Enviroconseil Assainissement est un bureau d’études spécialisé, indépendant et responsable, qui développe des solutions efficaces et durables dans le domaine de l’assainissement autonome en associant un réseau de partenaires collaboratifs avec une maitrise totale de toutes les étapes de chaque projet. L’objectif de ce nouveau réseau d’experts ? Créer un pôle d’excellence reconnu par les professionnels du secteur et par les clients. Rencontre avec Alain Hangen, Gérant-fondateur du réseau Enviroconseil.
Revue L’Eau, L’Industrie, Les
Nuisances : Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à créer Enviroconseil ?
Alain Hangen : J’ai créé le
bureau d’études Enviroconseil en 2008, puis la société Enviroconseil SAS
assainissement un peu plus tard. Jusqu’à 2008, j’avais travaillé dans les
domaines de la dépollution atmosphérique et la dépollution de sols. Dès cette
époque, travaillant beaucoup avec les fabricants Outre-Rhin, j’avais eu
l’occasion d’apprécier le sérieux des solutions proposées par les fournisseurs
et prestataires allemands dans le domaine de la dépollution. Amené à travailler
dans le domaine de l’assainissement autonome, j’ai constaté que ce secteur n’obéissait
pas à des règles permettant aux dispositifs installés de fonctionner
efficacement. C’est ce qui a motivé mon engagement.
Revue EIN : Quel était votre constat à
l’époque ?
A.H. : J’ai constaté qu’en
France, les solutions proposées par la plupart des prestataires reposaient sur
une obligation de moyens qui consistait à implanter un dispositif de traitement
pour atteindre, peu ou prou, au moins au moment de son installation, les normes
de rejets requises. A l’inverse, j’ai été séduit par la démarche qui prévalait
en Allemagne et qui reposait, elle, sur des principes totalement différents car
assis sur une obligation de résultats. Mon expérience professionnelle, autant que ma façon de travailler,
m’ont incité à transposer cette culture du résultat au secteur de
l’assainissement des eaux usées domestique par de petites unités autonome
appelées couramment ANC.
Revue EIN : Comment avez-vous procédé ?
A.H. : Nous avons rencontré
quelques difficultés au départ, tant au niveau des partenaires prêts à jouer le
jeu, qu’au niveau des clients qui n’étaient pas excessivement sensibilisés aux
performances de l’installation qu’ils envisageaient d’acheter. Quant aux SPANC,
dont beaucoup étaient encore en phase de montée en puissance, leurs positions
comme leurs préconisations techniques étaient parfois hétérogènes d’un secteur géographique
à un autre, ce qui ne facilitait pas l’émergence de règles communes permettant
de promouvoir un assainissement autonome de qualité. Dans le domaine de l’ANC,
la France a cumulé les handicaps en démarrant très tard et en laissant
s’installer une sorte de culture du « laisser-faire ».
Revue EIN : Quelles solutions avez-vous développé ?
A.H. : Le développement d’une solution efficace
et durable ne se conçoit pas sans recourir à des techniques de plus en plus sophistiquées.
C’est l’une des raisons pour lesquelles notre choix s’est tourné vers les
industriels d’Outre-Rhin qui maitrisent les techniques aujourd’hui considérées
comme les plus avancées. C’est le cas du groupe Bergmann, qui dispose aujourd’hui
de plus de 20 années de recul dans le domaine de l’assainissement non
collectif. Ce groupe a su développer des réponses
concrètes permettant de remédier aux difficultés que nous avions observé dans
le domaine de l’ANC. D’abord en adjoignant systématiquement à chaque microstation
une solution de télégestion permettant de suivre, de surveiller et corriger en
continu, son bon fonctionnement. Ensuite en proposant le procédé épuratoire
WSB®, technique MBBR (Moving
bed biofilm reactor), capable de
faire face aux phénomènes chroniques de sous-charge des microstations.
Revue EIN : Restons un moment sur cet
aspect télégestion. En quoi cela constitue-t-il une réponse aux problèmes de fonctionnement
d’une microstation ?
A.H. : La télégestion constitue
une réponse très concrète aux problèmes récurrents qui se posent au niveau de
la mise en route d’une microstation, mais également tout au long de sa durée de
vie. Elle permet d’assister l’installateur dans le cadre de la mise en œuvre,
de s’assurer du fonctionnement correct de l’installation au démarrage, puis,
via la télémaintenance, de vérifier, en continu, son bon fonctionnement. A ce
titre, la en œuvre l’obligation
de résultat dont je parlais tout à l’heure. Quand je dis « nous », je
parle du fabricant qui exploite les données recueillies : le groupe
Bergmann, via sa plate-forme spécialisée, suit aujourd’hui plus de 50.000
microstations dans 25 pays du monde, ce qui lui permet d’une part de s’assurer
de la qualité de leur télégestion est l’un des moyens qui nous permet de
mettre très concrètement mise en œuvre, et d’autre part de s’engager dans une
démarche d’amélioration continue grâce à l’analyse des données recueillies. Mais
ce « nous » englobe également Enviroconseil et ses partenaires, qui
peuvent ainsi suivre de près le bon fonctionnement de leur parc clients. De
même, il est possible, pour les SPANC qui le souhaitent, d’obtenir un code
d’accès leur permettant de vérifier que les stations fonctionnent correctement via
certains paramètres fonctionnels comme l’oxygène dissous, le pH, l’ammonium et
qu’elles sont suivies et entretenues de manière régulière.
Vous voyez donc
bien que cette solution constitue une réponse à différents problèmes, notamment
ceux liés à la mise en route et aux contrôles réguliers des équipements de
traitement et de leurs accessoires périphériques.
Revue EIN : Quel est le coût d’un
dispositif tel que celui-ci ?
A.H. : Le coût de ce
dispositif de télégestion s’insère dans le cadre du contrôle technique annuel
de l’installation qui est de 150 €. Chaque année, un technicien se déplace pour
examiner les composants de la microstation, vérifier leur bon état de
fonctionnement, et éventuellement remédier à une anomalie que la télégestion aurait
pu révéler. Cette intervention fait l’objet d’une transcription dans un journal
de bord digital, dématérialisé pour être accessible à distance. Toutes les
microstations étant géolocalisées, la transparence et la traçabilité sont
totales.
Revue EIN : Venons-en au process
épuratoire. Quels sont les avantages du MBBR ?
A.H. : Le MBBR repose sur un traitement biologique breveté WSB® de type culture fixée, que le groupe Bergmann
exploite depuis 1997. La biomasse est fixée sur un support synthétique de petite taille (9,1 mm) et de faible
densité, maintenu
en suspension par la fluidisation, le
réacteur étant
dimensionné selon
l'importance de la charge de pollution à traiter. Cette
technologie permet de traiter la pollution carbonée et azotée en allant bien
au-delà des niveaux de rejets requis, de façon durable (les supports sont
garantis 20 ans), et en consommant peu d’énergie. C’est donc un procédé performant
et sobre. Il présente également l’avantage de répondre de manière efficace aux
phénomènes chroniques de sous-charge : les microstations étant
dimensionnées en fonction des capacités maximales d’une habitation, elles se
trouvent, de facto, en sous-charge, dès lors que toutes les pièces de
l’habitation ne sont pas occupées, ce qui est bien plus fréquent qu’on ne le
pense. Le niveau d’effluents n’est alors plus suffisant pour alimenter efficacement
la biomasse.
Revue EIN : Ces réponses techniques suffisent-elles à promouvoir un assainissement de qualité ?
A.H. : Ces réponses
sont nécessaires mais elles ne suffisent pas. L'originalité de notre démarche
ne concerne pas seulement les produits, les procédés ou les services, mais
aussi notre propre organisation qui, à l’ère du numérique, est devenue un
facteur-clé de la compétitivité. C’est pourquoi nous avons opté pour un modèle
de développement en réseau qui s'appuie sur l’expertise de chacune des
entreprises qui le compose pour dépasser les habitudes et promouvoir un
assainissement plus raisonné. C’est ainsi que Enviroconseil Assainissement se
présente sous la forme d’un guichet unique qui maitrise toutes les étapes de
chaque projet, de l’étude préalable jusqu’à la mise en route des installations
de traitement. Son expertise repose sur la capacité des entreprises à
collaborer ensemble, de manière à additionner les expertises et garantir au
client les résultats qu’il est en droit d’obtenir.
Revue EIN : Un assainissement plus
raisonné, c’est un assainissement mieux mis en œuvre ?
A.H. : Mieux mis en
œuvre sur la base de produits sélectionnés de qualité, durables, suivis et contrôlés
dans le temps. Mais c’est aussi un assainissement plus adapté, mieux pensé,
plus réfléchi, en un mot plus durable. Je le dis souvent aux élus et aux
techniciens que je rencontre : il faut penser plus souvent à regrouper les
projets autour du petit collectif. C’est à la fois plus efficace et moins cher.
Ainsi, au niveau d’un lotissement, regrouper une trentaine d’habitations autour
de 2 ou 3 petites stations s’avère bien plus pertinent que de laisser les
habitants s’équiper d’équipements individuels hétérogènes que le SPANC aura
ensuite le plus grand mal à suivre dans le temps…
Revue EIN : Mais c’est aussi
plus compliqué, plus lourd à gérer, et les prestataires capables de s’engager
sur de tels projets sont peu nombreux….
A.H. : C’est vrai et c’est la raison pour
laquelle je suis en train de réfléchir à un nouveau projet qui consiste à
former de vrais professionnels au sein d’une nouvelle association qui regroupera
des économistes de l’assainissement et des bureaux d’études qui souhaitent
faire autre chose que des études de sols. L’idée consiste à former des jeunes qui
soient capables de prendre des engagements et qui soient désireux de promouvoir
un assainissement vraiment durable sans se cacher derrière une assurance
décennale. Il s’agit de mettre un terme à la spirale du « moins disant »
qui conduit aujourd’hui à vendre des microstations comme on vends des machines
à laver. Il s’agit de professionnaliser les pratiques, de gagner en
transparence, et de travailler de concert avec les collectivités territoriales
et les agences, pour promouvoir un assainissement vraiment durable. Et pour
ceci, il faut changer les méthodes et les habitudes, ce qui passe par la
formation de véritables spécialistes.
Revue EIN : C’est une œuvre de longue
haleine….
A.H. : Oui, mais les
choses avancent rapidement, nous sommes en train de constituer une équipe. Nous
allons prochainement ouvrir une agence à La Baule, nous serons ainsi présents
en Bretagne, sur le Grand Est, sur la région Rhône-Alpes et bientôt également
dans le Sud-ouest. La proximité est aussi un élément clé de la qualité.
Revue EIN : Promouvoir un
assainissement plus performant, ce n’est pas aller vers un assainissement plus
cher, à l’heure ou bien des particuliers jugent déjà l’investissement de départ
élevé ?
A.H. : Nullement. A
la condition, comme nous le faisons, de conserver la maitrise complète des
opérations. Car même si, dans le cadre d’une opération classique, 70% du
travail est réalisé par notre société, nous conservons 100% des prises de
décision et assumons 100% des responsabilités. La performance s’exprime par une
capacité à atteindre une finalité. Bien évidemment, cette finalité, dont vous
avez compris qu’elle consiste à atteindre un assainissement performant et vraiment durable, ne
doit pas entrainer de plus-value financière.
Propos recueillis par Vincent Johanet