Conscients des enjeux liés au développement durable, les professionnels de la piscine conduisent depuis plusieurs années des réflexions pour faire évoluer leur offre vers davantage de performance et de durabilité : diminution du volume d’eau, baisse des consommations d’énergie, innovations techniques, développement de la domotique…etc. Autant d’aspects qui préfigurent la piscine « basse consommation » de demain, qu’elle soit résidentielle ou commerciale.
C’est le constat réalisé par les professionnels à l’occasion
du salon mondial des professionnels de la piscine et du spa qui se tiendra à
Lyon du 15 au 18 novembre prochain : la démocratisation des piscines, dont le
nombre a plus que doublé en 15 ans, passant de 708 000 en 2000 à 1,76 million
en 2015, a été de pair avec la réduction de leur taille. Dans le même ordre
d’idée, en 30 ans, le volume d’eau nécessaire au remplissage d’une piscine
moyenne a été divisée par 3, la consommation d’énergie annuelle nécessaire à la
filtration par 4 et celle des chauffages par plus de 9 !
Piscines familiales : moins d’eau, moins d’énergie
Ces tendances concernent d’abord les piscines
familiales dont trois aspects sont jugés importants en matière d’environnement
: les économies d’énergie, les économies d’eau et le développement de produits
de traitement moins impactants sur l’environnement. Ainsi, de plus en plus de
bassins ont des volumes d’eau plus restreints. La piscine « pour nager » des
années 80 n’est plus vraiment d’actualité. Aujourd’hui, la piscine familiale
est une pièce supplémentaire de la maison, un art de vivre. Avec la réduction
des terrains disponibles et l’absence de contraintes réglementaires pour les
piscines de moins de 10 m², les standards ont évolué et sont plus soucieux des
contraintes environnementales. Les piscines actuelles demandent moins d’énergie
: il faut une pompe moins puissante, il y a moins d’eau à chauffer et moins
d’eau à traiter.
En matière de rénovation, la tendance est également
à la réduction de la taille et de la profondeur des bassins existants.
L’orientation vers le « moins d’eau » est une tendance de fond.
En outre, les techniques et technologies ont
fortement évolué permettant une optimisation énergétique. C’est notamment le
cas avec l’apparition de pompes à vitesse variable, la démocratisation des
pompes à chaleur et l’amélioration des performances énergétiques des produits
piscine dans leur ensemble.
Enfin, les automatismes en matière de traitement
permettent une meilleure gestion de l’eau. La régulation peut désormais se
faire de manière automatique pour le désinfectant et le pH. Dans la même
optique, la domotique se développe. Intervention et maitrise de la gestion de
la piscine à distance permettent une réelle anticipation.
Pour mieux appréhender l’impact carbone d’une
piscine, la Fédération des Professionnels de la Piscine (FPP) a, via sa
commission dédiée du Développement Durable, mis au point un logiciel de calcul qui
a montré un impact moyen assez faible : 350 kg de CO2 par an pour une piscine
de 8 x 4 m. « Moins gourmandes en eau,
avec des tailles adaptées aux petits jardins, et peu énergivores, les piscines
d’aujourd’hui sont entrées dans un cycle d’amélioration continue, visant à proposer
des piscines basse consommation », souligne la FPP.
Ces tendances vers l’optimisation devraient se
poursuivre et permettre de concevoir des piscines très basse consommation.
Plusieurs axes de progrès sont déjà identifiés en matière de traitement de
l’eau : sensibilisation des propriétaires à un usage raisonné des produits de
traitement, nouveaux modes de traitement de l’eau, perfectionnement du pilotage
automatique des électrolyseurs et pompes doseuses, augmentation des capacités
de filtration et diminution de la consommation des systèmes, amélioration de la
préfiltration, développement de systèmes d’automatisation.
L’optimisation des consommations énergétiques et
les économies induites sont tout aussi cruciales pour les collectivités locales
du fait des contraintes financières qui pèsent sur leurs budgets.
L’environnement est donc au cœur des projets de nouveaux équipements et de
rénovation de bassins existants.
Rénovée en 2008 selon une démarche de « Haute
Qualité Environnementale » et réaménagée dans un souci d’intégration paysagère
et optimisation énergétique, la piscine municipale Isabelle Jouffroy à
Caluire-et-Cuire en est un bon exemple. L’architecture du bâtiment présente
ainsi des revêtements de façades spécifique et un toit végétalisé de 400 m² qui
protège la vue sur les bassins. La piscine est également dotée de 220 m² de
panneaux solaires chauffant l’eau des sanitaires, et de 85 m² de panneaux
photovoltaïques produisant 8800 kwh d’électricité. La qualité de l’eau est optimisée
et l’arrosage des espaces verts assuré par des dispositifs de récupération des
eaux de pluie. Une réflexion a également été menée sur les économies liées au
renouvellement d’eau des bassins permettant une réduction des consommations de
10.000 m3 par an par rapport à 2012.
Une démarche portée par l’ensemble du personnel de
la piscine, comme le souligne Stéphane Guiard, son directeur : « C’est une réflexion partagée par tous les
agents. Nous gérons notre piscine comme nous gérons nos logements ! Prochain
chantier à l’étude : l’éclairage, avec l’utilisation potentielle de LED pour
optimiser nos consommations ».
Des préoccupations partagées par l’ensemble des
gérants de piscines publiques. « À
Décines, notre bâtiment est HQE, ce qui nous permet de mieux maitriser les
charges, souligne ainsi Julien Fouillet, directeur de la piscine de
Décines. Par exemple l’eau chaude
sanitaire est chauffée via des panneaux solaires sur le toit. Toutefois, au-delà de la conception de
l’équipement, nous avons, au quotidien, des enjeux à relever en matière
environnementale. Nous cherchons actuellement des moyens pour améliorer, de
manière intelligente, nos consommations électriques (utilisation de LED, mise
en place de calorifuge sur les tuyaux…) ».