Pour les Français, le spectre de la pénurie d’eau grandit. Il se traduit par l’adoption d’habitudes de consommation plus sobres, l’adhésion plus nette au principe de réutilisation des eaux usées traitées pour leurs usages domestiques, la nécessité d’investir dans des technologies pour traiter les problèmes de pollution. Ces attentes démontrent qu’ils font désormais clairement le lien entre environnement, eau et cadre de vie. Pour autant, les redevances pour protéger l’environnement, sont moins bien accueillies.
La sensibilité des Français à l’eau interpelle chaque année le Centre d’Information sur l’Eau, qui pour mieux comprendre leurs attentes demande à l’Institut Kantar d’interroger les Français.
Le terrain du 26è baromètre annuel “Les Français et l’eau” ayant eu lieu du 24 mai au 23 juin 2022, l’échantillon des 3467 individus a été à nouveau interrogé à l’automne pour analyser la perception de la sécheresse de l’été 2022 sur plusieurs indicateurs. Une inflexion des résultats sur la quasi-totalité des questions posées au printemps a été constatée.
Quatre enseignements majeurs en ressortent. Le premier est que la crainte de manquer d’eau dans sa région n’a jamais été aussi marquée : 69% d’entre eux se déclarent préoccupés par une pénurie d’eau dans leur région et une inquiétude tangible à très court terme (5 à 10 ans) supérieure à la moyenne nationale (11 %) : la Corse (24 %), la région PACA (18 %), l’Occitanie (17 %).
C’est 37 points de plus que le niveau moyen de préoccupation enregistré en 1996 sur l’ensemble de la thématique Raréfaction de la ressource. Second enseignement, au-delà de cette préoccupation, 92% des Français interrogés après l’été expriment être plus attentifs à leurs consommations, même si les deux tiers espèrent pouvoir avoir recours aux avancées technologiques pour conserver leur confort. Troisième enseignement, on note une prise de conscience plus forte des usagers sur l’importance de la dépollution des eaux usées. Près de 8 Français sur 10 le reconnaissent, notamment pour les générations futures (78%), pour protéger l’environnement (77%). Près des trois quarts (74%) estiment que la réutilisation des eaux usées traitées pour moins puiser dans les ressources est une solution très importante. Pourtant la part des Français ayant conscience que les services de distribution d'eau puis de dépollution des eaux usées, nécessitent des investissements lourds, diminue de 8 points.
Enfin une bonne majorité considère
encore que les responsabilités des différents éléments du service de l'eau
(fixation du prix, qualité et contrôle de l’eau) sont principalement de la responsabilité du gestionnaire identifié
(la municipalité dans le cas d'un service en régie, l'entreprise s'il s'agit
d'un service délégué). Ils ne font pas la différence entre ce qui est du
ressort de la municipalité et le contrôle qualité, qui est de la responsabilité
des pouvoirs publics (préfets et Agences régionales de santé).
Reste que le taux de confiance dans
l’eau du robinet (85%) ne se dément pas, et les motifs d’insatisfaction
demeurent liés au calcaire et au goût.