Il est très inhabituel que l'Union européenne s'intéresse à la précarité et oblige les Etats à identifier tous les pauvres, au lieu de regarder ailleurs, estime Henri Smets, membre éminent de l'Académie de l'Eau et auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet.
L’UE vient d’adopter une directive sur l’eau potable (N°2020/2184) qui a notamment pour objet de « garantir l’accès à l’eau destinée à la consommation humaine pour les groupes vulnérables et marginalisés ». Les personnes appartenant à ces groupes devront être identifiées par les Etats et elles devront notamment bénéficier d’équipements extérieurs ou intérieurs dans les espaces publics pour leur permettre d’être alimentées en eau potable. Cette exigence devra être proportionnée à la nécessité de telles mesures compte tenu des conditions locales.
Lorsque la Directive entrera en vigueur (2023), les personnes appartenant aux groupes vulnérables et marginalisés devront être identifiées et pourront, le cas échéant, engager des procédures devant les tribunaux si elles ne disposent pas d’un accès suffisant aux eaux destinées à la consommation humaine. Elles seront amenées à faire valoir qu’il manque des équipements pour l’alimentation en eau dont la présence serait justifiée dans leur cas. Désormais, ces personnes auront un droit opposable à être alimentées en eau de boisson et les collectivités ne pourront plus agir comme si elles n’existaient pas. Le progrès est important puisque plus d’un million de personnes démunies pourront ainsi bénéficier d’un meilleur accès à l’eau en France.
Henri Smets, Académie de l’eau