Inaugurée à la mi-mars, la nouvelle installation de décantation primaire de l’usine d’assainissement Seine-Aval (Yvelines) constitue une avancée technique majeure dans le programme de modernisation du SIAAP. Dotée de décanteurs lamellaires et d’innovations en matière de récupération énergétique, elle marque une étape clé pour améliorer la performance épuratoire en Île-de-France.
Avec une capacité nominale de traitement atteignant 34 m³/s, soit plus de 50 piscines olympiques par heure, la nouvelle unité de décantation primaire de l’usine d’assainissement Seine-Aval (Achères, Yvelines) s’impose comme la plus importante installation de ce type en Europe. Mise en service mi-mars après un chantier de trois ans piloté par Veolia, cette infrastructure s’inscrit dans le vaste plan de rénovation des équipements du SIAAP, amorcé depuis plusieurs années, avec pour objectif prioritaire l’optimisation des performances épuratoires et la réduction de l’impact environnemental.
Située en amont du traitement biologique, la décantation primaire joue un rôle crucial dans l’élimination des matières en suspension et du phosphore. L’innovation principale repose sur l’introduction de décanteurs lamellaires à haute efficacité, capables de capter les particules les plus fines ainsi qu’une part significative de la pollution dissoute (phosphore, carbone). Cette technologie, particulièrement adaptée aux fortes charges hydrauliques, permet de renforcer la robustesse du traitement lors des épisodes pluvieux ou de pointe de charge.
Outre les performances hydrauliques, l’installation intègre plusieurs dispositifs destinés à améliorer l'efficience énergétique et environnementale. Un système de récupération de chaleur sur les effluents traités vient notamment compléter le dispositif. Par ailleurs, la conception des ouvrages privilégie des unités entièrement couvertes, associées à un traitement des odeurs, réduisant ainsi les nuisances olfactives et sonores pour les zones riveraines, un enjeu récurrent pour les installations d’assainissement à proximité de zones urbanisées.
Le coût global de cette réalisation atteint 511 millions d’euros, dont 171 millions apportés par l’Agence de l’eau Seine-Normandie, et 85 millions sous forme de prêts à taux zéro. Il s’inscrit dans une enveloppe globale de 4 milliards d’euros d’investissements programmés par le SIAAP sur dix ans, dont près du tiers pour la seule usine de Seine-Aval. Depuis sa création, le syndicat a déjà mobilisé plus de 10 milliards d’euros pour ses six usines franciliennes, dont Seine-Aval, plus grande station d’épuration d’Europe et deuxième mondiale après Stickney à Chicago.
Cette nouvelle infrastructure intervient également dans un contexte de remise à niveau globale du site d’Achères, qui doit à la fois répondre aux exigences réglementaires européennes en matière de qualité des eaux et compenser la perte d’unités détruites par l’incendie de 2019. La reconstruction de l’unité de clarifloculation (prévue pour 2027) et l’inauguration prochaine (juin 2025) d’une unité de méthanisation avec cogénération de biogaz (350 M€) viendront compléter le dispositif.
Pour François-Marie Didier, président du SIAAP, « la nouvelle installation complète les systèmes existants et permettra d'optimiser le processus de purification de l'eau ». Il souligne également que cette unité « répond à la priorité du SIAAP d'améliorer la sécurité industrielle et la performance épuratoire de ses usines ». Du côté de l’industriel, Estelle Brachlianoff, directrice générale de Veolia, insiste sur la réponse apportée « aux exigences réglementaires croissantes, mais aussi aux attentes des élus et riverains ».
Au regard des ambitions européennes en matière de rejets urbains dans les milieux aquatiques et des perspectives de traitement avancé, cette installation s’inscrit dans un mouvement plus large de montée en puissance technologique des infrastructures d’épuration à grande échelle. Elle anticipe également des besoins futurs en matière de traitement du phosphore, dont la récupération et la valorisation pourraient devenir un enjeu stratégique à moyen terme.