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Entreprises

INDIGAU : G2C environnement lance la phase de commercialisation

31 janvier 2011 Paru dans le N°338 ( mots)

Entre 800 millions et 1,3 milliards d'euros par an : c'est le montant des investissements que l'Office International de l'Eau estimait nécessaire en 2002 pour assurer le maintien du réseau d'eaux usées en France. L?importance de l'effort à consentir est tel qu'il nécessite de définir et de hiérarchiser au mieux les besoins, à l'aide de méthodes standardisées basées sur des critères objectifs, pour que chaque euro dépensé soit le plus utile possible. D?où la démarche de G2C environnement qui s'implique un peu plus encore dans la gestion patrimoniale des infrastructures en lançant dès le 1er janvier 2011 la commercialisation d'INDIGAU, un système d'aide à la décision en matière de réhabilitation des canalisations d'assainissement, à l'image de SIROCO dédié au réseau d'eau potable. Rencontre avec Jean-Christophe de Massiac, Responsable du Pôle Gestion Patrimoniale chez G2C environnement.

Revue L?Eau, L?Industrie, Les Nuisances : Quelle est la genèse du projet INDIGAU ? Jean-Christophe de Massiac : Comme vous le savez, la gestion patrimoniale des réseaux d'assainissement nécessite la mise au point de critères d'évaluation des performances des réseaux. Ces critères doivent permettre d'exploiter de nombreuses sources d'informations comme par exemple les inspections visuelles, l'auscultation des conduites ou encore les données issues de l'autosurveillance, etc. Le projet national RERAU (Réhabilitation des Réseaux d'Assainissement Urbains) a permis de définir un ensemble de critères et de méthodes pour établir les priorités d'inspections et de réhabilitations. A l'issue de ce projet, les exploitants de réseaux d'assainissement étaient demandeurs d'outils opérationnels pour étayer et rationaliser leurs décisions d'investissement. INDIGAU (Indicateurs de performances pour la gestion patrimoniale des réseaux d'assainissement urbains) vise à répondre à cette attente en proposant un système opérationnel d'aide à la décision permettant de gérer cette problématique. E.I.N. : Comment fonctionne concrètement INDIGAU ? J-C. d. M. : INDIGAU est un SaaS (Software as a Service) et se présente donc sous la forme d'un service Internet complet composé de modules logiciels. Outre l'accès aux logiciels proprement dits, les collectivités utilisatrices bénéficient également d'une assistance poussée qui, au-delà de la hotline classique, intègre un appui complet en phase de démarrage que nous appelons « phase d'initialisation ». Cette phase est très importante puisqu'elle conditionne l'exploitation optimale d'INDIGAU. Elle consiste à apporter à la collectivité concernée une assistance méthodologique pour lui permettre d'adapter le paramétrage d'INDIGAU aux spécificités locales et de l'alimenter avec ses propres données, quels que soient leurs formats et leurs origines : données SIG, interprétation d'ITV, etc' En effet le fonctionnement d'INDIGAU repose sur le croisement d'informations sur l'état du patrimoine d'une part, et sur le contexte et les enjeux locaux d'autre part (environnement, coûts d'exploitation, perturbation du milieu urbain?), ce qui peut nécessiter l'intégration d'un important volume de données. E.I.N. : Quelles sont les fonctionnalités d'INDIGAU ? J-C. d. M. : On peut les classer en trois grandes catégories. Une première fonctionnalité permet de normaliser les données dont dispose la collectivité concernée. Car, pour que ces données soient exploitables par INDIGAU, il faut qu'elles soient conformes à la norme EN13508-2 qui codifie les anomalies observées et les traduit dans un langage unique. C?est sur cette seule base que l'on pourra mettre en place le traitement automatique des données. Pour faciliter ce travail, INDIGAU intègre un module auto-apprenant de saisie rapide et de conversion qui permet de valoriser très rapidement les données de la collectivité concernée dans le format requis par la norme. La deuxième fonctionnalité est un système, calé à partir d'une base de données « tronçons / avis d'experts », qui permet de qualifier l'état du patrimoine sur la base de 10 indicateurs de dysfonctionnement : infiltrations, exfiltrations, effondrements, etc. A partir des informations contenues dans les rapports ITV, 10 notes sont attribuées aux tronçons inspectés. Cette fonctionnalité intéresse la plupart des collectivités car elle permet de disposer à tout moment d'une vision objective du patrimoine permettant de prendre des décisions rapides et étayées en cas de travaux sur la voirie par exemple. La troisième fonctionnalité d'INDIGAU concerne l'élaboration de programmes de réhabilitation sur la base d'une analyse multicritères. En matière de réhabilitation, l'état du patrimoine est certes important mais on ne peut pas se fonder sur cette seule information pour élaborer une politique de réhabilitation. Il faut également prendre en compte des informations contextuelles telles que les impacts d'une éventuelle défaillance du réseau : en pleine campagne elle n?aura pas le même impact qu'en centre-ville. D?autres informations devront également être prises en considération : c'est le cas des vulnérabilités environnementales, ou encore des vulnérabilités économiques qui reflètent que dans certaines zones, les défaillances coûtent plus cher qu'ailleurs. Tout ceci constitue un ensemble de critères qui se rattachent aux conséquences d'un dysfonctionnement et non pas uniquement à l'état du patrimoine. In fine, ces critères traduisent les enjeux que le maître d'ouvrage souhaite prendre en compte dans le cadre de sa politique de renouvellement. E.I.N. : La méthode RERAU a défini un ensemble de 36 critères de réhabilitation. Sont-ils repris dans INDIGAU ? J-C. d. M. : La méthodologie RERAU propose une quantité très importante de critères, tous peuvent potentiellement être évalués dans INDIGAU. Cependant, en fonction du contexte, seuls certains seront sélectionnés. Il est par exemple inutile de se focaliser sur la problématique du surcoût des postes de relèvement si l'on n?en exploite pas. Les critères pris en compte dans INDIGAU dépendent des données dont la collectivité dispose et des enjeux locaux. On va donc plutôt prendre en compte les trois dimensions du développement durable - économique, environnementale et sociale ? et définir des critères compatibles avec ces dimensions, adaptées aux caractéristiques du réseau considéré et aux enjeux locaux. Pour cela, une analyse du système local, préalable à l'utilisation d'INDIGAU, s'avère indispensable. En complément, INDIGAU intègre un atelier de construction des critères qui permet de les faire évoluer, voire de les partager entre utilisateurs. E.I.N. : A qui s'adresse prioritairement INDIGAU ? J-C. d. M. : INDIGAU concerne les collectivités de toutes tailles. E.I.N. : Quel est son coût ? J-C. d. M. : Le prix de l'abonnement varie en fonction de la taille de la collectivité et ne représente en général que quelques dizaines d'euros par an et par kilomètre de réseau. La phase d'initialisation, qui consiste à assister la collectivité jusqu'à ce qu'elle soit autonome, dépend également de la taille de la collectivité, mais aussi de la disponibilité des données et de l'ampleur des dysfonctionnements. Si l'on rapproche le coût du renouvellement, plus élevé en assainissement qu'en eau potable, on se rend compte que le coût d'INDIGAU et de son déploiement reste modeste au regard des services qu'il apporte : maîtriser la performance de son système d'assainissement sur la base de critères objectifs et faciliter les échanges entre les techniciens des services assainissement et leurs élus en permettant aux premiers de fournir aux seconds une image objective de l'état de leur patrimoine. E.I.N. : INDIGAU a-t-il déjà été testé en conditions réelles ? J-C. d. M. : Oui, bien entendu. Soulignons d'abord qu'INDIGAU a été développé par de nombreux partenaires parmi lesquels INSAVALOR, le LCPC, le Cemagref, l'ENGEES, l'Université de Marne la Vallée mais aussi plusieurs gestionnaires de réseaux parmi lesquels la Communauté d'agglomération de Caen La Mer, les communautés urbaines de Brest, Strasbourg, Lille, Nantes, le Conseil Général du Bas-Rhin ou encore le Grand Lyon. Toutes se sont pleinement impliquées dans le développement d'INDIGAU en apportant leur expertise à chaque étape de son élaboration. Ensuite, l'outil a été testé sur la Communauté d'agglomération Caen La Mer dont la longueur du réseau d'assainissement est de 900 km. Cette étape de validation a permis de constater qu'INDIGAU était pleinement opérationnel, dans l'objectif, notamment, d'optimiser le budget de renouvellement. E.I.N. : INDIGAU est-il conçu pour évoluer dans le temps ? J-C. d. M. : C?est toute la philosophie du projet. Pour ceci, nous avons mis en place une relation triangulaire associant G2C environnement, les chercheurs - car nous continuons à travailler sur la recherche - et les utilisateurs regroupés au sein d'un club utilisateur. Cette relation se nourrit de rencontres semestrielles qui permettent aux développeurs de présenter les dernières avancées méthodologiques et aux collectivités d'exprimer leurs besoins en termes d'ergonomie logicielle, de fonctionnalités ou même de méthodologie. Au sein même du club utilisateur, et sur la base du volontariat, chaque collectivité à la possibilité de désigner un « expert » qui pourra participer à des campagnes régulières de formulation d'avis sur des sélections de tronçons, en vue d'améliorer continuellement la pertinence et la justesse du système-expert, En effet, nous avons développé un algorithme qui permet d'utiliser et de pondérer les avis des experts pour orienter le système de notation vers le consensus objectif tout en prenant en compte les spécificités locales. Nous disposons actuellement d'une base de données de plusieurs milliers d'avis d'experts. C?est dire qu'INDIGAU est appelé à s'enrichir au fil des ans de nombreuses expertises au bénéfice de tous ses utilisateurs. E.I.N. : G2C environnement s'implique de plus en plus dans la gestion patrimoniale des infrastructures, notamment dans le domaine de l'eau. Quels sont les autres projets sur lesquels vous travaillez ? J-C. d. M. : Effectivement, nous travaillons actuellement sur d'autres projets tels que DIGSURE un système d'aide à la décision pour la gestion patrimoniale des digues de protection contre les inondations, Astuce & Tic un système d'aide à la décision reposant sur une approche multimodèle pour anticiper l'étalement urbain et quantifier les conséquences locales de cet étalement sur les ressources naturelles que sont le sol et l'eau. Citons également DEBIDO, un capteur de débit à bas coût pour généraliser la quantification et la maîtrise des pertes dans les réseaux d'eau potable. G2C est bénéficiaire des programmes lancés par les pôles de compétitivité. L'entreprise est également actrice car elle est très fortement engagée dans cette dynamique ? Pôle Risque, Pôle Mer, Pôle Eau ? et dans la gouvernance de ces pôles de compétitivité. Propos recueillis par Vincent Johanet