Spécialisée dans les techniques membranaires, Firmus France conçoit, développe et commercialise des solutions de traitement fiables, économiques, et adaptées aux contraintes de chaque application. En moins d'une vingtaine d'années, cette société a su capitaliser de nombreux savoir-faire qui lui permettent aujourd'hui d'associer ou de combiner différents procédés pour identifier et déployer le meilleur compromis technico-économique. Rencontre avec Jean-Christophe Lasserre, Responsable Technique de Firmus France.
Revue L?Eau, L?Industrie, Les Nuisances : Pouvez-vous nous présenter Firmus France en quelques mots ?
Jean-Christophe Lasserre : Firmus France intervient dans le domaine du traitement des eaux et des effluents en mettant en ?uvre une large palette de technologies, des plus classiques aux plus innovantes, en privilégiant notamment les techniques membranaires dans lesquelles l'entreprise capitalise 25 années d'expérience : de la microfiltration à l'osmose inverse en passant par l'ultrafiltration et la nanofiltration mais également l'électrodialyse conventionnelle et à membranes bipolaires.
En prétraitement, nous mettons également en ?uvre des techniques classiques de type filtration sur sable ou floculation?décantation. Nous avons aussi recours aux charbons actifs et aux résines, mais plutôt en traitements de finition. Enfin, nous développons également une expertise particulière en évapo-concentration, en partenariat avec des spécialistes de ce traitement.
Revue L?Eau, L?Industrie, Les Nuisances : Qui sont vos clients et quelles prestations leur proposez-vous ?
Jean-Christophe Lasserre : Nos clients sont le plus souvent des industriels ou des collectivités confrontés à une problématique particulière de traitement mais nous travaillons aussi pour des PME et des bureaux d'étude. Nous pouvons intervenir à différents niveaux : de l'analyse des besoins en élaborant, par exemple, un cahier des charges et en sélectionnant les technologies les plus adaptées sur la base du meilleur rapport technico-économique, jusqu'au développement et à la livraison d'un procédé clé en mains.
Grâce à nos équipements, notre démarche est basée sur des études de faisabilité complètes que nous réalisons à partir d'échantillons envoyés par nos clients. Ceci permet, grâce à une parfaite maitrise du procédé envisagé, de pouvoir définir et dimensionner l'équipement industriel qui répondra à la problématique rencontrée par notre client.
Au delà de ces interventions, nous réalisons également des études de diagnostic et des expertises pour le compte d'exploitants soucieux d'optimiser leurs procédés.
Nous sommes aussi capables de réaliser, à la demande, des pilotes sur mesure à destination des centres de recherche, des laboratoires ou des industriels, pour qu'ils puissent réaliser en interne leurs propres essais de faisabilité ou de développement.
Pour toutes ces activités, nous sommes agréés au titre du crédit Impôt Recherche depuis 2012 et jusqu'en 2017.
Revue L?Eau, L?Industrie, Les Nuisances : Quels sont les moyens dont vous disposez pour proposer une palette de prestations aussi large ?
Jean-Christophe Lasserre : Au plan technique, nous nous disposons en interne d'un laboratoire qui nous permet d'être très réactif au plan analytique tout en suivant de près, quasiment en temps réel, les résultats de nos essais de traitement. Nous avons également, au sein d'une plateforme technique, différents bancs test et pilotes, de paillasse jusqu'au pilote préindustriel, permettant de mener des programmes de recherche ou de réaliser des essais dans le cadre de prestations de service, par exemple tester un procédé, ou trouver la membrane la plus adaptée à une application donnée ou encore évaluer l'efficacité d'un traitement de finition.
Au plan humain, la polyvalence de nos équipes pluridisciplinaires, associée aux partenariats que nous avons noués, nous permet de faire face à la plupart des besoins.
Revue L?Eau, L?Industrie, Les Nuisances : Quels sont les domaines dans lesquels Firmus développe une expertise particulière ?
Jean-Christophe Lasserre : En matière de traitement des digestats de méthanisation, nous sommes capables de proposer une solution complète reposant sur une succession d'étages membranaires (ultrafiltration et osmose inverse) pour traiter les digestats et permettre de les valoriser en matière fertilisante. Nos solutions sont adaptées aux caractéristiques de chaque digestat.
En Corse, près de Propriano, nous avons mis en ?uvre, dans le cadre d'une unité en container, un procédé reposant sur une osmose inverse double passe, capable de traiter 120 m3/ jour de lixiviat.
Dans un tout autre domaine puisqu'il s'agit d'eau potable, nous sommes récemment intervenus dans le Gard pour le compte d'une collectivité confrontée à un excès de turbidité dans ces eaux de forage. Nous avons réalisé des tests de faisabilité suivis d'une phase d'essais sur pilote sur site durant 3 mois, ce qui nous a permis de proposer un procédé de traitement efficace reposant sur l'ultrafiltration, et capable de fournir 12 m3/heure d'une eau potable exempte de matières en suspension et de micro-organismes.
Revue L?Eau, L?Industrie, Les Nuisances : Quel regard portez-vous sur le recyclage ou la réutilisation des eaux usées traitées ?
Jean-Christophe Lasserre : Nous réalisons beaucoup d'applications conduisant à un recyclage ou à une réutilisation des eaux usées traitées, dans l'industrie, dans le tertiaire ou pour le compte de collectivités. Le recyclage et la réutilisation se développent, même si, en France, le verrou règlementaire bride l'expérimentation. Ces applications nécessitent d'obtenir une certaine qualité d'eau qui reposera, selon les cas, sur différents types de membranes, notamment des membranes dites serrées caractérisées par des taux d'abattement très importants. Dans l'agroalimentaire par exemple, on nous demande souvent de concentrer des produits à basse température pour ne pas les dégrader. Dans ce cas précis, l'osmose inverse est l'une des solutions que nous privilégions.
Revue L?Eau, L?Industrie, Les Nuisances : Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?
Jean-Christophe Lasserre : Nous réfléchissons pour le compte d'un grand groupe hôtelier sur un projet qui va permettre de réutiliser les eaux grises dans des complexes hôteliers implantés dans des régions du monde sujettes à d'importants stress hydriques. Notre savoir-faire dans le domaine est issu des travaux de recherche que nous avons réalisé pour le compte de l'ESA (Agence Spatiale Européenne) qui a permis la réalisation du procédé de recyclage des eaux grises sur la Station Antarctique Concordia dont nous suivons le fonctionnement depuis 2005. Notre savoir-faire, dans le domaine, est quasi-unique et nous permet de proposer une solution validée qui a été utilisée par plus de 1 000 personnes depuis 10 ans. Ces eaux, une fois traitées, sont réutilisées en irrigation pour l'arrosage de jardins ou d'espaces verts, pour un usage en toilettes, mais aussi pour des usages liés à l'hygiène donc en douches et lavabos.
Nous proposons cette solution dans le cadre d'un consortium avec EDF Optimal Solutions, Sherpa Engineering et MRI car il est selon nous indispensable d'associer le recyclage des eaux grises avec une récupération énergétique et aborder ce sujet de façon globale au niveau de l'établissement. Nous disposons d'un logiciel unique permettant de simuler le fonctionnement du procédé et d'en estimer le temps de retour en fonction du prix de l'eau et de celui du kWh électrique.
Nous travaillons également sur un procédé permettant de recycler des eaux directement au sein d'un lave-linge, pour le compte d'un grand fabricant. Un pilote a été construit et livré à ce fabricant pour que des essais de faisabilité puissent être réalisés en interne avec différents types d'eaux, de lessives ou de linges. Il est en cours d'exploitation.
Revue L?Eau, L?Industrie, Les Nuisances : Quels sont vos atouts sur le marché assez concurrentiel du traitement des eaux ?
Jean-Christophe Lasserre : C?est sans doute notre réactivité, notre faculté d'adaptation et notre capacité à maitriser en interne, et au meilleur coût, les analyses, les études de faisabilité et le dimensionnement des procédés. Au delà de ces fondamentaux, nous ne sommes pas liés par le développement de procédés propriétaires qu'il faut valoriser. Par ailleurs, même si nous sommes amenés à répondre à des cahiers des charges très précis, nous restons toujours guidés par la recherche du meilleur compromis technico-économique. En techniques membranaires, par exemple, nous choisissons la membrane qui sera mise en ?uvre dans le cadre du procédé final, indépendamment de tout accord particulier. Notre force, c'est de pouvoir utiliser toutes les membranes disponibles sur le marché, sans être lié à un fabricant ou un fournisseur.
Propos recueillis par Vincent Johanet