Avec près de 122 M€ mobilisés dès la première commission, le 12e programme d’intervention de l’agence de l’eau Seine-Normandie (2025-2030) débute par un engagement opérationnel marqué, orienté vers la protection des ressources, l’adaptation climatique, et le soutien à des dispositifs techniques structurants dans les territoires.
Réunie le 8 avril dernier sous la présidence de François Cholley, la commission des aides de l’agence de l’eau Seine-Normandie a validé un ensemble de 762 projets portés par des collectivités, acteurs économiques, agriculteurs et associations, avec une enveloppe de 122 millions d’euros, composée à 95 % de subventions et à 5 % d’avances remboursables à taux zéro. Il s’agit de la première commission dans le cadre du 12e programme d’intervention (2025-2030), dont les priorités techniques et les mécanismes de financement viennent confirmer la continuité des dispositifs structurants au niveau local, tout en intégrant les nouveaux axes stratégiques définis pour ce cycle.
La typologie des aides illustre un retour appuyé sur les animations territoriales, avec le renouvellement des cellules techniques en charge de la mise en œuvre des contrats de territoire, mais aussi des démarches partenariales sur les zones humides, les captages prioritaires ou les rivières. Ces dispositifs permettent une ingénierie de terrain coordonnée, indispensable à l’émergence et à l’accompagnement de projets techniquement complexes, notamment dans le cadre de la gestion quantitative de la ressource ou de la désimperméabilisation des sols.
Dès cette première session, 39 % des crédits prévus pour l’année 2025 ont été engagés, soit 88,3 M€ de décisions déjà actées. Parmi les opérations soutenues figurent des projets industriels intégrant des dispositifs de réduction des consommations d’eau, ainsi que des actions de prévention dans les aires d’alimentation de captage, avec un accent mis sur les interventions en amont des traitements de potabilisation. Ces projets s’inscrivent dans une logique de sécurisation de la ressource et de limitation des charges polluantes, à travers des leviers d’optimisation technique, comme l’étanchéification de réseaux, l’amélioration des dispositifs de prétraitement ou encore la mise en place de couverts végétalisés multifonctionnels.
Le volet « solutions fondées sur la nature » est également activé de manière opérationnelle dès ce début de programme, comme en témoigne le chantier conduit à Verzy (Marne), sur les coteaux viticoles du bassin versant du captage prioritaire de Beaumont-sur-Vesle. Porté par l’association syndicale autorisée (ASA) de Verzy, ce projet intègre haies végétales, fascines et noues à redents pour ralentir les écoulements, limiter l’érosion hydrique et favoriser l’infiltration. La réalisation, cofinancée à hauteur de 80 % par l’agence, illustre une approche combinée de gestion des eaux pluviales, de résilience des sols et de préservation des infrastructures de captage. L’ensemble des travaux représente un linéaire hydraulique actif de plus de 2,5 km, dimensionné pour des événements pluviométriques courts mais intenses.
Parallèlement, l’accompagnement des dynamiques agricoles sur les aires d’alimentation de captage se renforce avec le soutien à des projets de transformation en circuits courts, comme celui de la SAS Terres du Pays d’Othe (TPO) à Bérulle, qui articule souveraineté alimentaire, préservation de la qualité de l’eau brute et développement économique local. Ce projet, impliquant 6 500 ha de surfaces agricoles en bio, bénéficie d’un cofinancement de 1,32 M€ de l’agence, soit 65 % du montant total, et témoigne de l’évolution des critères d’éligibilité vers des systèmes de production intégrés dans la gestion qualitative des bassins versants.
Enfin, les stratégies territoriales présentées lors de la commission viennent structurer la mise en œuvre à l’échelle des sous-bassins. Construites à partir de diagnostics partagés avec les services de l’État et les commissions territoriales, elles identifient les priorités opérationnelles, ciblent les types de contractualisations pertinentes, et précisent les besoins en animation technique pour garantir l’atteinte des objectifs. Une centaine de contrats de territoire sont ainsi en préparation, chacun devant répondre à une cohérence d’ensemble dans les moyens, les délais et les résultats attendus. Le prochain rendez-vous de la commission des aides devrait confirmer la montée en puissance progressive du programme et permettre d’évaluer la capacité des dispositifs d’ingénierie territoriale à transformer les enjeux stratégiques en résultats mesurables sur les milieux.