Du fait de la diminution de l'enneigement et de la fonte des glaciers, le régime hydraulique de tous les grands fleuves européens venant des montagnes, est en train de se modifier. Il faut agir vite si l'on veut que nos montagnes restent les châteaux d'eau de l'Europe. La 4ème édition des Etats Généraux de l'Eau en Montagne qui s'est tenue à Megève au mois d'octobre dernier réitère les alertes lancées sur la nécessité d'adopter rapidement des stratégies d'adaptation face aux effets du réchauffement du climat sur les ressources en eau de montagne.
La réalité des changements climatiques ne fait plus de doute et les montagnes sont en première ligne en Europe. Dans les Alpes, par exemple, la température moyenne a augmenté en un siècle de plus du double du réchauffement terrestre global.
Et ce n?est pas fini.
Les modèles prévoient une augmentation des températures d'ici à 2100 comprise entre + 2,6 et + 3,9°C et pouvant atteindre 4,2°C au-dessus de 1.500 mètres... Les glaciers alpins ont déjà perdu entre 20 et 30% de leur volume depuis 1980 et pourraient régresser encore de 30 à 70% de leur volume d'ici à 2050.
Conséquence directe de ces phénomènes, le régime hydraulique de la plupart des grands fleuves européens est en train de se modifier. Selon les experts, on observerait, en moyenne, d'ici 2100 une augmentation de 20% des débits en hiver, mais une réduction de 17% au printemps et jusqu'à 55% des débits en été surtout au Centre et au Sud des Alpes.
Dans les Alpes du sud, le niveau des aquifères pourrait baisser de 25%.
Or, la régularité du débit de ces fleuves est déterminante pour l'alimentation en eau potable des populations comme pour le développement économique y compris dans les plaines.
La gestion de l'eau dans les hauts bassins versants est donc un enjeu stratégique.
Mais que faire ?
Des expériences de terrain ont été présentées lors des ?Etats Généraux de l'Eau en Montagne ? dont beaucoup peuvent être reproduites.
La plupart reposent sur des principes de bons sens. D?abord, économiser l'eau et promouvoir le recyclage. L?optimisation des rendements des réseaux d'eau potable, la réutilisation des eaux usées épurées, la recharge des nappes, la promotion des usages économes en eau doivent devenir des priorités.
Il faut ensuite repenser la gestion des eaux, des lacs et zones humides et des sols de montagne, en tenant compte des contraintes stratégiques de l'approvisionnement en eau des populations et des économies agricoles, industrielles et touristiques des piémonts et des plaines en aval.