Your browser does not support JavaScript!

Edito

Eau & énergie : trop peu, mais pas trop tard

28 février 2022 Paru dans le N°449 à la page 3 ( mots)
© DR

Deux ans après le début de la pandémie, l'économie mondiale continue de se rétablir, mais reste confrontée à des défis importants, relève le baromètre Coface T4 2021. Après l'accalmie du 3ème trimestre 2021, Omicron a remis en exergue l'imprévisibilité de la pandémie et a exacerbé l'un des principaux facteurs affectant la reprise : les perturbations des chaînes d'approvisionnement.

En Europe, des goulots d’étranglement, conjugués à une forte demande, ont entraîné une hausse inédite des prix à la production et de l'énergie. Si un retour à la normale reste difficile à prévoir, il semble que l’espoir d'une détente progressive à partir du 1er semestre 2022 soit trop optimiste et que les perturbations et les pénuries de matériaux se prolongent, analyse l’assureur crédit.  

En France, pour tenter d’atténuer l’augmentation historique des prix de l'électricité et du gaz, le gouvernement a mis en place un bouclier tarifaire afin de protéger les consommateurs qu’ils soient particuliers et entreprises, ce qui, en ces temps d’élections, n’est pas tout à fait neutre.

Mais ces mesures de court terme, prises en urgence, mettent avant tout en lumière la fragilité du système de couverture contre une hausse des prix de l’énergie. Au grand dam de l’AMF et de la FNCCR qui ont réalisé une enquête sur les conséquences de la hausse des coûts sur les services publics, cette intervention ciblée reflète aussi l’incapacité du gouvernement à maîtriser les effets persistants de la situation sur les collectivités locales.

Aussi, pour les organisations, ce moment fort doit inviter à la mobilisation afin que les collectivités et groupements d’achats puissent bénéficier rapidement des aménagements adéquats pour affronter cette crise et préserver la qualité et la compétitivité de services publics indispensables à la population.

Règles de concurrence et TRV (tarifs réglementés de vente), dotation d’urgence, aménagement du code de l’énergie, remise à plat du système d’achat par accord cadre et marchés subséquents… les chantiers pour relever ces défis doivent être ouverts sans plus attendre expliquent Lionel Guy, chef du service Energie Renouvelable et Maitrise de la Demande et Régis Taisne, chef du département Cycle de l’eau à la FNCCR dans l’interview à lire dans ce numéro. 

Consommatrices d’énergie qui peuvent représenter de 10 à 15% des dépenses de fonctionnement, les collectivités et leurs services d’eau et d’assainissement peuvent être actrices des grandes transitions, et apporter plus à l’économie, à la cohésion sociale et territoriale. Or, « si aucune décision ne semble avoir encore été prise, les collectivités concernées s’interrogent dès à présent sur les mesures à prendre pour résorber ce déficit, avec comme principaux leviers l’augmentation des tarifs mais aussi la réduction des dépenses, parmi lesquelles celle d’investissements », prévient Régis Taisne. 

Ainsi, pour le rôle central qu’elles jouent dans un contexte d’instabilité énergétique, elles doivent être entendues et soutenues en particulier via une politique de mix énergétique avec l’achat direct d’énergie « verte », le développement et la production de gaz renouvelables à travers le développement d’unités de méthanisation, la rénovation énergétique des bâtiments, ou encore dans la stimulation de l’innovation industrielle en produits et services.

Pascale Meeschaert