Le projet de règlement européen visant à lutter à faciliter la réutilisation des eaux usées traitées pour l'irrigation agricole a été approuvé par le Parlement le 12 février dernier par 588 voix contre 23 et 66 abstentions.
Les pressions qui pèsent sur ressources en eau de
l'UE s’accroissent, ce qui entraîne une recrudescence des situations de stress
hydriques et une détérioration de la qualité de certaines ressources. Le
changement climatique et les phénomènes météorologiques extrêmes mettent à rude
épreuve la disponibilité de l'eau nécessaire au développement urbain, à
l'agriculture et à l’industrie au sein de l’Union.
Selon la Commission européenne, la fréquence et
l'intensité des sécheresses ainsi que leur impact environnemental et économique
ont considérablement augmenté au cours des trente dernières années. Les
sécheresses de l'été 2017 illustrent l'ampleur des pertes économiques : le seul
secteur agricole italien prévoyait des pertes de 2 milliards d'euros.
Les eurodéputés ont estimé qu’une réutilisation
plus large des eaux usées traitées, pourrait limiter l'exploitation de
ressources conventionnelles. Le texte voté par le
parlement définit ainsi des normes minimales de qualité pour l'eau recyclée
destinée à l'irrigation agricole. Il prévoit également des obligations pour les
producteurs ainsi que des mesures de gestion des risques. Les eaux traitées
ne seront cependant réutilisées que pour irriguer les cultures vivrières,
transformées et non vivrières. La Commission devra cependant évaluer dans un
délai de cinq ans si l'eau recyclée peut servir à d'autres usages.
Les députés estiment qu'entre-temps, les États
membres peuvent autoriser l'utilisation de l'eau recyclée à d'autres fins dès
lors que la santé humaine et l'environnement sont préservés. « Nous devons évoluer vers une économie
circulaire, y compris dans la manière dont nous utilisons et réutilisons l'eau,
a expliqué Simona Bonafé le rapporteur du texte. Nous pourrions potentiellement réutiliser 6,6 milliards de mètres cubes
d'eau d'ici 2025, contre 1,1 milliard de mètres cubes par an actuellement. Cela
nécessiterait un investissement inférieur à 700 millions d'euros et nous
permettrait de réutiliser plus de la moitié du volume actuel d'eau provenant
des stations d'épuration des eaux usées de l'UE théoriquement disponibles pour
l'irrigation, évitant ainsi plus de 5% de l'extraction directe des déchets et
des eaux souterraines dans les masses d'eau ».
Le texte doit maintenant poursuivre son parcours et
notamment être soumis au Conseil de l’Union européenne qui devra arrêter sa
position. La Commission, le Parlement et le Conseil devront ensuite négocier
pour faire émerger un consensus.