La gestion quantitative de l'eau en question La sécheresse 2005 aura montré sans ambiguïté que de graves déséquilibres existent dans notre pays entre la demande et la disponibilité d'eau douce. Que la ressource en eau est limitée, en particulier en période estivale. Que les différents usages domestiques, agricoles et industriels sont alors en concurrence, sachant qu'il faut aussi garantir les étiages et l'équilibre des milieux aquatiques qui sont souvent, au final, les grands perdants. Elle aura également eu pour effet de ramener au premier plan la question de la gestion quantitative des ressources en eau, tant ont été vives, dans certaines régions, les tensions concernant le partage de l'eau. Pourtant, en contribuant très tôt à une meilleure gestion quantitative de la ressource, les Préfets ainsi que les collectivités territoriales ont permis d'amortir les conséquences de la crise. La gestion de la sécheresse 2005 a par ailleurs montré que les enseignements issus des épisodes précédents ont été tirés. C?est par exemple le cas pour la distribution de l'eau potable qui a fait l'objet d'une démarche de sécurisation systématique ces dernières années. La sécheresse de 1976 avait mis en évidence la fragilité des communes qui ne disposaient que d'un seul point d'alimentation en eau potable. Depuis, les points d'alimentation ont été diversifiés et d'importants travaux d'interconnexion ont été réalisés, ce qui a permis de limiter considérablement les quelques ruptures d'alimentation en eau potable qui ont pu être observées ici ou là. Pour autant, chacun a pu le constater, ces efforts si indispensables soient-ils, ne sont pas, tant sans faut, à la hauteur des déficits enregistrés. Au total, 71 départements français ont été soumis à des restrictions d'usages depuis ce printemps et l'irrigation a été limitée, voire interdite, dans plusieurs régions. Du coup, la question des ressources nouvelles refait surface. Et plus particulièrement la création de nouvelles retenues de substitution, censées créer les conditions d'une meilleure gestion quantitative de la ressource l'été, grâce à un stockage des surplus d'eau en hiver. L?idée en a été explicitement relancée le 14 septembre dernier par le ministre de l'agriculture devant les producteurs de maïs pour permettre la poursuite d'une irrigation présentée comme une nécessité. Elle a également été reprise lors de la séance inaugurale du VIIème Comité de bassin Adour-Garonne par la voix de son président fraichement réélu. Il est vrai qu'en Adour-Garonne, plus de 30.000 exploitations dépendraient directement de l'irrigation. En face, les défenseurs de l'environnement s'insurgent contre ces nouveaux aménagements avec des arguments qui portent. Ils s'opposent à la création de ces nouvelles réserves, financées en grande partie par la collectivité, qui n?auraient pour effet que de permettre la poursuite d'un développement incontrôlé de l'irrigation intensive, reflet d'un modèle de développement agricole productiviste, sans avenir et à tout le moins contraire au développement durable. Reste que la mobilisation de ressources nouvelles, là ou il en existe, ne s'oppose pas forcément à une régulation stricte et concertée des usages. D?autant que le projet de loi sur l'eau, lorsqu'il aboutira, pourrait bien rééquilibrer les contributions entre irrigants et autres usagers et inciter, dans les zones en déséquilibre, les agriculteurs à une gestion collective raisonnée.