Un rapport publié au début du mois d'avril par le Centre d'analyse stratégique (CAS) préconise de mettre en ?uvre sans attendre un certain nombre de mesures structurelles pour répondre à la double évolution d'une baisse des ressources et d'une hausse possible des demandes.
Bien qu'abondantes, les ressources en eau présentent en France de grandes disparités dans le temps et dans l'espace : elles sont inégalement réparties et varient selon les saisons, ce qui explique que certaines régions connaissent déjà de fortes tensions sur la ressource à certaines périodes de l'année. Une situation qui ne peut que s'aggraver, la majorité des modèles présentés dans le dernier rapport du GIEC tablant sur un réchauffement compris entre 1,4 et 2°C d'ici 2050 en France.
Les simulations disponibles indiquent, selon les résultats fournis par BRL Ingénierie qui ont servis de socle à l'étude publiée par le CAS, une baisse globale du débit moyen annuel des cours d'eau entre 10 % et 40 % sur toute la métropole d'ici 2050, du fait de l'augmentation de l'évapotranspiration couplée à la diminution prévue des précipitations annuelles.
Sans surprise, les projections montrent que les zones les plus touchées seront celles qui subissent déjà des déficits structurels dans les bassins Seine-Normandie, Adour-Garonne et Rhône-Méditerranée.
Dans le bassin Seine-Normandie, l'Ile-de-France, dont les prélèvements liés à l'eau potable sont considérables ou encore la Beauce, dont les prélèvements agricoles restent importants, présentent un net déséquilibre. Les projections climatiques montrent que des risques notables existent. Une baisse substantielle des débits de la Seine qui pourrait être observée durant les derniers mois de l'année (débits d'étiage avec des minima plus prononcés et des périodes de faibles débits plus longues en automne) pourrait peser sur l'approvisionnement en eau de l'Ile-de-France d'ici 2030.
Le bassin Adour-Garonne, qui doit composer avec une agriculture irriguée très développée et une forte affluence touristique durant la période estivale, verra également son déficit structurel actuel se creuser sous l'effet du changement climatique, dans un contexte de forte croissance démographique : + 1 million d'habitants en 2050. Selon la plupart des projections hydro-climatiques, la Garonne devrait voir son débit diminuer de 20 % à 40 %, notamment en période d'étiage d'ici 2050.
La croissance démographique pèsera également sur les prélèvements opérés sur le Rhône et ses affluents, longtemps considérés comme une ressource quasi inépuisable : + 430 000 habitants pour la région PACA, + 420 000 habitants pour le Languedoc-Roussillon et + 810 000 habitants pour la région Rhône-Alpes. Or, les récentes prévisions évaluent une possible baisse du débit moyen annuel du Rhône de 14 % à 36 % à son embouchure à l'horizon 2050?
La mise en place, dès aujourd'hui, de mesures d'adaptation est donc essentielle. Deux voies sont privilégiées par les pouvoirs publics : l'atténuation, qui vise à réduire l'impact de l'activité humaine sur le climat, et l'adaptation qui désigne l'ensemble des stratégies visant à réduire la vulnérabilité des systèmes naturels et humains face aux effets du changement climatique. Pour aller plus loin, le ministère de l'Écologie a mis en place fin 2010 un projet baptisé ?Explore 2070? pour mieux comprendre les enjeux concernant la stratégie d'adaptation dans le domaine de l'eau à l'horizon 2050-2070. Les résultats sont attendus dans le courant du premier semestre 2013. Selon l'ONERC (Observatoire national sur les effets du changement climatique), le coût de l'ensemble des mesures à prendre pour compenser totalement le déficit potentiel en eau à l'horizon 2050 serait estimé entre 5 et 10 milliards d'euros.
Le CAS préconise de mettre en ?uvre sans attendre un certain nombre de mesures structurelles pour répondre à la baisse probable des ressources et à une hausse possible de la demande. Parmi celles'ci, la mise à l'étude de solutions de sécurisation de l'approvisionnement en eau comme la mise en place de barrages ou de systèmes de réutilisation des eaux usées pour certaines zones présentant des risques de pénurie, notamment dans le bassin Seine-Normandie, la région Sud-Est et la région Sud-Ouest.
La note d'analyse du CAS est téléchargeable à l'adresse : http://www.strategie.gouv.fr/content/enjeux-eau-na-326-327-328