La gestion de l'eau face au réchauffement climatique L?arrivée d'une année nouvelle est un moment propice pour établir un premier bilan de celle qui s'achève. Que retenir de 2007 ? Au plan national, au delà d'un « Grenelle de l'environnement » passé à côté de la question de l'eau, c'est essentiellement la publication des premiers décrets d'application de la loi sur l'eau, le démarrage des 9èmes programmes des agences et les débats passionnés sur les eaux embouteillées, le prix de l'eau et, plus récemment, les modes de gestion des services de l'eau et de l'assainissement qui auront rythmé l'actualité. Au plan international, 2007 restera probablement l'année durant laquelle l´humanité toute entière a pris conscience que la Terre était en danger. Et pourtant, la publication du dernier rapport du PNUE sur les conséquences du réchauffement climatique lors de la récente Convention de Bali n?aura pas suffi à faire bouger les lignes. La conférence a accouché d'une déclaration finale a minima, sans valeur juridique, sans objectif chiffré, qui renvoie à tout engagement précis en matière de réduction de gaz à effet de serre à de futures négociations. Or, que dit le rapport du PNUE ? Que les conséquences du réchauffement climatique risquent de raviver d'anciennes tensions et d'en susciter de nouvelles dans certaines parties du monde qui pourraient ainsi sombrer dans la violence, voire la guerre. Parmi les zones à risques, le sud de l'Afrique, la région du Sahel, l'Asie Centrale, l'Inde, le Pakistan, le Bangladesh, la Chine, le golfe du Mexique ainsi que les régions andines et amazoniennes en Amérique latine. Dans ces régions du monde, la plupart des défis dus au réchauffement climatique sont liés à l'eau : trop ici, pas assez là. Ou encore : trop maintenant, pas assez plus tard. Ainsi, dans l'Himalaya et dans les Andes, la fonte des glaciers pourrait provoquer des inondations catastrophiques suivies peu après d'un assèchement dramatique des fleuves et des rivières l'été, provoquant ainsi des conflits et des migrations massives. En Asie, des difficultés d'approvisionnement en eau potable devraient affecter directement plus d'un milliard de personnes d'ici à 2050. Mais parallèlement, des dizaines de millions de personnes seront menacées par la montée des eaux dans les régions deltaïques comme celle du Gange-Bhramaputre et du Zhujiang. L?Afrique, le continent le moins pollueur mais le plus vulnérable sera aussi le plus durement affecté. D'ici à 2020, de 80 à 250 millions de personnes seront confrontées aux pénuries d'eau. La production agricole sera gravement touchée : dans de nombreux pays, les récoltes de l'agriculture pluviale pourraient diminuer de 50 %. Sans être confrontée à ces phénomènes extrêmes, l'Europe ne sera pas épargnée : la hausse des températures, la multiplication de sécheresses plus longues et plus intenses vont réduire les ressources en eau et le potentiel hydroélectrique, affecter le tourisme et peser sur la productivité agricole. Une augmentation des risques sanitaires dus aux vagues de chaleur dans les villes et des incendies de forêts sont à prévoir. Sombres prévisions ? Voire? Car pour l'essentiel, elles sont issues du rapport publié par le GIEC (Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'Evolution du Climat) au mois d'avril dernier. Or, depuis, de nouvelles études ont été rendues publiques. Toutes démontrent que le réchauffement climatique progresse bien plus vite que les modèles sur lesquels se basait le GIEC pour établir ses prévisions'. Et toutes indiquent que la gestion de l'eau dans toutes ces dimensions devra être très rapidement adaptée à ces nouveaux et gigantesques défis. Car c'est bien de la gestion de l'eau que dépendra pour une grande part la gestion du changement climatique.