L’Europe n’atteindra pas ses objectifs pour 2030 si aucune mesure urgente n’est prise au cours des prochaines années pour répondre au rythme alarmant de l’appauvrissement de la biodiversité, aux effets de plus en plus marqués du changement climatique et à la surconsommation des ressources naturelles. C’est ce qui ressort du dernier rapport de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) sur l’État de l’environnement, publié le 3 février dernier.
Bien que les politiques européennes engagées ces
dernières décennies en matière d’environnement aient produits certains
résultats, les progrès accomplis ne sont pas suffisants et les trajectoires
actuelles sont fondamentalement non durables, selon le rapport «
L’environnement en Europe - État et perspectives 2020 ».
Ce document de près de 500 pages, fruit de trois
années de travail, offre un aperçu sans complaisance de la situation de
l’Europe par rapport à la réalisation de ses objectifs environnementaux pour
2020 et 2030, ainsi que de ses objectifs et ambitions à plus long terme pour
2050 en vue de s’orienter vers un avenir plus durable à faibles émissions de carbone.
Le rapport souligne que l’Europe a déjà accompli
des progrès importants au cours des deux dernières décennies du point de vue de
l’atténuation du changement climatique, en réduisant notamment les émissions de
gaz à effet de serre. De réels progrès sont également manifestes dans d’autres
domaines, tels que la lutte contre la pollution de l’eau ou de l’air. « Notre
évaluation montre que les changements progressifs ont entraîné des progrès dans
certains domaines, mais pas assez pour réaliser nos objectifs à long
terme » souligne cependant Hans Bruyninckx, directeur exécutif de l’AEE.
Les mesures stratégiques visant la protection et la
conservation du capital naturel ont donné des résultats dans certains domaines,
mais de nombreuses problématiques persistent et certaines empirent. Par
exemple, la réduction de la pollution a permis d’améliorer la qualité de l’eau,
mais l’Union est loin de pouvoir garantir le bon état écologique de toutes les
masses d’eau d’ici à 2020. L’aménagement du territoire s’est globalement amélioré,
mais le morcellement du paysage se poursuit, au détriment des habitats et de la
biodiversité. La pollution atmosphérique continue d’avoir une incidence sur la
biodiversité et les écosystèmes, et 62 % des écosystèmes en Europe sont exposés
à des niveaux excessifs d’azote, ce qui entraîne leur eutrophisation. Les
impacts du changement climatique sur la biodiversité et les écosystèmes
devraient s’intensifier, tandis que les activités telles que l’agriculture, la
pêche, les transports, l’industrie et la production d’énergie continuent
d’entraîner des émissions polluantes, une perte de la biodiversité et
l’extraction de ressource.
L’Europe a, dans une certaine mesure, réussi à
protéger la santé et le bien-être de ses ressortissants contre de nombreux risques
environnementaux et sanitaires. L’eau destinée à la consommation humaine est globalement
de bonne qualité partout en Europe. C’est également le cas de la qualité des
eaux de baignade. Mais des problèmes persistent dans certaines régions et les
perspectives restent préoccupantes. Le document souligne notamment le risque
associé à certains produits chimiques persistants qui résistent aux
technologies avancées de traitement de l’eau potable.
« Pour résoudre ces problèmes, il ne suffira
pas d’en faire plus, il faudra agir différemment » souligne Hans
Bruyninckx. Au cours des dix années à venir, les enjeux environnementaux et
climatiques mondiaux appelleront des réponses très différentes de celles qui
ont été apportées ces 40 dernières années. Ce rapport a pour objectif
d’éclairer les discussions sur les politiques de l’Europe à l’horizon 2030, y
compris sur les trajectoires à prendre d’ici à 2050 et au-delà.