Your browser does not support JavaScript!

Actualités internationales

La destruction des PFAS par catalyse piézoélectrique franchit une étape clé avec le financement d'Oxyle

14 mars 2025 Paru dans le N°480 ( mots)

La start-up zurichoise Oxyle a levé 16 millions de dollars en janvier pour industrialiser sa technologie de dégradation électrochimique des substances perfluoroalkylées (PFAS).

Oxyle, entreprise issue de l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), a développé une technologie innovante capable de détruire plus de 99 % des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) présentes dans les eaux industrielles. Cette avancée intervient alors que les restrictions réglementaires s’intensifient en Europe et aux États-Unis et que les coûts liés à la dépollution des sols et des eaux contaminés pourraient atteindre 100 milliards d’euros par an en Europe. Pour accélérer son développement, Oxyle vient de finaliser un tour de financement de 16 millions de dollars, mené par 360 Capital avec la participation d’Axeleo Capital et d’investisseurs existants comme Founderful et SOSV.

Les PFAS, largement utilisés dans l’industrie (revêtements antiadhésifs, mousses extinctrices, textiles techniques, semi-conducteurs), sont extrêmement persistants et difficiles à éliminer avec les technologies conventionnelles comme l’adsorption sur charbon actif ou l’osmose inverse, qui se contentent de les piéger sans les dégrader. Le procédé mis au point par Oxyle repose sur une approche en trois étapes : fractionnement de la mousse, destruction catalytique et supervision par apprentissage automatique, permettant un contrôle en temps réel et une optimisation continue. Cette approche assure une décomposition complète des molécules de PFAS en quelques minutes, réduisant ainsi les risques de rémanence dans l’environnement. De plus, la consommation énergétique du système est estimée 15 fois inférieure à celle des technologies alternatives.

"Il y a cinq ans, nous étions une petite équipe avec une grande idée : débarrasser l’eau des produits chimiques nocifs. Aujourd’hui, cette idée est devenue une réalité", explique le Dr Fajer Mushtaq, PDG et cofondatrice d’Oxyle. La technologie a déjà démontré son efficacité dans plusieurs applications industrielles. Lors d’essais réalisés avec un client industriel, Oxyle a éliminé 98 % des PFAS à chaîne courte et réduit de 96 % les concentrations d’acide trifluoroacétique (TFA). En novembre 2024, l’entreprise a mis en service en Suisse un système capable de traiter 10 m³ d’eau souterraine contaminée par heure avec une consommation inférieure à 1 kWh/m³.

L’essor d’Oxyle s’inscrit dans un contexte de pression croissante sur les industriels pour se conformer aux nouvelles réglementations et réduire leurs risques de responsabilité. "Nous sommes fiers de mener l’investissement dans Oxyle, dont la technologie révolutionnaire s’attaque au défi mondial massif de la pollution par les PFAS", déclare Thomas Nivard, associé chez 360 Capital. "Contrairement aux méthodes traditionnelles qui ne font que confiner ces produits chimiques nocifs, Oxyle les détruit définitivement, établissant ainsi une nouvelle norme pour répondre à cette crise environnementale urgente."

Avec plus de 20 projets clients réalisés et le lancement de sa première installation commerciale, Oxyle vise à traiter 100 millions de litres d’eau contaminée dans les cinq prochaines années. Son modèle économique repose sur des contrats de traitement pluriannuels avec des industries fortement impactées par la problématique des PFAS, notamment la chimie, l’électronique et les infrastructures municipales de traitement de l’eau. L’entreprise prévoit d’utiliser les fonds levés pour accélérer son déploiement et renforcer ses capacités de production et de R&D, marquant ainsi une avancée majeure dans la lutte contre ces polluants persistants.