Issu des travaux menés par une équipe de recherche commune entre le CNRS, l’Ecole Polytechnique, l’IFSTTAR et les MINES ParisTech, le projet MICAd’O a pour objectif de développer une technologie de nanocapteurs multi-paramètres et bas coût pour l’analyse de l’eau.
Si tout le monde s’accorde aujourd’hui sur l’enjeu majeur que représente la
qualité de l’eau, force est de constater que, sur le marché de l’analyse de
l’eau, les technologies opérant sur site et fournissant des données en temps
réel sont encore peu nombreuses et plutôt onéreuses. Et pour cause : il
est parfois complexe de différencier finement les nombreuses espèces chimiques
présentes dans cet élément. « On utilise en général une somme de capteurs
chimiques mono-paramètres, ce qui pose de nombreux problèmes d’intégration
», explique Bérengère Lebental, chercheuse IFSTTAR au sein de l’équipe NACRE*
et co-responsable scientifique du projet. Conséquence de cette complexité : le
prix des capteurs aujourd’hui disponibles sur le marché, qui avoisine souvent
les 10 000 euros l’unité.
Le projet MICAd’O ambitionne de répondre à cette problématique. « Nous
avons en effet pour ambition la fabrication de capteurs multi-paramètres pour
l’analyse de l’eau dont le coût pourrait être divisé par 10, souligne Gaël
Zucchi, chercheur CNRS, responsable scientifique du projet. La technologie
que nous développons exploite une forte synergie entre des nanotubes de carbone
et des molécules dédiées élaborées dans notre laboratoire ».
L’École polytechnique, en tant que mandataire de l’IFSTTAR et du CNRS, et
la SATT Paris-Saclay ont signé le 24 avril dernier une convention de maturation.
La SATT Paris-Saclay a par ailleurs accordé un financement de 537.000 euros sur
18 mois. « Outre la robustesse de l’équipe multidisciplinaire dont le projet
est issu et que nous connaissons bien pour avoir déjà travaillé avec elle, nous
avons été convaincus par la variété d’applications envisageables grâce à la
versatilité de la technologie développée », explique Sterenn Gernigon, chef
de projet maturation, en charge du projet MICAd’O.
Car c’est bien en effet dans la versatilité de la technologie brevetée en
avril 2017 que réside la force du projet. « Si dans nos recherches d’origine
consacrées à l’analyse de l’eau potable, nous nous sommes concentrés sur la
détection de quelques paramètres, type chlorure, nitrates et métaux lourds,
nous envisageons désormais d’élargir la palette de polluants détectables et
ainsi de pouvoir, à terme, répondre plus spécifiquement aux besoins du marché
» conclut Gaël Zucchi. Une réponse qui devrait passer par la création d’une start-up
dont l’équipe serait actuellement en cours de constitution par les porteurs
scientifiques du projet.
* NACRE (Nanotechnologies pour des Cités Respectueuses de l’Environnement)
est une équipe de recherche commune entre le CNRS, l’Ecole Polytechnique,
l’IFSTTAR et les MINES ParisTech.