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Actualités internationales

L?eau, au centre des conclusions du GIEC

30 avril 2007 Paru dans le N°301 ( mots)

Trop ou pas assez d'eau. Le groupe de travail II du GIEC a dépeint un tableau alarmant des conséquences prévisibles du réchauffement climatique si aucune action n?était engagée pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Une augmentation de 2 à 3 degrés par rapport à 1990 entrainera sécheresses, inondations, pénuries d'eau potable qui toucheront à brève échéance 3,2 milliards d'hommes.

C?est un résumé de 21 pages qui synthétise un document de plus de 1572 pages. Sans doute le document le plus explicite jamais présenté aux gouvernements sur les conséquences prévisibles du réchauffement climatique causé par l'homme. Rédigé par le GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernnemental sur l'Evolution du Climat) il a été détaillé à l'issue d'une réunion qui a rassemblé du 2 au 6 avril dernier quelque 285 délégués originaires de 120 pays, d'une cinquantaine de scientifiques et de plusieurs dizaines d'observateurs d'organisations non gouvernementales. Il s'agit du deuxième rapport publié par le GIEC cette année. Le premier, présenté en février à Paris, avait conclu avec quasi certitude que le réchauffement était provoqué par l'activité humaine. Le second en détaille les impacts. Chaque mot de ce document a été approuvé et agréé par les scientifiques qui l'ont rédigé. Bien qu'affaibli par le retrait de certains éléments jugés trop alarmistes, notamment certains tableaux établissant le lien direct entre l'utilisation d'énergie fossile et le réchauffement climatique, il ne laisse planer aucun doute sur ce qui nous attend à l'horizon 2080. 3,2 milliards d'hommes exposés à de graves pénuries d'eau Que dit ce document ? D'ici 2080, estiment les experts, « jusqu'à 3,2 milliards d'humains seront exposés à de graves pénuries d'eau et 600 millions à la faim en raison des sécheresses, de la dégradation et de la salinisation des sols ». Chaque année, deux à sept millions de personnes supplémentaires pourraient subir des inondations, notamment sur les côtes où la pression démographique s'accentue et dans les grands deltas d'Afrique de l'Ouest, d'Asie ou du Mississippi, aux Etats-Unis. Toutes les formes de vie sur terre seront affectées. « De 20 à 30 % des espèces végétales et animales connaîtront un risque croissant d'extinction si les augmentations de la température mondiale dépassent 1,5 à 2,5°C par rapport à 1990 », indique le rapport. Par continent et par secteur d'activité, le Giec dessine des perspectives alarmantes. A l'échelon de la planète, à la fin du siècle, la disponibilité en eau douce augmentera de 10 à 40% à haute latitude et dans certains régions tropicales humides, mais elle se réduira de 10 à 30% dans certaines régions sèches des tropiques et à latitude moyenne. Tous les continents seront touchés. L?Afrique, décrit comme le « le continent le plus vulnérable » sera le plus gravement affecté. D'ici à 2020, de 75 à 250 millions de personnes seront exposées à des difficultés d'alimentation en eau. La production agricole sera gravement touchée dans de nombreux pays : dans certains pays, les récoltes de l'agriculture pluviale pourraient diminuer de 50 %. Les surfaces disponibles pour l'agriculture vont diminuer aux abords des zones arides et semi-arides. En Asie, l'approvisionnement en eau potable pourrait reculer pour affecter directement plus d'un milliard de personnes d'ici à 2050. Un nombre considérable de personnes seront en danger du fait de la montée des eaux, des marées, des tempêtes et des crues dans les régions deltaïques comme celle du Gange-Bhramaputre (Bangladesh) et du Zhujiang (Pearl River). En Europe, « presque toutes les régions seront négativement affectées ». Inondations, érosions, écosystèmes dépassés, fonte des glaciers et disparition de 60% des espèces d'ici à 2080. Dans le nord de l'Europe, des bénéfices initiaux (baisse du chauffage, hausse des récoltes) seront rapidement suivis d'impacts négatifs lorsque la température continuera. Les Alpes, qui se réchauffent déjà plus vite que le reste de l'Europe de l'ouest, pourraient perdre un tiers de leurs stations de ski avec une hausse globale de 2°C et les deux-tiers au-delà des +4°C. Le sud de l'Europe gravement touché Le sud de l'Europe sera plus gravement touché : les hautes températures et les sécheresses vont réduire l'approvisionnement en eau et le potentiel hydroélectrique, affecter le tourisme et la productivité des cultures. Une augmentation des risques sanitaires en raison des vagues de chaleur dans les villes et des incendies de forêts est à prévoir. En Amérique du Nord, les rendements agricoles augmenteront de 5 à 20% dans les prochaines décennies, mais la situation sera variable d'une région à l'autre. La fonte des glaciers, les inondations, la montée des océans, les feux de forêts affecteront l'une ou l'autre zone de ce continent. En Amérique du sud, sous l'effet des sécheresses à venir, la salinisation et la désertification des terres agricoles menacent la sécurité alimentaire du continent. D'ici 2050, la moitié des terres agricoles pourraient être concernées. « Nous devons absolument comprendre ce que le changement du climat signifie pour nous dans nos propres vies et comment cela va affecter les systèmes naturels et sociaux » a souligné le climatologue indien Rajendra Pachauri, président du GIEC. Le rapport du GIEC sera présenté au sommet du G8 organisé en juin en Allemagne. L'Union européenne, espère qu'il incitera les Etats-Unis et l'Australie - deux pays refusant toujours de signer le Protocole de Kyoto - à se fixer des objectifs contraignants en matière d'émissions de CO2. Mais ces pays ne sont évidemment pas seuls en cause. Malgré le fait que l'Union européenne se soit engagée à réduire d'au moins 20% ses émissions de carbone d'ici 2020, les résultats provisoires pour 2006 affichent une augmentation des émissions de CO2 dans les pays européens qui participent au marché carbone. Le scénario noir décrit par le GIEC parait donc inévitable. Car selon de nombreux spécialistes, les conséquences du réchauffement climatique imputable à l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre sont telles qu'il faudrait attendre plusieurs décennies avant qu'une réduction de ces émissions ait un quelconque effet.