Du diagnostic à l'action concertée ? Décidément, il se passe quelque chose? Alors que se dessine en France les premiers contours d'un super ministère de l'écologie censé intégrer une dimension environnementale dans l'ensemble des politiques publiques, les interventions se multiplient au sein des instances internationales sur les conséquences prévisibles du réchauffement climatique sur les ressources en eau et la nécessité d'adopter des mesures concertées. Le secrétaire général des Nations Unies vient ainsi de lancer un appel à l'unité pour lutter contre le changement climatique et améliorer l'accès aux ressources en eau. Lors de son intervention, M. Ban Ki-Moon a insisté sur le fait que le changement climatique nécessitait une action sur le long terme à l'échelle mondiale. Il a exhorté les États membres à mener une action concertée pour résoudre le problème de la pénurie des ressources. Il n?a pas hésité à prévenir que l'absence d'accès à l'eau, à l'énergie et à d'autres ressources essentielles dans certaines régions du monde pourrait conduire à de graves conflits. C?est que l'enjeu est majeur et l'échec interdit : de 250 millions à 1 milliard de personnes risquent d'être déplacées d'ici au milieu du siècle en raison des pénuries d'eau douce dues au changement climatique, du fait de la réduction des capacités agricoles de certaines régions de la planète et de phénomènes climatiques extrêmes. La FAO s'alarme également des conséquences du réchauffement de la planète qui accroit la fréquence et l'amplitude des sécheresses. Et ceci alors que la population mondiale doit atteindre 8,1 milliards d'hommes d'ici 2030 ce qui nécessitera de prélever 14% d'eau en plus rien que pour les besoins de l'agriculture. Car, rappelle la FAO, la nourriture dépends de l'eau. Sans eau, pas de production et sans production, pas de nourriture. Fait sans précédent, le Conseil de sécurité des Nations Unies lui-même s'est penché sur la question en cherchant à analyser les conséquences des changements climatiques sur la paix et la sécurité internationale. Pas moins de 50 délégations ont planché le 17 avril dernier sur les liens entre l'eau, l'énergie, la sécurité et le climat. C?est dire que presque partout la prise de conscience progresse. L?idée selon laquelle l'heure n?est plus au diagnostic mais à l'action concertée gagne du terrain. Tout comme la nécessité de répondre à un problème global par une solution globale. En France où l'écologie et l'environnement semblent en passe de devenir une priorité de l'action publique, ces évolutions sont également perceptibles. Le fameux « Grenelle de l'environnement » promis par le nouvel exécutif pour la seconde quinzaine d'octobre doit permettre de créer les conditions d'une négociation permettant d'adopter des mesures concrètes sur différents enjeux environnementaux. Parmi ceux-ci, le changement climatique et ses conséquences, mais aussi la préservation de la biodiversité, la santé et l'environnement, la gestion des ressources naturelles, dont l'eau, et la gouvernance écologique. Là encore, la nécessité de passer du diagnostic à l'action dans le cadre d'une démarche concertée est mise en avant. « Le Grenelle de l'environnement ne sera pas un énième colloque pour constater l'urgence écologique et conclure qu'il faut agir. L'époque des colloques est derrière nous. Le temps est à l'action » a pris soin de préciser le nouveau chef de l'Etat. Après tant d'années durant lesquelles le discours a trop souvent tenu lieu de politique, le temps de la prise de conscience et de l'action serait-il enfin venu ?