L?Afsset vient de publier un avis relatif aux risques sanitaires liés à la présence de virus de type H5N1 dans divers effluents aqueux et eaux de surface. Les experts considèrent le risque de contamination humaine comme nul à négligeable dans la situation sanitaire actuelle et compte tenu des connaissances scientifiques disponibles.
L?Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset) et l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) avaient été saisies fin 2005 par le Délégué interministériel à la lutte contre la grippe aviaire d'une demande d'évaluation des risques sanitaires liés à la présence dans l'eau destinée à la consommation humaine et dans divers effluents de virus Influenza de type H5N1 en situation d'épizootie ou en cas de pandémie humaine.
Les agences ont mené une expertise dans leur champ respectif : l'Afsset s'est chargée d'évaluer l'exposition potentielle des populations pouvant être en contact avec des eaux usées et de surface et l'Afssa a examiné l'exposition potentielle des populations aux eaux destinées à la consommation humaine et à la toilette.
Dans les stations d'épuration, la propagation de particules virales dans l'air sous forme d'aérosols est envisageable lors du traitement primaire pendant l'étape de séparation s'il existe un relèvement des eaux usées et lors de la collecte des déchets retirés de l'eau et mal égouttés. Des égouttures peuvent ainsi rejoindre les fossés de proximité.
En revanche, lors du traitement physico-chimique, les opérations de cette filière (déstabilisation des suspensions colloïdales en agissant sur le pH, chaulage) ne génèrent pas d'aérosols, sauf au niveau des tamisages fins et/ou des dégraisseurs aérés. Elles permettent par ailleurs de réduire le pouvoir infectieux des virus par un effet pH si une floculation est réalisée et par le passage de la phase aqueuse vers la phase solide. Ces traitements produisent des boues primaires qui doivent être traitées du fait de leur fermentescibilité. Ces traitements assurent probablement une inactivation partielle des micro-organismes présents.
Au niveau du traitement secondaire, la dissémination de particules virales peut se faire si le système de brassage et d'aération des bassins s'effectue avec des aérateurs de surface (ponts brosses ou turbines), ce qui conduit à la production d'aérosols. La dissémination des virus de type H5N1 et par temps venteux est alors envisageable.
En revanche, si un système d'aération par insufflation d'air sous forme de fines bulles est utilisé, la formation d'aérosols est pratiquement nulle. Parmi les autres techniques biologiques susceptibles d'être mises en ?uvre, « la méthanisation permet d'assurer des conditions relativement défavorables à la survie des virus » estiment les experts. Comparativement aux autres, ce traitement contribuerait moins à la dissémination des particules virales. En revanche, la technique de lit bactérien pourrait entraîner des vésicules dans le flux d'air vicié ainsi que des aérosols au niveau des rampes d'arrosage.
Peu d'installations de ce type sont actuellement en service en France pour des eaux urbaines, mais il en existe sur des installations industrielles traitant les effluents d'abattoirs de volaille.
Quels sont les risques associés à une exposition à des eaux de surface ou des eaux usées éventuellement contaminées ? Les experts considèrent aujourd'hui « comme nul à négligeable » le risque de contamination massive de ces eaux et le risque d'exposition pour l'Homme. « Cet avis correspond à la situation actuelle et aux connaissances disponibles à ce jour » prends soin de préciser l'Afsset.
Néanmoins, la situation pouvant évoluer (mutation du virus, observation de transmission interhumaine?), s'il apparaissait des données suffisantes pour suspecter la présence de virus de type H5N1 dans les eaux de surface et les eaux usées et si le risque pour l'Homme lié à l'eau contaminée par ce virus était confirmé, les experts formuleraient des recommandations visant à la limitation les expositions à risques pour les travailleurs en contact avec les eaux usées ou les eaux de surface.
Parmi celles-ci, on note la limitation et le report des interventions et usages non indispensables mettant en contact avec les eaux usées, le report des interventions de maintenance préventive, la limitation du nombre de personnes exposées pour les interventions et usages ne pouvant pas être limités ou différés : réparations sur les réseaux d'assainissement, changement de pièces immergées, cassées ou bloquées en station d'épuration, arrêt de toute aération de bassin avant chaque intervention, etc.
Mais ceci n?est pas à l'ordre du jour : en l'état actuel de la situation sanitaire de l'avifaune au sein de la population en France et en Europe, aucune de ces mesures ne se justifie.