BWT vient de lancer, à l’occasion du salon Pollutec, sa solution de e-water management pour le diagnostic et le suivi du cycle de l’eau dans l’industrie. Développée avec son partenaire Aquassay, l’application Vision permet aux industriels, via une interface Web sécurisée, d’optimiser les consommations d’eau et les traitements associés, de simplifier les opérations de contrôle, de diminuer les coûts d’exploitation et de réduire l’impact et les risques environnementaux. Rencontre avec Thomas Feron, l’un des concepteurs de la solution Vision, par ailleurs Responsable commercial Industrie chez BWT France.
L’Eau, L’Industrie, les Nuisances : En quoi
consiste cette solution Vision que vous vous apprêtez à commercialiser ?
Thomas Feron : Vision est la traduction
concrète du regard que BWT porte sur la gestion du cycle de l’eau dans
l’industrie. Le concept de départ de Vision repose sur un constat
partagé : les fortes tensions à la fois quantitatives et qualitatives qui
pèsent sur la ressource, même en France, imposent désormais la mise en place d’une
gestion optimisée des consommations d’eau. De la même façon que les industriels
ont été incités il y a quelques années à améliorer leur efficacité énergétique,
nous les sensibilisons aujourd’hui à travailler leur efficacité hydrique. Les
gisements sont potentiellement importants car si les industriels appréhendent plutôt
bien les coûts directs associés à l’eau qu’ils utilisent, il existe des coûts
indirects trop souvent négligés qui affectent la performance industrielle. La
révolution numérique que nous connaissons et l’essor du big data permettent d’élaborer
des outils qui aident l’industriel à mieux appréhender la gestion du cycle de
l’eau au sein de ses process. Vision est l’un de ses outils.
EIN : Quel est le principe de cet outil ?
TF : Le principe de Vision repose une bonne connaissance
et un suivi en temps réel de l’ensemble des indicateurs clés associés à
l’utilisation de l’eau sur un site industriel. La première phase consiste à
identifier ces indicateurs clés avec le concours de l’industriel. Puis à
déployer sur les process concernés les outils qui vont permettre de collecter
les données sélectionnées : capteurs de niveau, pression, pH, turbidité,
température, de dco…etc.
Les données collectées
font ensuite l’objet d’un traitement élaboré au sein d’une box via des
algorithmes spécialement développés par BWT avant d’être centralisées sur un
serveur personnalisé pour chaque industriel. Ce serveur permet un accès direct et en temps réel aux données récupérées
via une interface Web sécurisée et confidentielle depuis n’importe quel endroit,
et sur n’importe quel support, typiquement un PC, une tablette ou encore un Smartphone.
Ce monitoring automatique permet par exemple de suivre en temps réel les consommations
mais également bien d’autres indicateurs clés de l’installation grâce à des
fonctionnalités sur-mesure : par exemple l’affichage en temps réel de toutes
les données brutes ou modélisées, la préparation et l’envoi automatique de rapports
ou encore l’envoi d’alerte en cas de dérive des indicateurs.
EIN : C’est ce monitoring qui va permettre
d’optimiser la gestion de l’eau sur le site ?
TF : La possibilité
de visualiser en temps réel l’ensemble du cycle de l’eau sur ses process va lui
permettre d’enregistrer des gains à plusieurs niveaux : Il va par exemple
pouvoir optimiser ses consommations d’eau mais aussi les consommations de
produits chimiques et d’énergie associées : moins d’eau, c’est bien
souvent moins de produits chimiques et moins d‘énergie. Vision va également lui
permettre d’intervenir de manière proactive sur ces installations pour empêcher
l’apparition de désordres susceptibles d’affecter la production en occasionnant
des arrêts, sources de pertes d’exploitation importantes. La pérennité des outils
de production s’en trouvera améliorée. Enfin, et après une phase
d’apprentissage, Vision aura également la capacité d’interpeller l’industriel
par rapport à des situations complexes, voire des problématiques
antérieures.
EIN : De quelle façon ?
TF : Dans un
premier temps, le monitoring des installations va
permettre la préconisation de solutions techniques simples et validées. Puis, en
détectant les dysfonctionnements et les points d’amélioration, l’intelligence
de Vision va permettre d’anticiper les défauts, de mettre en œuvre des
actions de maintenance préventive adaptées, de gagner du temps tout en
économisant. On est là dans le prédictif, et assez proche de l’intelligence
artificielle….
E.I.N : Vision peut-il concerner plusieurs sites ?
TF :
L’application Vison peut concerner une installation, un site, voire même
plusieurs sites. La possibilité existe par exemple pour le responsable
technique d’un groupe, de suivre les process eau de plusieurs usines sur une
même interface. Sur un seul et même écran, il peut ainsi réaliser un benchmark
de l’ensemble de ses sites par rapport à leur production.
E.I.N. : Quels sont les gains qu’un industriel peut
espérer réaliser en déployant Vision ?
TF : Ces
gains sont liés à l’optimisation des consommations d’eau et des traitements, à la
simplification des opérations de contrôle, à la diminution des coûts
d’exploitation et à la sécurisation des process. Pour être tout à fait complet,
il faudrait y ajouter la valorisation, en terme d’image, associée à la
réduction de l’empreinte eau de l’industriel et la réduction des risques
environnementaux.
Il
est donc difficile de donner un ordre de grandeur précis, d’autant que c’est
toujours l’étude préalable réalisée au départ qui va nous permettre de nous
engager sur des bases précises. On peut cependant affirmer que sur des
applications ayant trait à des eaux de chaudières par exemple, on observe
souvent des retours sur investissements inférieurs à un an.
A
titre d’exemple, nous déployons actuellement la solution chez un industriel du
sud de la France qui consomme plus de 1 million de m3 par an. Ce projet va lui
permettre d’économiser plus de 100.000 m3 d’eau chaque année avec un retour sur
investissement inférieur à 14 mois.
E.I.N. : Comment vous rémunérez-vous sur ce type de
solution ?
TF : Vision fait l’objet d’un contrat conclu sur plusieurs
années au cours desquelles l’industriel s’acquitte d’un forfait mensuel. Le montant
de ce forfait dépend du nombre de variables que nous avons à gérer et de la
version choisie de Vision. Il en existe
trois, la plus élaborée donnant accès à l’approche prédictive que j’évoquai
tout à l’heure.
E.I.N. : Ou en êtes-vous du déploiement de
Vision et quels sont vos objectifs ?
TF :
Nous avons achevé il y a quelques mois une ultime phase de tests si bien
qu’aujourd’hui, une vingtaine d’applications Vision tournent en conditions
réelles chez des industriels en France. La version actuellement en place repose
sur des applicatifs qui concernent essentiellement les eaux d’utilités,
notamment les eaux de chaudières
et de refroidissement. Nous travaillons actuellement sur une version qui
concernera également les eaux de process et qui sera disponible dès la fin du
mois de janvier.
En
termes de déploiement, nous nous sommes fixés des objectifs sur trois ans. Pour
l’année 2017, nous avons pour objectif d’équiper 200 installations et plus
encore en 2018 et 2019. La priorité est à un déploiement rapide en France. Mais
l‘accord signé avec notre partenaire Aquassay est un accord européen et le
concept a pour vocation d’être développé au sein du groupe BWT dont la couverture
est plutôt européenne.
Propos
recueillis par Vincent Johanet