Avec l’installation de deux nouvelles stations en amont de Paris, et l’intégration de technologies de mesure innovantes, l’observatoire MeSeine du SIAAP poursuit son évolution, afin de rendre encore plus performant son suivi de la qualité des eaux de la Seine et de la Marne.
À Alfortville et à Saint-Maurice, dans le Val-de-Marne, deux nouvelles stations de mesure voient le jour sur la Seine et la Marne au sein de l’observatoire de la rivière MeSeine. Ce réseau de mesures a été créé en 1990 par le SIAAP, le Syndicat Interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne. Il assure un suivi de l’impact de la ville sur les rivières franciliennes. Pour cela, la qualité de l’eau est scrutée sur 125 km de Seine et 13 km de Marne. Avec ces deux nouveaux sites, l’observatoire dispose désormais de neuf stations mesurant à haute fréquence jusqu’à onze paramètres tels que les concentrations en oxygène, en carbone, en azote ou encore en phosphore. « Certaines mesures sont transmises en temps réel sur un écran de contrôle, sur lequel nous visualisons tout le linéaire de Seine et de Marne observé », explique Sabrina Guérin, directrice innovation du SIAAP. Ce sont 37 sondes qui sont installées sur le réseau et collectent près de 1,8 million de données chaque année. Des prélèvements sont également réalisés sur 12 sites sur la Seine et ses affluents pour un suivi physico-chimique, bactériologique ainsi que des mesures en micropolluants avec près de 15 000 analyses réalisées chaque année. Enfin, de manière historique, les populations piscicoles sont suivies annuellement sur 14 points en collaboration avec l’Office Français pour la Biodiversité (OFB).
Avec ces nouvelles stations, MeSeine renforce son suivi en amont de l’agglomération parisienne et le densifie. Et cette extension devrait se poursuivre. « Nous envisageons de densifier également l’aval de l’agglomération parisienne avec l’installation, d’ici 2025, d’une nouvelle station à Poses dans l’Eure, soit près de 180 km depuis la sortie de Paris », précise Sabrina Guérin. À terme, l’observatoire couvrira un périmètre de surveillance de près de 210 km de linéaire de rivières.
Avec Alfortville et Saint-Maurice, l'observatoire MeSeine dispose d'un réseau de 9 stations d'amont en aval de l'agglomération parisienne. D'ici 2025, une nouvelle station verra le jour à Poses. / Crédit : SIAAP
Un observatoire en perpétuelle évolution
Fort de plus de 30 années de suivi, l’observatoire est le témoin quotidien de l’amélioration continue de la qualité de la Seine et la Marne. « On compte, par exemple, 36 espèces de poissons aujourd’hui dans la Seine contre seulement 3 dans les années 1970 », poursuit Sabrina Guérin. A ses débuts, l’observatoire MeSeine suivait uniquement le niveau d’oxygénation du fleuve en quelques points. Ses technologies ont fortement évolué pour répondre aux demandes opérationnelles et suivre successivement le carbone, l’azote puis le phosphore mais également pour répondre aux demandes réglementaires et aux attentes sociétales.
Pour être toujours plus performant en matière de métrologie, MeSeine s’inscrit dans la démarche inneauvation portée par le SIAAP. Avec l’aide de ses partenaires scientifiques, le syndicat coordonne plusieurs programmes de recherche visant à faire émerger des outils innovants pour mieux caractériser et anticiper la qualité des rivières franciliennes. Le programme MeSeine innovation, lancé il y a bientôt 5 ans, est étroitement connecté à l’observatoire. Il reçoit les données générées par le réseau de mesure pour nourrir ses actions de recherche. En retour, l’observatoire bénéficie des avancées scientifiques du programme à travers le déploiement de méthodes d’observation innovantes en test ou en routine.
L’ADN environnemental a ainsi été intégré pour compléter les suivis piscicoles. Grâce à cette pratique innovante, testée au sein du programme de recherche, les espèces présentes dans la rivière sont recensées à partir des traces d’ADN qu’elles laissent dans l’eau. Un simple prélèvement d’eau étant nécessaire, cette technique est simple à mettre en œuvre et moins invasive que la pêche électrique traditionnellement utilisée.
Suivre la qualité bactériologique en rivière est devenu un réel enjeu avec le développement des activités récréatives en rivières, dans le prolongement de l’organisation des Jeux Olympiques et paralympiques de Paris 2024. C’est pourquoi, l’observatoire teste un dispositif visant à estimer, en temps réel, la qualité bactériologique de l’eau à partir de la mesure de la matière organique. Pour cela, la sonde Fluocopée®- déjà utilisée en usine d’épuration (ndlr) – a été installée sur plusieurs stations de l’observatoire. Son objectif : estimer la concentration en bactéries indicatrices fécales (BIF) en quelques minutes contre 48 à 72 heures par méthodes normées.
Enfin, l’observatoire expérimente également des technologies plus prospectives comme l’image satellitaire. Concrètement, il s’agit de traiter des images du fleuve prises par satellite pour les mettre en corrélation avec certains paramètres de qualité comme la matière organique ou l’azote. Une preuve de concept a été lancée pour les matières en suspension (MES) avec des retombées opérationnelles concluantes. L’ambition est de disposer d’une cartographie spatio-temporelle de la qualité de l’eau le long du linéaire de Seine et d’en identifier les sources. Une thèse débutera cette année au sein de MeSeine Innovation.
Une connexion à l’échelle de la Seine pour une gestion intégrée
Avec ses 34 années d’existence, l’observatoire MeSeine est à la fois un socle de référence de données de qualité des rivières franciliennes et un outil de pointe pour le développement de technologies de surveillance en lien avec les enjeux de préservation du milieu naturel. Mais c’est également un outil de connexion entre les acteurs impliqués dans la gestion de l’eau à l’échelle du bassin versant. Vincent Rocher, directeur délégué à l’innovation la stratégie et l’environnement du SIAAP souligne la volonté de maintenir des liens forts entre les réseaux de surveillance existants sur la Seine pour assurer un suivi continu et cohérent à l’échelle du fleuve : « En amont de l’agglomération parisienne, le SIAAP a signé un partenariat de recherche avec l’organisme public Seine Grands Lacs qui contrôle les lacs réservoirs en amont de Paris pour travailler à une gestion intégrée du fleuve. En aval, nous collaborons depuis maintenant près de 5 ans avec le réseau Synapses du GIP Seine-Aval, qui suit la qualité du fleuve jusqu’à son embouchure, avec la volonté de partager l’expertise que ce soit en termes de métrologie ou de biogéochimie ».
MeSeine en chiffres clés :
- 125 km de Seine et 13 km de Marne
- 9 stations de mesure multiparamètres et 12 sites de prélèvement
- 37 sondes haute fréquence
- 1,8 million de données enregistrées par an
- 15 000 analyses par an
Pour en savoir plus : « Regard sur…le Bilan MeSeine 2023 »