Burgeap travaille depuis plus de 5 ans à sauver le Drac amont, l'une des grandes rivières emblématiques des Alpes. En quelques années, ce beau torrent montagnard au lit en tresses (le « Dragon »), était devenu un profond canyon argileux réduit à quelques mètres de large. L'année 2014 a vu la fin de travaux de restauration de grande ampleur dont Burgeap a été le maître d'oeuvre pour la Communauté locale de l'eau du Drac amont (CLEDA).
Le Drac, ressource en graviers
pour les travaux publics depuis les années 1970, a longtemps été perçu comme
exploitable et inépuisable. Suite aux crues de 2006 et 2008, la situation est
devenue critique : la rivière s'est s'enfoncée jusqu'à 4 m de profondeur, et de
façon irréversible, dans les marnes argileuses situées sous son matelas
alluvial de galets. La nappe alluviale a chuté, entraînant des conséquences
écologiques majeures sur la forêt alluviale, la faune et flore locales ; des
glissements de terrain ont commencé à se produire et menaçaient à terme une
route nationale, des habitations, des terres agricoles et la digue du plan
d'eau touristique du Champsaur.
Il était urgent d'intervenir,
sans quoi le phénomène d'érosion régressive se serait aggravé et se serait
poursuivi plus en amont. Grâce à une forte volonté locale, la solution choisie
a été innovante et a consisté à « recharger » le lit en alluvions empruntées
sur des anciennes terrasses du lit majeur. Près de 450 000 m3 de galets,
graviers, sables et limons ont ainsi été réinjectés sur 3,6 km pour rehausser
et remodeler le profil de la rivière tel qu'il était en 1960. La rivière a
retrouvé un style fluvial en tresses, avec des chenaux multiples et mobiles sur
80 à 200 m de large, alors que le lit avant travaux était rectiligne et réduit
à 30 m de largeur.
Burgeap a
assuré la maîtrise d'oeuvre du chantier (terrassement, protections de berge,
renaturation de milieux naturels, passe à poissons), et vient de réceptionner
ce projet atypique de 4,5 M€ porté par la CLEDA. Le projet a été financé par
l'Agence de l'Eau, le Conseil Régional PACA, le Conseil Général des
Hautes-Alpes, l'Europe, et la Communauté de Communes du Champsaur.
Les six mois de chantier ont été
menés tambour battant (60 engins, 80 hommes sur site, jusqu'à 15 000 m3
mobilisés par jour), et se sont déroulés en plein hiver pour profiter des
faibles débits et faire travailler 7 entreprises locales habituellement en
arrêt d'activité dans cette région de montagne. Les travaux ont utilisé des
techniques topographiques de pointe (LIDAR, GPS), permettant de maîtriser les
cotes altimétriques du lit restauré à 5 cm près sur une surface de 60 ha.
Il s'agit d'une première européenne en matière de restauration hydromorphologique de cours d'eau (au sens de la Directive Cadre sur l'Eau du SDAGE Rhône Méditerranée) : d'une part, par l'importance du volume de recharge sédimentaire (450 000 m3) ; d'autre part, par le fait que les travaux concernaient une rivière en tresses (style fluvial typique des rivières sauvages des Alpes et menacé).
Cette première
européenne, très importante sur le plan scientifique, est aussi à la croisée
des métiers de Burgeap : Eau, Sites et sols pollués, Aménagement durable. En
attendant les premiers résultats du suivi scientifique post-travaux, la
prochaine crue devrait transformer des terrassements volontairement uniformes
en une belle rivière en tresses.