La détérioration observée de la qualité de l’eau dans les pays riches comme dans les pays pauvres pourrait réduire d’un tiers la croissance économique. C’est la conclusion principale du rapport intitulé « Quality Unknown : The Invisible Water Crisis », publié le 20 Août dernier par la Banque mondiale.
Selon ce document qui s’appuie sur la constitution
d’une banque de données sur la qualité de l’eau à l’échelle mondiale à partir
de mesures relevées sur le terrain, la détérioration de la qualité de l’eau
pourrait réduire la croissance économique d’un tiers.
« L’eau
propre est un facteur essentiel de croissance économique. La détérioration de
la qualité de l’eau entrave la croissance économique, aggrave les problèmes
sanitaires, réduit la production de denrées alimentaires et exacerbe la
pauvreté dans de nombreux pays »,
a souligné David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale. Les
pouvoirs publics doivent prendre d’urgence des mesures pour lutter contre la
pollution de l’eau de sorte que les pays puissent croître plus rapidement de
manière équitable et durable sur le plan environnemental. »
Le rapport relève que lorsque la DBO dépasse un
certain seuil, la croissance du PIB des régions situées en aval subit une
baisse pouvant atteindre un tiers du fait des répercussions du niveau de
pollution observé sur la santé, l’agriculture et les écosystèmes.
Plus de 80% des eaux usées dans le monde, et 95%
dans certains pays en développement, sont déversées dans les milieux naturels sans
le moindre traitement.
Parmi les polluants les plus répandus, le rapport
cite notamment l'azote. Répandu sous forme d’engrais sur les terres agricoles, il finit sa
course dans les rivières, les lacs et les océans où il se transforme en
nitrates. « Le ruissellement et le déversement dans l’eau de chaque kilo supplémentaire
d’engrais azoté par hectare sont susceptibles de relever dans une proportion
pouvant aller jusqu’à 19 % le niveau de retard de croissance chez les
enfants et de réduire de quelque 2 % leurs revenus à l’âge adulte en
comparaison des enfants non exposés à ces produits » indiquent les auteurs.
Métaux lourds, arsenic, plomb… les polluants sont
multiples et concernent les pays riches autant que les pays pauvres : « Le
niveau de développement n'immunise pas contre des problèmes de qualité de l'eau,
soulignent le rapport. Non seulement une diminution de la pollution ne va
pas de pair avec la croissance économique, mais l'éventail de polluants tend à
augmenter avec la prospérité d'un pays ». La pollution par les
microplastiques est également détectée dans 80% des sources naturelles, dans
81% des eaux distribuées et dans 93% des eaux embouteillées indique le document.
La Banque mondiale s’inquiète également de la
baisse des rendements agricoles, qui diminuent sous l’effet de l’augmentation
de la salinité de l’eau, de sécheresses plus fréquentes et plus intenses, et de
l’augmentation des prélèvements d’eau. « La quantité de nourriture perdue
chaque année du fait de l’augmentation de la salinité des eaux permettrait
ainsi de nourrir 170 millions de personnes » soulignent les auteurs qui enjoignent
les pouvoirs publics de prendre des mesures fortes pour enrayer la détérioration
de la qualité de l’eau. En développant des politiques et normes
environnementales plus
strictes, en favorisant l’investissement, notamment privé, dans des infrastructures
de traitement pérennes, en veillant à l’application de la réglementation et en généralisant l’information
et la communication pour favoriser la prévention et encourager la participation
citoyenne.