L’optimisation des coûts énergétiques est devenue un enjeu central pour l’industrie hydrique, où l’énergie représente 40 % des dépenses d’exploitation des stations d’épuration (OPEX), selon la FP2E 2024. Dans ce contexte, les nouvelles exigences réglementaires, notamment la directive européenne 2023/741 sur l’efficacité énergétique, imposent un suivi horaire des indicateurs clés tels que le ratio kWh/m³ traité ou encore l’énergie consommée par DBO éliminée.
Avec le rachat d’Energiency, EPSA déploie une approche hybride combinant intelligence artificielle et expertise en gestion énergétique. La solution mise en place repose sur une cartographie énergétique dynamique des procédés, capable d’identifier les surconsommations sur les moteurs de plus de 50 kW conformément à la norme ISO 50009. Elle intègre également un module d’aide à la décision permettant d’optimiser les régimes de fonctionnement des pompes et compresseurs, réduisant ainsi les pics de puissance de 18 à 22 %, selon un benchmark mené sur 87 sites clients. Le dispositif s’accompagne d’un reporting automatisé des indicateurs réglementaires (décret BEGES), garantissant la traçabilité des données brutes grâce à une blockchain privée.
Les premiers tests menés sur des stations de méthanisation confirment l’intérêt de cette technologie. L’ajustement des boucles de chauffage des digesteurs grâce à la maintenance prédictive des échangeurs a permis d’atteindre des gains énergétiques compris entre 12 et 15 %. En parallèle, l’optimisation du traitement par ozonation a réduit la consommation d’énergie de 20 %, tout en maintenant un taux de carbone organique total (TOC) résiduel inférieur à 2 mg/L. L’intégration du système avec les automates Siemens PCS7 et Rockwell PlantPAx s’est déroulée sans friction, ouvrant la voie à une adoption à plus grande échelle.
Au-delà des stations d’épuration, cette technologie pourrait s’appliquer à d’autres segments de l’industrie de l’eau. L’analyse vibratoire des pompes haute pression permettrait, par exemple, une gestion préventive des membranes de nanofiltration et d’osmose inverse (NF/RO). Dans le secteur du dessalement, l’optimisation des paramètres énergie/qualité représenterait un levier économique significatif, chaque kWh économisé se traduisant par une réduction des coûts d’OPEX estimée à 0,15 €/m³ selon une étude menée par SUEZ en 2024. Par ailleurs, la mutualisation des données énergétiques entre sites favoriserait l’émergence de réseaux d’eau à énergie positive.
« L’IA ne remplace pas l’expertise process, mais elle donne aux exploitants une vision hypergranulaire pour prendre des décisions éclairées en temps réel », explique Arnaud Legrand, CEO d’Energiency.
Grâce à un portefeuille de 62 brevets sur les algorithmes d’apprentissage fédéré, EPSA se positionne comme un acteur clé de la transition énergétique appliquée aux services d’eau. L’entreprise inscrit cette démarche dans une logique d’écoconception, en conformité avec les exigences du Référentiel Général d’Écoconception des Centres de Données (RGEC).