Alors que les inquiétudes autour des polluants éternels évoluent depuis la publication des résultats du laboratoire d’hydrologie de l’Anses le 6 avril, le Sedif lance du 20 avril au 20 juillet 2023 une consultation publique sur la mise en place d’une filière d’osmose inverse basse pression (OIBP) visant à réduire au maximum les micropolluants.
La présence dans l’environnement d’une grande variété de molécules pharmaceutiques n’est pas nouvelle. Elles ont été identifiées il y a plusieurs années déjà par la communauté scientifique à partir de l’examen de données (éco)toxicologiques et d'occurrence dans l'environnement. Ont été ainsi détectées des hormones, des perturbateurs endocriniens, des pesticides, des composés pharmaceutiques, des produits de beauté et de nombreux autres composés qui ont des effets mesurables sur la qualité des milieux aquatiques.
Avec la publication des résultats du laboratoire d’hydrologie de l’Anses le 6 avril dernier, cette fois-ci ce sont plus de 150 pesticides et métabolites de pesticides, ainsi qu’une cinquantaine de résidus d’explosifs qui sont l’objet de toutes les attentions. 89 produits phytopharmaceutiques ont été détectés 77 fois dans les eaux traitées à des limites de concentration dépassant la limite de qualité de 0,1 µg/litre.
Depuis le printemps 2022, de nombreux textes appellent à réévaluer le niveau de risque pour la population générale et à renforcer la vigilance des services de production et de la distribution d’eau potable: l’arrêté du 26 avril 2022 pour renforcer la surveillance des PFAS dans les eaux de surface et les eaux souterraines, la transposition en droit français de la directive européenne relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine le 22 décembre 2022, la recommandation de la Commission européenne du 24 août 2022, pour la surveillance des PFAS dans les aliments et son règlement du 7 décembre 2022 concernant les teneurs maximales dans certaines denrées, ainsi que la publication le 17 janvier 2023 d’un plan d’action ministériel PFAS 2023-2027 par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.
C’est dans ce contexte que le Sedif ouvre à l’ensemble des usagers franciliens les informations complètes sur ce projet industriel. Expliquant que bien que les 775 millions de litres d’eau puisés dans les eaux de surface et distribués soient conformes aux seuils sanitaires en vigueur, les filières de traitement actuelles des usines ne permettent pas encore au Sedif d’éliminer au maximum ces micropolluants. C’est pourquoi, il envisage de mettre en place une filière membranaire haute performance pour 2026-2027 sur une première usine, celle de Méry-sur-Oise.
Différentes rencontres et ateliers seront organisés dans ce cadre jusqu’au 20 juillet permettant au SEDIF de recueillir les points de vue argumentés, de manière contradictoire, sur son projet.
Pascale Meeschaert
