Le 10ème Baromètre NUS Consulting sur les prix des services d'eau, publié par la FP2E, confirme la hausse modérée des prix de l'eau et de l'assainissement en France. Mais la vigilance reste de mise, notamment en ce qui concerne le niveau actuel des investissements.
Le Baromètre NUS Consulting porte sur les prix des services d'eau potable et d'assainissement constatés dans les 5 plus grandes villes de 10 pays européens. L?édition 2015, récemment publiée par la Fédération Professionnelle des Entreprises de l'Eau (FP2E), laisse apparaître un prix moyen des services d'eau et d'assainissement en France de 3,52?/m3 toutes taxes et redevances comprises (soit 0,35 centimes ? par litre) et de 4,05 ?/m3 pour l'ensemble de l'échantillon européen.
Cet écart de 13% par rapport à la moyenne européenne s'est creusé puisqu'il était de 11% en 2013. Aux extrémités de la fourchette, se situent le Danemark, où les tarifs des services d'eau sont les plus élevés (6,67? /m3 en moyenne), et l'Italie, où les services sont les plus bas (1,35? /m3 en moyenne).
La France affiche une augmentation des prix inférieure à la plupart de ses voisins européens. Entre janvier 2013 et janvier 2015, alors que les prix du panel ont en effet augmenté de 2,6% en moyenne annuelle, le prix en France n?a progressé que de 2%. Cette augmentation modérée est d'autant plus étonnante que le taux de TVA appliqué aux services d'assainissement a connu dans notre pays deux relèvements successifs en passant de 5,5% à 7% au 1er janvier 2012 puis à 10% au 1er janvier 2014.
La vigilance reste cependant de mise, notamment au regard du niveau actuel des investissements : l'évolution du prix des services d'eau et d'assainissement résulte en effet également des niveaux d'investissements réalisés dans chaque pays.
En France, selon l'étude BIPE/FP2E publiée en 2012, l'investissement dans les infrastructures s'élève chaque année à près de 6 milliards d'euros. Les entreprises de l'eau y contribuent à hauteur de 800 millions pour améliorer la qualité des services d'eau et d'assainissement, auxquels s'ajoutent 5 milliards investis par les collectivités elles-mêmes avec l'aide des départements, des régions et des agences de l'eau.
Ces investissements contribuent à la maîtrise, sur le long terme, des prix des services d'eau et d'assainissement français, constatée dans le baromètre NUS Consulting 2015. A l'inverse, des pays comme l'Italie (+ 9,7% entre 2013 et 2015) connaissent un phénomène de hausse sensible des prix, lié à la nécessité d'investir dans l'urgence pour moderniser et adapter leurs réseaux de distribution et d'assainissement.
Néanmoins, les chiffres révélés par l'étude sont le reflet d'efforts fournis dans un passé récent. Les données observées par ailleurs dans les services d'eau français traduisent une tendance à la baisse des investissements dans les infrastructures, qui est préoccupante. Notamment, le taux de renouvellement annuel des réseaux d'eau potable et les investissements qui y sont liés, sont des indicateurs à prendre en considération. Actuellement, 0,6% des réseaux d'eau potable est renouvelé en moyenne chaque année.
A ce rythme, il faudrait 160 ans pour les remplacer, alors que la durée de vie d'une canalisation est en principe de 30 à 80 ans. Les experts s'accordent à dire que l'objectif de renouvellement devrait être de l'ordre de 1,2 % du linéaire par an, en moyenne nationale. Autrement dit, le niveau d'investissement annuel de renouvellement, qui est de l'ordre de 800 millions d'euros, devrait être doublé et atteindre 1,6 milliards d'euros environ...