par l'agence de l'eau.
A Laveyron (Drôme), l'agence de l'eau finance un aménagement de 242 200 euros pour désimperméabiliser les berges du Rhône sur 900 m². Il s'agit de remplacer un terrain de basket et un parking en enrobé par un amphithéâtre de verdure perméable et un parking herbagé afin d'infiltrer l'eau de pluie là où elle tombe. Une esplanade récupérant les eaux de pluie et des noues permettant leur infiltration sont également prévues.
Réduire les pollutions pluviales s'impose comme une priorité. La Cour de justice de l'Union européenne a condamné le Royaume-Uni en octobre 2012, parce que la ville de Londres a laissé ses eaux usées non traitées déborder plus de 60 fois par an, ce qui représente plusieurs millions de m3 d'eau. C?est comme si une agglomération de 100 000 habitants déversait directement ses eaux usées dans le milieu naturel.