L’interface terre-mer, prise au sens large, est un espace fragile, convoité et soumis à de multiples pressions sans qu'il n’y ait de vision d'ensemble des populations et des activités qui s'y développent, ni de maîtrise globale des multiples décisions concernant ce milieu. Or la montée du niveau de l'océan apparaît comme une des pressions majeures de ce siècle. Son ampleur et ses effets à long terme sont difficiles à identifier, et donc, à anticiper.
Toutefois, si les causes sont encore incomplètement
analysées et comprises, les premiers effets sont déjà observables sous diverses
formes et sur de nombreux sites. Les impacts de cette élévation sont encore
faibles aujourd'hui, mais les projections portent à penser que l’élévation du
niveau de la mer va s’accentuer et que ses conséquences risquent d’être à terme
considérables en matière de changement du trait de côte, d'habitat,
d'infrastructures, d'agriculture, de tourisme... Ce changement global en
accélération et encore mal quantifié, impacte aussi déjà des écosystèmes
littoraux même si ses conséquences restent encore mal connues. La prospective
fournit des outils de projection et de construction de scénarios envisageant
divers futurs possibles. Son usage dans cette problématique facilite (1) la
prise de conscience des enjeux, (2) la représentation des options stratégiques
et (3) l'évaluation des conséquences des choix.
Elle permet ainsi d’éclairer les acteurs de la
recherche française impliqués dans les enjeux scientifiques liés à cette montée
du niveau de l'océan.
De juin 2017 à décembre 2018, le groupe de travail
de Prospective d’AllEnvi a conduit un travail collectif d'analyse des tendances
passées, et des possibles ruptures, afin de construire des scénarios balayant
la diversité des possibles sous diverses hypothèses de contextes physiques
d’élévation du niveau des mers.
Les résultats dessinent trois grandes trajectoires
liées aux orientations de gouvernance résultant de politiques d'adaptation et
d'atténuation du changement climatique. Les 8 scénarios identifiés montrent
qu'il est rationnel de se préparer à des élévations moyennes de l'ordre de 1 à
2 mètres à l'horizon 2100 et que même des politiques déterminées et continues
d'adaptation n'ont de sens à moyen et surtout long terme (2100 et au-delà) que
couplées avec d’ambitieuses politiques d'atténuation engagées aussi précocement
que possible.
https://www.allenvi.fr/content/download/4943/37285/version/1/file/Rapport_LaMerMonte_vdef.pdf