Grâce aux travaux réalisés en partenariat avec le laboratoire E2Lim de l’Université de Limoges, Matthias Monneron et son équipe d’Ecométrique entendent bien dépasser les dispositifs d’échantillonnage passif pour surveiller l’état écologique des masses d’eaux en portant leur démarche sur une prestation d’étude globale de suivi des micropolluants.
Chercheur depuis 4 ans dans le domaine de la chimie, et plus spécifiquement dans l’étude des contaminations organiques (pesticides, médicaments) des cours d'eau, Matthias Monneron dirige aujourd’hui Ecométrique, une spin off issue du laboratoire E2LIM de l’université de Limoges. Son objectif ? Elever en maturité les techniques d’échantillonnage en orientant les programmes de recherche au plus près des problématiques de terrain pour s’inscrire en complémentarité avec les acteurs locaux dans une démarche globale d’études de suivi des micropolluants. « Créée en janvier 2022, Ecométrique est une jeune start-up qui avait pour objectif d’absorber une partie de la charge opérationnelle de l’équipe de recherche du laboratoire E2Lim dédiée à la métrologie des micropolluants. L’idée étant, de mettre à disposition de tous les acteurs impliqués dans le domaine de l’eau des outils d’échantillonnage permettant le suivi de la qualité des eaux sur des périodes de une à trois semaines afin d’obtenir une image plus cohérente de la qualité des eaux en question », explique Matthias Monneron. Car économiquement, l’étude des micropolluants coûte très cher aux collectivités.
Applications potentielles
Les prestations de l’équipe Ecométrique embrassent large, visent toutes les masses d’eaux, qu’elles soient littorales, estuariennes, continentales, de baignades, de surfaces, ou encore potables, puisque l’ambition affichée est de pouvoir interpréter les données de la manière la plus exhaustive possible afin d’établir un diagnostic de pollution poussé qui tienne compte du contexte local.
De la détermination de la stratégie d'échantillonnage au choix des échantillonneurs passifs en passant par les molécules à analyser, le déploiement sur le terrain et l’interprétation des données, « nous sommes les seuls à assurer la globalité du processus et à offrir l’interprétation des données de façon cohérente, estime le dirigeant. Nous avons le parc analytique qui convient pour faire des analyses de routine sur tous les micropolluants, qu’il s’agisse de pesticides, résidus pharmaceutiques, hormones et autres perturbateurs endocriniens, et élaborons, grâce à notre data-scientist, tout un processus d’automatisation qui remet en contexte les données obtenues avec le milieu ».
Techniquement parlant
Grâce à la variété des informations démographiques, météorologiques, géospatiales, sanitaires, environnementales récupérées en open data, Ecométrique peut alors interpréter à large échelle les campagnes de monitoring réalisées sur le terrain (suivi des micropolluants et paramètres globaux) pour construire des synthèses graphiques et interactives sur mesure permettant aux exploitants d'appréhender les sources de contamination.
« L’objectif est de pouvoir augmenter toujours plus la fiabilité des échantillonneurs passifs et le nombre de molécules analysables par cette technologie pour l’appliquer en routine sur des rejets de stations d’épuration, déversoirs d'orage, de STEP industrielles voire d’activités agricoles, qui sont aujourd’hui faiblement suivies ».
Pour l’heure, la démarche prioritaire d’Ecométrique est de développer la culture du suivi global des micropolluants comme un des piliers de la gestion de la ressource en eau. « On voit des micropolluants qui sont émergents, des PFAS que l’on ne suivait pas. La problématique n’est pas nouvelle mais la prise de conscience l’est ».
Ce constat révèle donc l’urgence de ne pas s’arrêter à l’aspect quantitatif de la ressource en eau mais de construire des modèles qui prennent en compte les données qualitatives pour analyser la résilience des infrastructures de gestion à ces évolutions, souligne Matthias Monneron. « Car qui dit manque d’eau, dit pression beaucoup plus importante sur la ressource existante et donc potentiellement plus de contamination ».
Au regard du potentiel d’application, le programme de travail s’annonce dense pour Ecométrique tant les collectivités et industriels intéressés sont nombreux. « Nous pouvons créer pour chaque exploitant le service qui s'adapte à ses besoins et transformer ses habitudes de surveillance du milieu. Il n’y a aucun problème de bonne volonté, juste des processus de décision plus ou moins longs » reconnait Matthias Monneron.
Pascale Meeschaert