Le Réseau National de suivi des Températures (RNT), en cours de mise en place, permet de suivre en continu l’évolution de la température des cours d’eau en France. Le suivi de la température permet de mieux connaitre les effets potentiels de ce paramètre sur la biologie des écosystèmes aquatiques. Il ouvre également la voie à d’autres usages comme la gestion quantitative prévisionnelle ou de crise. Explications.
La température des cours d’eau joue un rôle
fondamental dans la dynamique des écosystèmes aquatiques. Elle reste pourtant négligée
en France, y compris dans le contexte des travaux menés sur le changement
climatique. En effet, ces travaux s’appuient le plus souvent sur des modèles
atmosphériques complexes dont l’un des résultats les plus emblématiques est la
prévision de l’évolution des températures atmosphériques. En ce qui concerne
les masses d’eau, les modèles intègrent par nécessité la question de la
température des océans, mais il n’existe que peu de travaux menés sur la
température des cours d’eau dans leur ensemble. Or, les milieux aquatiques
entretiennent des interactions fortes avec les autres milieux et ne peuvent pas
être vus de façon annexe.
Dans un cours d’eau, la température fait
partie, avec l’écoulement et l’oxygène, des principaux paramètres qui
interagissent pour créer les conditions de l’exercice de l’ensemble des
fonctions biologiques.
Par ailleurs, les facteurs qui influencent la
température d’un cours d’eau sont nombreux. Ils sont fonction du mode
d’alimentation (sources, précipitations, affluents, origines artificielles), de
sa géométrie (largeur, profondeur), de la morphologie de son lit, des
conditions météorologiques (notamment de la température de l’air), du couvert
végétal, du débit et des vitesses d’écoulement. Le rôle de la ripisylve a aussi
été mis en évidence : l’effet de l’absence de végétation en berge ou de
boisements sur le bassin versant peut générer une élévation de la température
de l’eau de plusieurs degrés.
L’action de l’Homme sur ces différents
facteurs a aussi un impact significatif sur la température des cours
d’eau : création d’un barrage, entretien ou non de la végétation de berge,
multiplication des plans d’eau sur un bassin versant, changement climatique...
Les bénéfices d’un suivi du paramètre
température sont donc multiples et permettent de faire émerger les
nombreux impacts de la température sur la biologie.
Encore faut-il disposer de chroniques de
mesures en continu et sur de longues périodes.
C’est la raison pour
laquelle l’ONEMA a mis en place en 2008 un Réseau
national de suivi des températures (RNT) des cours d’eau, qui permet de
tracer l’évolution des températures en continu sur le long terme, selon un
protocole standardisé. Grâce à ce réseau, il devient possible de corréler les
données de température avec les indices de qualité biologique et physico-chimique
des cours d’eau.
Un suivi et une attention particulière peuvent
ainsi être apportés aux cours d’eau atteignant et dépassant des seuils de
température a priori préjudiciables à la biologie.
Connaître précisément les températures de
cours d’eau et leur évolution est donc aujourd’hui une nécessité pour
appréhender les processus biologiques à l’œuvre. Même si l’antériorité des
données acquises est encore insuffisante pour appréhender les tendances de long
terme, des indicateurs peuvent d’ores et déjà être proposés pour une
caractérisation plus fine des cours d’eau. C’est ce qu’a montré le réseau de
mesure en continu mis en place dès 2003 sur la Loire en aval du bec de Vienne
et sur le bassin de la Maine : outre l’état des milieux aquatiques, ce
suivi peut aussi faciliter une gestion quantitative prévisionnelle ou de crise,
un suivi de l’impact de travaux, de l’urbanisation, etc…