L’eau discrète, invisible jusqu’alors, va-t-elle recadrer la lutte contre le changement climatique ?
Avec 117 communes privées d'eau potable, 93 départements sur 96 en alerte sécheresse cet été, et de nombreux départements encore soumis à des restrictions d’eau, l'urgence climatique est là, tonnent les Canalisateurs et oblige les collectivités à mettre en place les politiques publiques qui permettront aux populations, aux infrastructures, aux villes, et à l’ensemble du secteur productif de surmonter les pénuries annoncées.
Alors que la façon dont nous gérons la transition écologique montre clairement ses limites et que le lien entre alimentation-eau-énergie est désormais une évidence pour tous, de grands changements s’imposent à tous, soutiennent à l’unisson l’UIE et l’organisation professionnelle spécialisée dans la pose et l’entretien des réseaux.
Ambitieux voire audacieux, il faut être à la hauteur de l’urgence climatique et des risques majeurs liés à l’eau ( sécheresse et inondations, qualité des milieux aquatiques, qualité et pérennité des infrastructures d’eau et d’assainissement) résument Jean-Luc Ventura et Pierre Rampa à quelques semaines d’intervalle, et dénoncer les décisions successives de diminution du niveau d’investissement des services d’eau et d’assainissement conduisant aujourd’hui à la situation dans laquelle nous nous trouvons.
Puisque les épisodes caniculaires sont amenés à se répéter, voire à devenir la norme, il faut sortir des débats, tergiversations, relance et consultations concernant notamment la réutilisation des eaux usées traitées, la production de biogaz à partir de boues de STEP dont la France a tant besoin, comme le souligne l’UIE rejointe sur ces enjeux par l’Intercommunalités de France (ADCF) dans son étude publiée en septembre sur le financement de la transition énergétique.
Désormais, pour trouver les ressorts qui
permettront demain de réduire les tensions qualitatives et quantitatives qui
pèsent sur nos ressources en eau, il ne suffit plus d’activer une cellule
interministérielle de crise, de faire émerger des réponses en Assises de l’eau,
Varenne agricole de l’eau ou encore d’élaborer un énième exercice de
planification écologique.
Le choc que nous vivons montre qu’il ne s’agit ni de stigmatiser ni d’alimenter un quelconque clivage catégoriel mais d’ériger urgemment la gestion de l’eau comme priorité absolue dans la transition écologique des territoires.
En parlant moins et en agissant plus.
« Il ne s’agit pas juste de protéger la nature ou de « sauver » le climat, mais de permettre à l’ensemble des secteurs productifs, les services, les lieux de vie, bref à toutes les dimensions de notre quotidien de faire face aux bouleversements de ce climat qui change », fait valoir Magali Reghezza-Zitt, docteur en géographie et aménagement, membre du Haut Conseil pour le Climat, interrogée par l’ACDF sur le rôle que peuvent avoir les intercommunalités pour favoriser le passage à l’action.
Alors que la gestion de la ressource ne suscitait
jusqu’à présent qu’un intérêt très relatif, le contexte actuel en France, en
Europe et dans le monde démontre que ses infrastructures sont le pilier de la
transition écologique et qu’elle justifie bien d’y consacrer enfin les moyens nécessaires !
Pascale Meeschaert